La comédienne Anne Consigny signe son premier documentaire, un film intimiste et touchant sur une rencontre avec une mère et sa fille, originaires d’Arménie. « Je prends ta peine » est projeté tous les lundis au Saint André des Arts. Notre entretien.
On connait Anne Consigny, l’actrice, pour Alain Resnais (Les Herbes folles), Arnaud Desplechin (Un Conte de Noël), Stéphane Brizé (Je ne suis pas là pour être aimé), Paul Verhoeven (Elle), sans oublier des comédies populaires comme Bambou ou La Deuxième étoile. Visage familier du petit écran également dans des téléfilms ou séries comme L’Etat de Grâce, Un avion sans elle, Les Revenants, Hippocrate…
On la découvre aujourd’hui réalisatrice, porteuse d’un film documentaire, Je prends ta peine, qu’elle montre, depuis fin octobre, toutes les semaines actuellement au cinéma Saint-André des Arts dans le 6ème arrondissement de Paris, avant de parcourir plusieurs villes françaises pour accompagner sans relâche ce premier film dont elle est la réalisatrice.
Ce film, Je prends ta peine, est né d’une rencontre inattendue, comme Anne Consigny l’explique en préambule de son film qui prend la forme d’un carnet intime, mêlant ses impressions, le quotidien d’une actrice, avant de se centrer sur cette rencontre déterminante pour elle, qui va chambouler sa vie.
L’histoire : Susanna débarque d’Arménie à Paris avec sa fille Narine, 26 ans, pour tenter de la soigner d’un cancer violent. Anne les reçoit. Narine survivra 5 mois. Susanna et Anne ne partagent ni la langue, ni la culture ; elles deviendront pourtant comme sœurs. En Arménien » Ça va » se dit » Tsavet tanem « , littéralement » Je prends ta peine « .
AlloCiné : Quel est le point de départ de ce projet ? Est-ce cette rencontre qui en a été le déclencheur ? Ou y avait-il au fond déjà une envie de réaliser ?
Anne Consigny, réalisatrice : C’est elle. Les scènes pendant lesquelles je me raconte sont nées pendant le montage. La monteuse (Dominique Barbier) m’a conseillé de mettre ses scènes pour pouvoir équilibrer le fait qu’on parle d’une rencontre. Je raconte ce que j’avais en tête, qui j’étais, quelles étaient mes préoccupations quand elle est arrivée, et pourquoi elle est arrivée. Elle, elle arrive avec ses préoccupations, son bagage à elle que je découvre avec vous.
Le début du film est comme un journal intime filmé. Je pourrais faire un film entièrement là-dessus, mais je ne le ferai pas car ça semblerait du nombrilisme. Mais c’est intéressant. Il y a Alain Cavalier qui est le filmeur, qui s’en approche beaucoup. Mais de la part d’une actrice, j’ai découvert en le faisant que c’était intéressant.
Comment avez-vous compris que vous aviez envie de filmer cette histoire ?
C’est la première fois que je les ai vues. J’ai à l’origine reçu un mail (sur un site de réservation de chambre) disant qu’une mère et sa fille arménienne qui ont besoin de venir passer un mois à Paris. Je pensais que c’était des touristes. Je ne savais pas que l’Arménie était si pauvre et qu’il y avait peu de touristes arméniens. C’est rare de recevoir des demandes d’un mois. Dès que je les ai vues, elles étaient tellement sublimes, une d’une beauté extérieure comme une star américaine, une aura incroyable, et l’autre, d’une beauté tellement intérieure. C’était une œuvre d’art de l’humanité que je voyais. J’avais envie de sortir des caméras tout de suite ! Mais j’ai toujours envie de filmer : ma drogue, c’est ça ! C’est un peu ce que dit Desplechin, c’est à travers la caméra qu’on sublime le réel. Je ne pouvais pas laisser lettre morte. J’avais l’impression que si elles étaient arrivées chez moi, c’était pour qu’il se passe quelque chose. J’aime mon film comme un enfant, comme mes fils.
> Je prends ta peine d’Anne Consigny, sorti le 30 octobre 2019, est éligible pour le César du documentaire.
>> Le film est projeté tous les lundis au Saint-André des Arts, en présence d’Anne Consigny, ce lundi 27 janvier, et tous les lundis en février. Plusieurs dates en région sont également prévues : à Sainte Foy-lès-Lyon (29/01/20 à 20h), à Décines, dans la banlieue de Lyon (31/01/2020), au Cinéparadis à Fontainebleau (7/2/2020), aux Rencontres 7ème Art Lausanne (6/03/20 à 20h), aux Vendanges du 7ème Art (Juillet 2020), en attendant des dates à l’Utopia Bordeaux, à Bandol, à l’ABC de Toulouse… Comme nous l’a indiqué Anne Consigny, si ce film vous intéresse mais n’est pas projeté près de chez vous, il est possible de faire la demande de l’organisation d’une projection directement auprès de votre cinéma.
La bande-annonce de Je prends ta peine d’Anne Consigny :
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