A voir ce soir, sur France 3 « Appaloosa ». Le comédien Ed Harris y convoque toute la mythologie du Far West et signe un western majuscule dans la plus pure tradition du genre.

Il y a deux nouveaux shérifs en ville ! Virgil Cole et Everett Hitch sont engagés par les notables d’une petite cité minière du Nouveau-Mexique pour rétablir l’ordre et se débarrasser d’un hors-la-loi, Randall, qui fait régner la terreur avec sa bande de soudards. Bienvenue dans Appaloosa, western old school dont le classicisme, fidèle aux canons du genre, est fièrement revendiqué. Du déjà-vu, donc ? Oui, et la madeleine nous régale. Et non, car, le plus souvent, le justicier la joue solo. Cette fois-ci, ils sont deux, ce qui décuple le plaisir, tant Ed Harris, devant et derrière la caméra, et Viggo Mortensen, ont fait, depuis des années, une belle razzia sur le charisme dispo à Hollywood. Niveau magnétisme, ces deux-là, qui se sont rencontrés sur le tournage de History of Violence, de David Cronenberg, tutoient l’insolence.

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Entre eux (ils ne sont guère bavards à la ville aussi), il y a comme une évidence, une alchimie humaine et artistique, qui sert admirablement celle de leurs personnages, sévèrement burinés et pas franchement experts dans l’art de la causerie, mais certifiés pour faire parler la poudre. « J’ai lu le roman de Robert Parker, dont est tiré le film, pendant l’été 2005, lors de randonnées à cheval en famille dans le Connemara. J’ai tout de suite été attiré par la relation entre les deux héros, leur interdépendance« , explique Harris, qui signe ici sa deuxième réalisation, huit ans après Pollock, biopic apprécié du célèbre peintre. Hitch et Cole se complètent. Chacun protégeant les arrières de l’autre : le croque-mort va crouler sous l’ouvrage ! C’est du côté de chez John Ford et Howard Hawks que Ed Harris, longtemps cantonné aux seconds rôles marquants (L’Étoffe des héros, Apollo 13…), puise son inspiration. Le Far West à la sauce spaghetti, non merci ! Harris, lui, ne s’éternise pas sur les duels au soleil : il expédie la figure imposée à la va-vite, avec une belle dose d’humour. Au coup d’éclat, il préfère la vérité : « Plus que le côté western du roman, c’est l’humour, puis le respect mutuel entre les deux shérifs et leur relation tout en non-dits, qui m’ont intéressé », avance-t-il. 

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Pour partager cette aventure humaine, il ne voyait personne d’autre que l’ami Viggo. Nul besoin pour l’acteur d’apprendre à monter à cheval, Mortensen est aussi un cavalier émérite : « Je me suis plongé dans les photos et les dessins de l’époque », précise juste le comédien, qui est aussi un photographe de talent. Histoire de peaufiner l’identité visuelle de son personnage, « un ancien de West Point, vétéran des guerres indiennes« . L’oeil est précis, à l’image de son jeu. Pour accompagner ce tandem viril, mais pas bourrin, Harris a fait appel à Renée Zellweger. Avec gourmandise, l’actrice s’impose en fleur de saloon aussi mystérieuse (vénéneuse ?) que séductrice (nymphomane ?). L’archétype de la belle du cow-boy, ascendant potiche, n’est pas au programme. Elle est même l’avenir du sombre héros. Sans divulgacher l’épilogue, l’on comprend vite qu’un autre couple va se former. La légende de l’Ouest est éternelle : solitaire dans le soleil couchant, la fine gâchette sera toujours un poor lonesome cowboy. Quand la mythologie est belle, pourquoi en changer ? 

Appaloosa est à suivre jeudi 28 janvier à 21h05 sur France 3

Julien Barcilon 

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