- Le cinéma La Baleine à Marseille participait, avec une vingtaine d’autres lieux en France, à l’opération #Ouvrezlescinémas !
- L’inquiétude est forte sur l’avenir de la diffusion des films plus confidentiels. «Plus on tarde à rouvrir, plus cela va être difficile pour les plus fragiles», dit un réalisateur.
« Nous, on aime bien les places derrière ! ». Après des mois d’abstinence forcée, les habitudes semblent vite reprendre le dessus ce dimanche, pour cette séance spéciale à La Baleine. Ce cinéma indépendant du cours Ju à
Marseille participe, comme une vingtaine d’autres en France, à
l’opération nationale #Ouvrezlescinémas. Son directeur Thomas Ordonneau, à la tête de la société de productions Shellac, joue les ouvreurs. Pas question de vérifier les billets – les places sont gratuites – mais de rythmer les entrées et de rappeler les règles du protocole sanitaire : du gel avant d’entrer dans la salle, un siège libre entre chaque groupe de spectateurs, et bien sûr port du masque obligatoire.
« On était à la dernière séance avant le confinement, voir Garçon chiffon aux Variétés, on est là aujourd’hui pour participer à une dynamique, à une action de sensibilisation, » sourit Chantal, 69 ans, avant de prendre place, ravie, dans la salle. Elle est venue avec un ami, qui est abonné à la newsletter de La Baleine, et a réussi à décrocher le précieux sésame. La trentaine de places ouvertes à la réservation sont vite parties après l’annonce de cette séance spéciale du film de Régis Sauder, J’ai aimé vivre là, qui part sur les traces de
la romancière Annie Ernaux à Cergy.
Un « combat collectif » pour les lieux de culture
« C’était important d’être là, enchaîne le réalisateur venu en voisin. Ce n’est pas un combat corporatiste, c’est un combat collectif pour l’ouverture des lieux de culture, qui vient en écho de ce qui se passe avec les occupations dans les théâtres. » « Plus on attend pour la réouverture des salles, plus cela va être difficile pour les plus fragiles de montrer leurs films, ce sera toujours les mêmes cinq têtes d’affiche qu’on verra », ajoute-t-il.
À ses côtés, Thomas Ordonneau prédit que de gros distributeurs vont venir voir des petites salles comme La Baleine. Il fait le décompte : avec 15 films qui sortent chaque semaine en moyenne sur le circuit indépendant, ce sont plus de 400 films qui attendent d’être découverts par un public. Un embouteillage qui risque d’avoir des répercussions en cascade sur le nombre de productions à venir.
244 jours d’arrêt
Ce week-end, cela a fait un an que toutes les salles de cinéma ont fermé leurs portes pour la première fois, cumulant 244 jours d’arrêt depuis. « Cela commence à faire long, et cela se fait sans dialogue avec le ministère de la culture », lance Thomas Ordonneau aux spectateurs ayant répondu présents pour l’opération #Ouvrezlescinémas. Pas question d’occuper les lieux sur la durée, juste de manifester une colère et de montrer que le « public comme les salles peuvent être très disciplinés. »
« Ma femme est enseignante, elle passe ses journées dans une classe avec 40 gamins, mais elle ne peut pas les emmener au cinéma, il n’y a pas de cohérence épidémiologique, il y a juste une question de choix », regrette Régis Sauder. En arrière-plan, des grappes de gens de tous âges profitent de ce dimanche ensoleillé sur la place du cours Ju. Pas besoin de montage, pour que ces deux images successives parlent d’elles-mêmes.
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