Tryo, ce sont 25 ans de carrière parfois loin des radars des médias mainstream, mais ce sont surtout 250 concerts par an et un public qui partage, en chantant, leurs combats humanitaires et leurs luttes pour le climat. Tryo, ce sont quatre types qui n’avaient rien à faire ensemble et qui ont bâti le groupe underground le plus populaire de France.
Bertrand Dicale, habitué des biographies des mythiques auteurs et interprètes de la chanson française, Brassens, Gainsbourg ou Aznavour, s’attaque à la vie teintée d’indépendance et de liberté du groupe de « l’hymne de nos campagnes ».
Tryo, un groupe sous-estimé
Chants des possibles raconte l’aventure du groupe « le plus sous-estimé en France ». nous dit son auteur. Tryo et « son hymne des campagnes » parcourent la France de scène en scène depuis vingt cinq ans, de festival en festival. Bertrand Dicale nous dit pourquoi il a eu envie d’écrire sur ce groupe parfois sous-estimé : « Ce qui est saisissant avec Tryo, à sa création on croit que c’est une histoire de quelques festivals d’été, ou des types vont fumer des joints en jouant du reggae en pantacourt. On se rend compte 25 ans après qu’ils sont toujours là, et que tous les groupes qui ont démarré à la même époque sur le même créneau ont disparu. »
Une séparation comme teaser
La biographie du groupe commence par un coup de théâtre : une séparation surprenante pour qui ne connaît pas la vie intime du groupe. Le 28 avril 2021, Manu, membre fondateur de Tryo, quitte l’aventure. Un départ qui marque la fin d’un parcours agité. Le public connaît le « reggae acoustik », leurs engagements humanitaires et climatiques et les folles soirées live des festivals, mais grâce aux témoignages intimes des membres du groupes ou des proches, le lecteur découvre Tryo de l’interieur. Vingt cinq ans de musique et de vie.
Des débuts de MJC
Tout commence par ce que l’on nomme habituellement des échecs scolaires. Manu et Guizmo ne brillent pas au lycée mais rêvent de musique. Et Bertrand Dicale de raconter cette France des MJC et des associations qui se battent pour que les gamins, hors des sentiers battus, puissent oser la musique ou le théâtre. Pour Tryo et les 4 compères ce sera celle de Fresnes.
Au mitan des années 90, Tryo part sur la route. Christophe Mali ne croit pas au reggae il aime la chanson, le théâtre, mais Tryo inventera le reggae à la française. Et arpentera l’hexagone. « L’histoire de 4 types qui n’ont rien à voir entre eux, 4 types qui se rencontrent autour de quelques chansons, une petite tournée et qui se rendent compte que ce qu’ils font ensemble c’est mieux que séparément » raconte l’auteur. Et si la première et inaugurale tournée laisse un goût amer « plus jamais je ne repart avec ce connard.. plus jamais », dira Guizmo, l’aventure de s’arrêtera pas.
Chants des possibles est aussi le récit de l’industrie du disque des années 90 qui ne comprend rien à ce groupe. Tryo est indépendant et refuse les compromis. Leur public n’aime guère le marketing. Cette biographie est donc un portrait en creux de l’industrie musicale. Pas de concession avec la variété ou l’univers de la télévision, leur promo ce sont les concerts.
On suit ainsi le groupe tentant et réussissant à ne pas renier leurs valeurs tout en développant leur carrière.
Tryo, le reggae et les combats
Si Burning Spear, légende du reggae jamaïquain adoube le groupe alors qu’ils assurent sa première partie, le reggae de Tryo n’est en rien celui de la Jamaïque. Le diffèrent est moins musical que moral. « Tryo se rend compte que le rastafarisme est une idéologie volontiers réactionnaire, loin des idéaux du groupe. Nous sommes un groupe de chanson française qui s’exprime sur du reggae, nous ne sommes pas un groupe de reggae ». Car Tryo ne serait pas Tryo sans l’engagement. un engagement contre le réchauffement climatique et un combat humanitaire.
« Quand des mômes au collège ou au lycée e écoutent Tryo en se disant que le capitalisme c’est mal et que l’homme détruit la planète (…) c’est un groupe important pour l’éducation musicale, politique, pour la conscience, pour plusieurs générations. Comme une éducation citoyenne » constate l’auteur.
Si le groupe a vendu trois millions d’albums, ce succès n’ a pas changé profondemment les quatre musiciens. Leur biographe conclut par ses mots: « une histoire de liberté et de plaisir, de révolte et d’urgence, avec des mots qui combattent, rêvent ou consolent, des chansons qui disent qu’autre chose est possible » .
« Je me demande si Tryo n’est pas un groupe de la France silencieuse » s’interroge Dicale. Les mots de la fin… pour l’instant, car l’aventure Tryo n’est pas finie. Le groupe repartira bientôt sur la route, et il restera à écrire le tome 2 de ce voyage musical, les chants des possibles ne sont pas terminés.
« Chants des possibles » . Bertrand Dicale. GM Editions. 25 euros. 144 pages.
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