Alors que la plupart des media et une partie de l’opinion publique ne cessent de l’enterrer avant l’heure depuis des années, Renaud revient continuellement sur le devant de la scène. Comme pour prouver qu’il est bien toujours vivant, le chanteur énervant met un point d’honneur à poursuivre l’enregistrement de disques, sans se préoccuper des modes ou de l’avis de ses fans, parfois pas tendre avec lui. Peut-être pour se rassurer lui-même ? Se prouver qu’il en a encore sous le capot, et que ce ne sont ni les « journaleux » , ni les « pousse-mégots » qui lui feront mordre la poussière. C’est lui qui décidera quand s’arrêter, personne d‘autre.
Et puis celui qui aura 70 ans le 11 mai prochain et a toujours redouté le temps qui passe, veut sans doute aussi entendre encore et encore qu’il est toujours aimé, que son public lui reste fidèle. De ce côté-là, il n’a guère de souci à se faire. Même si les avis sont partagés, et que certains fans historiques estiment qu’il ferait mieux d’écrire pour d’autres artistes plutôt qu’interpréter des reprises, il y a fort à parier que son nouvel album Métèque qui sort ce vendredi 6 mai va une fois de plus faire un carton.
Un album de reprises
Renaud c’est d’abord une plume aiguisée, un sens de la formule, un malaxeur des mots. Mais pour ce retour après un peu plus de deux ans, le chanteur a préféré reprendre les artistes qu’il aime. Après avoir écrit et chanté sur l’enfance dans Les mômes et les enfants d’abord, le titi parisien s’est remémoré ce qu’il écoutait, enfant et adolescent.
« Je voulais rendre hommage à mes maîtres, ceux qui m’ont donné envie de chanter » explique l’auteur-compositeur interprète. « Et aux chansons qui ont bercé mon enfance, mon adolescence et un peu plus. Être un passeur qui transmet l’émotion venue d’un autre au plus grand nombre, en apportant un petit peu de soi, sans trahir. »
Renaud revisite ainsi entre autres Moustaki, Ferrat, Reggiani, Bourvil, Trenet, Aufray, Lapointe… et bien évidemment Brassens, son mentor à qui il avait déjà consacré un album de reprises en 1996. Si cela fait bientôt cinq décennies que notre titi-poulbot occupe le devant de la scène française avec ses propres compositions depuis son premier album sorti en 1975, il n’a jamais oublié de citer ses influences. En 1980, pour son tour de chant à Bobino, il reprenait tout un répertoire de chansons réalistes, et en 1993, dans la foulée du tournage de Germinal, il publiait un disque entier en chti’mi pour rappeler ses origines du nord par sa mère.
Des chansons qu’on croirait écrites pour lui
Le titre de l’album qui est aussi le morceau d’ouverture sied parfaitement au chanteur. On sent que Renaud s’approprie totalement les paroles de Métèque. En clin d’œil volontaire ou non, on croit entendre à la fin du dernier vers « nous vivrons à en rire » au lieu de « nous vivrons à en mourir ». Difficile de dire si c’est voulu, ou si c’est dû à une prononciation légèrement approximative.
Car il faut dire que la voix du chanteur n’est bien évidemment plus au niveau des années 70-80-90. Mais ça, on s’y est habitué depuis de nombreuses années. Et là, on se surprend à la trouver meilleure que sur les deux précédents opus. Le bénéfice d’être passé de quatre paquets de cigarettes par jour à un seul. Si bien que sa voix de gros fumeur, même si elle reste encore rauque et le souffle un peu court, a gagné en tessiture, et atteint les aigus plus facilement.
Déjà à l’époque, ce disque sonnait comme une résurrection inespérée. Vingt ans après, malgré les critiques, les déceptions, l’alcool, les ruptures, les décès familiaux, la perte d’inspiration, les prises de positions politiques parfois maladroites… Renaud est toujours là en 2022.
Et au-delà des sorties d’albums ou des rares prises de parole publiques, la personnalité de Renaud reste très présente dans le cœur des gens. En témoigne l’accueil réservé au livre Le retour de la suite paru récemment, et validé par l’artiste. Cet ouvrage du dessinateur Marc Large et la réalisatrice Johanna Turpeau devait être au départ un film qui n’a pas pu se tourner en raison de la crise sanitaire. Mais il vient de voir le jour sous forme écrite. Une fiction composée avec les personnages des chansons de Renaud, qui suscite un engouement grandissant.
En guise de pied de nez, le chanteur termine ironiquement son disque par Je suis mort qui, qui dit mieux de Jacques Higelin. Alors, mort Renaud ? C’est pas demain la veille.
Renaud – Métèque – Sortie le 6 mai (Parlophone)
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