Bob Geldof, le fondateur du Band Aid, ressuscite son groupe rock originel, The Boomtown Rats, pour faire du « bruit » dans ce « chaos » qu’il décrit entre technologies asservissantes et autocraties.

Le quartet irlandais formé avec Pete Briquette, Garry Roberts et Simon Crowe, muet depuis un dernier album il y a 36 ans, livre « Citizens Of Boomtown » (BMG) ce vendredi 13 mars. Un opus escorté d’un documentaire éponyme sur l’histoire du groupe – où témoignent des fans comme Bono, Sting et Sinead O’Connor – et un recueil de paroles et d’essais de son leader (« Tales Of Boomtown Glory »).

L’époque est au retour des guitares et d’autres gangs irlandais se font entendre, comme les Fontaines D.C. ou The Murder Capital. Bob Geldof (68 ans) est juste trois fois plus âgé que ces héritiers. « Je ne vais pas sauter partout sur scène, je ne peux plus le faire mais Bobby Boomtown voulait sortir de son cercueil (rires) », confie-t-il à l’AFP. « Bobby Boomtown », c’est la face écorchée du fondateur du Band Aid, assemblage de stars à but caritatif né dans les années 1980. Ce double crache toujours son « venin », comme il le dit, dans ses textes ou ses interviews.

« Politique infantilisante » 

Quand, sur scène, il entonne aujourd’hui « Someone’s Looking At You » (titre des Boomtown Rats de 1979), l’écho est contemporain. « A l’origine, je ne parlais pas de Big Brother mais quand je la chante maintenant oui ». « Amazon, Facebook, Apple sont des monopolistes et le produit c’est vous, s’emporte-t-il. Ils contrôlent vos goûts, vous êtes packagés dans vos choix ».

Les Boomtown Rats se sont reformés, au départ, à l’invitation du Festival de l’Île de Wight. Mais pas question de nostalgie : « Il n’y a pas de rétroviseur dans cette voiture », lance-t-il. Ils ont donc signé de nouveaux titres pour chanter le « blues du moment », dans un monde où « la politique est infantilisante, dans un moment de chaos et je ne parle ici pas du coronavirus ». « On est revenu au modèle de l’homme fort qui guide les autres, l’autocratie mais Donald Trump est un idiot vulgaire ».

Mais d’où vient cette colère toujours intacte ? Il en revient toujours à son enfance difficile, entre une mère qui meurt quand il a « 7 ou 8 ans » et un père qui s’absente pour travailler du « lundi au vendredi ». « Il n’y a donc personne à la maison, on n’a pas d’argent, pas de télé ou de réfrigérateur ». Mais il y a les livres empruntés à la bibliothèque et la radio qui inocule du rock’n’roll. 

« Maîtres pop » 

« Comment ne pas apprendre de Ray (Davies, The Kinks), Paul et John (McCartney, Lennon, The Beatles), de Mick et Keith (Jagger et Richards, The Rolling Stones) et Pete et Roger (Townshend, Daltrey, The Who)?« .

Il a rapidement mis en pratique les enseignements de ces « maîtres pop » comme il les appelle, refusant de nouer correctement sa cravate d’uniforme scolaire – ce qui lui vaut des châtiments physiques de ses professeurs d’alors. A 13 ans, il organise « avec des amis » une manifestation contre l’apartheid et à 15 ans rejoint les bénévoles qui s’occupent des défavorisés de son quartier. « La seule option qu’on avait, c’était de monter un groupe, faire du bruit, pour essayer de changer nos vies et essayer de faire bouger les choses autour de nous. Le succès venant, Band Aid est parti de cette idée là ».

Rejouer avec les Boomtown Rats est une « grande catharsis », dont il sort « épuisé mais complètement satisfait ». Mais pas tout à fait calmé. Le Brexit a été entériné par les urnes? « Je suis profondément en désaccord, une bataille a été perdue mais le débat n’est pas fini. Je respecte le vote des gens, mais c’est une erreur ».

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