Née à Brooklyn à la fin des années 60, Natalia M King ne se destinait pas particulièrement à la musique et encore moins au blues. Après des études de sociologie et d’histoire, elle part à l’aventure, d’abord en parcourant les Etats-Unis en stop, puis en traversant l’atlantique au gré de multiples petits boulots. Au début des années 2000, on peut l’entendre jouer dans le métro parisien, seule avec sa guitare. Refusant toute étiquette, elle cherche son propre style qu’on pourrait qualifier de musique « alternative », quelque part entre Jeff Buckley et Ornette Coleman.

Mais dix ans plus tard elle embrase le jazz avec les albums SoulBlazz en 2014 et Bluezzin T’il Dawn en 2016. Aujourd’hui, son nouvel opus Woman Mind of my Own, sorti en novembre chez Dixie Frog, offre un mélange de folk, de soul et de blues qui n’est pas sans évoquer Tracy Chapman ou Norah Jones.

Américaine mais citoyenne du monde

De son expérience mi-globe-trotter mi-beatnik qui l’a menée aussi bien sur un chalutier au large de l’Alaska qu’en Europe, Natalia M King en a tiré une ouverture sur le monde qui se ressent dans sa musique. Alors quoi de plus naturel que de partager le chant avec le néo-zélandais Grant Haua sur le titre (Lover) You Don’t Treat Me No Good. La chanteuse explique : « La distance entre moi qui enregistrait en France et Grant dans les eaux du Pacifique a été brisée par un socle commun, le blues. »

Et tant qu’à faire d’enregistrer à Paris, autant y croiser un autre américain exilé en France, Elliott Murphy. Le songwriter new-yorkais était le partenaire idéal tout trouvé pour interpréter en duo une chanson typique americana, Pink Houses de John Cougar Mellencamp.

« Avec Eliott, nous avons définitivement de fortes caractéristiques en commun » confirme Natalia M King. « Avant tout, l’amour de notre pays natal, les États-Unis, et l’amour de notre pays d’adoption, la France. Nous aimons Joe et Kamala [Biden – NDLR] et sommes heureux que la Maison Blanche ait changé de locataires… »

Ces deux chansons en duo sont des reprises auxquelles vient s’ajouter une troisième, One more try de George Michael. Interprété magnifiquement en simple guitare-voix, avec le guitariste-producteur-arrangeur Fabien Squillante, le morceau résonne de façon particulière pour Natalia : « George Michael a été une grande influence pour moi plus jeune. Pas seulement en tant que chanteur mais aussi en tant qu’icône ouvertement gay. J’ai ressenti sa fragilité et sa sensibilité, mais aussi sa force d’être et d’aimer »

Un coming out à portée universelle

Déjà le titre de l’album « un esprit de femme qui m’appartient » affiche une volonté nette de s’affirmer en tant que femme. Et plusieurs morceaux célèbrent l’amour avec un grand A, comme Sunset To Sunrise ou Play On. Mais le point d’orgue du disque est sans conteste Aka choosen où Natalia M King assume enfin publiquement sa bisexualité.

Quand on demande à Natalia M King si la chanson a été écrite d’un point de vue personnel, elle répond par la négative : « Le fait que je choisisse de vivre ma préférence sexuelle ouvertement et surtout différemment de la « norme » en fait un message de toute la communauté LGBT. Comme le disent les paroles de la chanson elle-même, je ne peux pas être une partie sans le tout, et vice versa ! Ma voix en tant que personne parle pour un million de visages et si la chanson devenait une chanson « phare » pour notre communauté, mais aussi pour la communauté de l’humanité, ce serait génial ! »

Une démarche qui s’inscrit réellement dans la lignée des grandes chanteuses folk, de Joan Baez à Tracy Chapman. Chanter pour les autres, porter des messages, soutenir des causes, témoigner de notre monde à travers sa musique. Natalia M King ne fait pas qu’écrire et composer des chansons, elle les vit.

Natalia M King – Woman Mind of my Own (Dixie Frog) – sorti le 5 novembre

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