Pandémie, confinement actuel et déconfinement à venir font peser une incertitude sur la tenue des gros festivals de musiques actuelles cet été, des Vieilles Charrues en juillet à Rock en Seine fin août.
Les références du genre à l’étranger ont déjà donné le ton : Coachella, en Californie, est reporté en octobre, The Great Escape et Glastonbury n’auront pas lieu en 2020 au Royaume-Uni, tandis que Primavera Sound à Barcelone s’est replié fin août.
Quid de We Love Green, Hellfest, Eurockéennes, Francofolies, Vieilles Charrues ou Lollapalooza ?
Quid des grands rendez-vous de l’été en France que sont We Love Green, Hellfest en juin, Eurockéennes, Francofolies, Vieilles Charrues, Main Square, ou Lollapalooza en juillet, voire même Rock en Seine, fin août-début septembre ?
« C’est hautement incertain », expose à l’AFP Arnaud Meersseman, à la tête de AEG Presents France, qui a dans son portefeuille Rock en Seine. « Est-ce qu’on aura l’accord des autorités pour des grands rassemblements en plein air en juillet et au-delà ? Je ne parle pas de ceux de début juin, qui paraissent inenvisageables, analyse-t-il. Ensuite, la crise économique nous pend au nez : les gens vont-ils dépenser 80 à 100 euros pour un festival? »
« Et puis il y a les artistes américains, qui construisent leur tournée européenne en bloc de six semaines : vont-ils venir alors que leur nombre de dates s’est déjà réduit avec les premières annulations ? Sans nos têtes d’affiches, la situation devient intenable », poursuit M. Meersseman.
« Mieux vaut dire vite s’il faut annuler »
Le dirigeant d’AEG Presents France demande une « clarification » des pouvoirs publics pour une meilleure « visibilité ». « Mieux vaut dire vite s’il faut annuler pour éviter une catastrophe », développe auprès de l’AFP Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues. « Avec un décret ou un arrêté, on rentre dans le régime de force majeure, les contrats deviennent nuls et non avenus, chacun reprend ses billes et ça permet de ne pas engager de frais », détaille M. Meersseman. Ce cadre éviterait de se tourner vers les assureurs avec qui les « discussions sont longues et complexes », notamment autour de l’interprétation du facteur pandémie. M. Tréhorel parle lui de « bras de fer » avec les assureurs en perspective.
Le ministre de la Culture a créé une cellule d’accompagnement des festivals 2020 pour « adapter les réponses de l’Etat » entre ceux qui « souhaitent déjà pouvoir annuler leur édition 2020 » et d’autres qui « souhaitent attendre l’évolution de la situation ». C’est le cas des Nuits de Fourvière qui espèrent être en « mesure d’ouvrir », même « à une date différée, même avec un programme modifié ».
Au sujet des Vieilles Charrues, M. Tréhorel a lui « du mal à imaginer une autorisation pour un rendez-vous de plus de 70.000 personnes par jour alors que les questions autour du déconfinement se posent ». « Les grands rassemblements, festivals ou concerts, ont été les premiers à fermer, ils pourraient être les derniers à rouvrir à entendre les discours des pouvoirs publics », souligne-t-il.
Et de pointer un autre paramètre : « Un festival comme le notre fonctionne avec 250 secouristes, un hôpital de campagne, mais seront-ils disponibles à nos dates? »
Penser à l’après
Les Vieilles Charrues affichent déjà complet mais M. Tréhorel s’interroge: « Quelle sera la réaction des gens, ceux touchés personnellement ou dans leur entourage? Auront-ils envie de faire la fête ? Et les autres, qu’en sera-t-il si un vaccin n’a pas été trouvé ? » Les Vieilles Charrues reposent par ailleurs sur des partenaires et mécènes dont l’activité est actuellement à l’arrêt. « Sans eux, cette édition, même complète, serait déficitaire », insiste le directeur.
Si AEG a d’autres costumes – tourneur, producteur de spectacles… – Les Vieilles Charrues sont mono-activité, comme bien d’autres festivals. Pour pérenniser ce type d’évènement, M. Tréhorel compte sur les dispositifs de l’Etat en cas d’annulation « chômage partiel pour les emplois induits, prêts, aides exceptionnelles » et sur des dispositions « pour élargir les possibilités de mécénat ».
Pour lui, il y aura forcément un après : « il faudra songer à la manière dont on achète les groupes (surenchère entre festivals, ndlr), il faudra que tout le monde joue le jeu pour garder sa place et que le public ne trinque pas en payant davantage ».
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