Dans ce film magistral, la star revient à son meilleur, dans le rôle d’un astronaute en quête de son père disparu aux confins de la galaxie…
« J’ai toujours voulu être astronaute. Sourire, donner le change. Je suis en représentation, les yeux tournés vers la sortie. Toujours vers la sortie« , dit, en voix off, Roy McBride, le héros de Ad Astra, premier film de science-fiction de James Gray. Affûté, concentré, ne comptant sur rien ni personne, il est le meilleur élément de l’agence Spacecom. Il a de qui tenir : son père, Clifford McBride (Tommy Lee Jones, toujours génial) est un pionnier de l’exploration spatiale, qui a disparu aux commandes d’une base scientifique. L’armée pense qu’il pourrait être toujours vivant et envoie Roy à sa recherche. Brad Pitt, qui l’incarne avec une sensibilité qu’on ne lui connaissait pas, est loin de regarder vers la sortie. Avec ce rôle d’antihéros solitaire, et au fond vulnérable, il livre l’une de ses meilleures interprétations depuis longtemps, d’autant qu’à 55 ans, il se révèle émouvant et bien plus craquant qu’à 30.
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Un retour attendu
Avant Ad Astra, on a vu Brad Pitt dans Twelve Years a Slave (2013) et The Big Short (2015), mais il avait un peu disparu, happé par sa vie personnelle, son divorce médiatique d’avec Angelina Jolie, à l’écart des caméras. Dernière apparition en date ? War Machine, en 2017, sur Netflix. D’ailleurs, au gré de ses interviews, Brad confie volontiers qu’il refuse, la plupart du temps, les rôles qu’on lui propose.
Mais, cette fois, séduit par le personnage et ce projet ambitieux de mêler réflexion et action, il a tenu à coproduire le film de son ami James Gray. « Il m’a apporté son soutien et le poids de sa célébrité pour monter mon film, et le protéger, aussi, explique le cinéaste. Je le connais depuis longtemps et je crois qu’il était prêt à endosser ce rôle très intériorisé où il faut dévoiler sa fragilité. »
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Voyage intérieur
Et comme souvent chez le réalisateur de La nuit nous appartient, il y est question d’une relation entre un fils et son père. « Avec James, nous avons beaucoup échangé sur la paternité, sur la masculinité, sur ce qu’il en coûte d’être un homme, de ne pouvoir se montrer vulnérable, de renier ses souffrances », confie l’acteur. À travers ce héros troublant et très attachant, James Gray interroge aussi la solitude de l’humanité dans le cosmos et l’absurdité de la conquête spatiale. Après tout, l’intelligence de nos vies ne vaut-elle pas mieux que l’exploration sans limites de l’espace ? Très cérébral, mais jamais pesant, Ad Astra dit surtout que les plus beaux voyages sont intérieurs. Mais il n’en est pas moins un film d’action, avec une chute vertigineuse à couper le souffle, des poursuites en module lunaire, des fusillades en capsule spatiale… Et des paysages interstellaires grandioses accompagnent l’odyssée du major McBride jusqu’à ce père écrasant, qu’il faudra tuer, symboliquement ou non. Et jouer un astronaute, c’était comment ? « On se sent un peu comme Peter Pan, à sauter de fils en câbles, à feindre l’absence de gravité, tout en restant dans l’émotion. » Même en combinaison, Brad assure, vers l’infini et au-delà !
Ad Astra : vendredi 22 mai à 21h00 sur Canal+
Isabelle Magnier
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