Tous les amoureux de vinyle et de bon son ont rendez-vous samedi chez les disquaires indépendants pour le Disquaire Day. Cette fête est attendue comme une bouffée d’oxygène chez ces grands passeurs de musique, qui ont souffert eux aussi de la crise sanitaire. Pour célébrer ses 10 ans et redynamiser le secteur, le Disquaire Day organisé par le Calif (Club action des labels et des disquaires indépendants français) se déroule cette année en quatre volets : les 20 juin, 29 août, 26 septembre et 24 octobre.
Un bel album de reprises spécial Disquaire Day
Parmi les 150 références sorties pour l’occasion, à consulter sur le site du Disquaire Day, Etienne Daho livre Surf, une superbe collection de reprises. « C’est un disque magnifique, un concentré des influences d’Etienne Daho, de la musique californienne à l’électro« , dépeint Pascal Bussy, le directeur du Calif.
On y trouve notamment une reprise de Dennis Wilson, le batteur des Beach Boys (Falling in Love), une chanson empruntée à Air (The Way You Look Tonight), une autre aux Pet Shop Boys (You choose). Etienne Daho réarrange aussi Honeymoon de Phoenix, My Girl Has Gone de Smokey Robinson et Moon River, immortalisée par Audrey Hepburn dans le film Breakfast at Tiffany’s. Plus étonnant, le chanteur rend un bel hommage à une chanson de Pink Floyd écrite par Roger Waters pour l’album More (Cirrus Minor).
Pochettes cultes
Sur la pochette de Surf, Etienne Daho apparaît sous un ciel d’été. « C’est une photo de vacances prise dans la maison que je louais à Ibiza, c’est comme une invitation« , décrypte l’intéressé.
Interrogé sur ses pochettes cultes, Etienne Daho cite « le premier album du Velvet Underground » dans ces éditions devenues introuvables où la banane sur la couverture, en autocollant, pouvait se peler. « C’est une idée extraordinaire, une pochette où il se passe quelque chose, avec un fruit d’une banalité folle qui devient oeuvre d’art« . Et il mentionne « la pochette de Chelsea Girl où Nico est d’une telle beauté, statuesque, je l’avais à côté de mon lit« . Quelques temps après, il rencontra la chanteuse à Rennes, en travaillant sur son concert grâce à un ami… disquaire.
La musique, en confinement, ce fut un refuge ?
Etienne Daho : La musique, c’est la base de ma vie. En confinement, j’ai eu plus de temps pour écouter, tranquillement, sans avoir besoin de faire autre chose. Une écoute active. D’habitude, je suis tout le temps en studio, pas chez moi. Là, c’était un luxe de sauter du train en marche sans culpabilité puisque tout le monde s’est arrêté. J’ai écouté, entre autres, le dernier Allah-Las, qui a une vibration estivale. Il faisait très beau, c’était lunaire, j’ouvrais les fenêtres, j’avais impression d’être en août, dans un Paris déserté, comme dans un film d’anticipation. J’ai environ 2 000 disques, ce qui n’est pas beaucoup, vu mon âge et que j’ai commencé à en acheter à 12-13 ans (rires). Quand un disque n’est pas pour moi, je le donne. Je ne suis pas un collectionneur, mais un « complétiste ». Quand j’aime un artiste, j’ai besoin de tout avoir. Pour voir comment ça se déplie, comment l’artiste fait son parcours. Marianne Faithfull, par exemple, j’ai tout.
L’idée du Disquaire Day, c’est quoi ?
L’idée est de se faire plaisir, pour soi, pour soutenir les disquaires, accompagner la culture. Avec du beau. Quoi de plus sexy qu’un vinyle ?
Quel fut le disquaire de votre jeunesse ?
Disc 2000 à Rennes, d’Hervé Bordier. C’était la caverne d’Ali Baba, avec beaucoup d’imports américains, très durs à avoir. Je mettais des arrhes toutes les semaines pour avoir ces trophées 3-4 mois après. J’ai découvert le Velvet Underground, Syd Barrett. Ce sont des artistes que j’écoutais en perfusion. On vivait avec très peu de disques. Hervé avait cette boutique et avait monté une espèce de boîte de concerts, Terrapin, comme la chanson de Syd Barrett, tout se recoupe (rires). J’avais appris qu’il organisait un concert de Nico, dont j’étais fan. Je collais les affiches dans tous les bars, ce qui ne me gênait pas (rires), sauf que je les collais de plus en plus de travers au fil de la journée (rires). Et puis c’est comme ça que j’ai rencontré Nico.
Pour le Disquaire Day, vous livrez « Surf », bel album de reprises…
On l’avait commencé en 2004. Surf, c’est aller dans tous les sens, en toute liberté. Mais la maison de disque de l’époque n’était pas franchement passionnée. Leur abandon fut un genre de trahison. J’en avais marre d’eux et eux de moi (rires). Surf n’a donc pas vu le jour. Pour le Disquaire Day, on a essayé de recréer ce qu’aurait du être Surf. Ce confinement a été bénéfique, il m’a fait fouiller dans mes disques durs de l’époque. Ce n’est pas un album tampon, pas un bouche trou. Sortir Surf aujourd’hui est une belle émotion, une belle surprise.
Quelle est l’histoire derrière le magnifique titre Glad to be unhappy ?
Je connaissais la version de Billie Holiday. Je travaillais avec un arrangeur, David Whitaker, qui nous a quitté depuis. Il avait voulu me faire un cadeau avec les arrangements de cordes d’une session en studio à Abbey Road, moi chantant devant un orchestre de 45 personnes. En anglais, gros coup de stress (rires). Il voulait m’offrir cette expérience. Ce fut fantastique.
Vous venez de travailler sur le dernier album de Jane Birkin ?
On a produit avec Jean-Louis Piérot (ex-Valentins), on a fait la musique et Jane le texte. Ca va être un album incroyable, ça parait plein de forfanterie de dire ça (rires). Mais on peut avoir du recul (rires). C’est prévu pour novembre.
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