C’est l’heure de se réjouir: dix ans après leur enregistrement, les sessions entre deux artistes de légende, le batteur nigérian Tony Allen et le bugliste sud-africain Hugh Masekela, aujourd’hui décédé, sortent enfin des cartons.
C’est le directeur artistique Nick Gold qui a permis la publication de ce « Rejoice » (World Circuit/BMG), sorti vendredi.
Quel casting! Tony Allen fut dans les années 60 et 70 le batteur et le directeur musical du célèbre Fela, avec qui il créa l’afro-beat, genre à part entière, musique hypnotique et répétitive mêlant le style highlife, la polyrythmie yoruba, le jazz, le funk.
Sur cette musique puissante, Fela greffera ses paroles révolutionnaires et panafricanistes qui feront de lui un des symboles les plus forts de la lutte pour les libertés en Afrique.
Hugh Masekela, lui, est une figure du combat anti-apartheid. Après avoir découvert le jazz dans les shebeens, bars clandestins des townships, il a vécu pendant plusieurs décennies en exil aux Etats-Unis.
Celui qui fut le mari de Miriam Makeba y a concocté une oeuvre intégrant aux mélodies zulu d’autres éléments comme la soul, le jazz, le funk ou la musique brésilienne.
Il est l’auteur en 1974 de « Stimela », chanson marquante racontant le calvaire des travailleurs noirs d’Afrique du Sud exploités pour extraire l’or des mines proches de Johannesbourg. Il a aussi participé à l’album « Graceland » de Paul Simon en 1986.
Lorsque ces deux monstres sacrés se retrouvent en studio à Londres, le dialogue entre les notes chatoyantes sorties du bugle de Masekela et les roulements perpétuels des tambours d’Allen, leurs chants lancinants, fonctionnent à merveille, sur des compositions communes créées in situ.
Fin 2017, peu avant la mort de Hugh (en janvier 2018 à 78 ans), Tony, qui aura 80 ans cette année, a relancé Nick Gold: comment laisser une trace discographique de cette entrevue historique ?
L’idée a suivi son chemin. Le directeur artistique de World Circuit — label célèbre depuis le succès planétaire des disques du Buena Vista Social Club qu’il a publiés — est retourné dans le même studio en juin dernier avec une équipe de jeunes musiciens londoniens venus habiller les chansons des deux maîtres.
Le résultat est à la hauteur: « Rejoice » groove et transporte jusqu’au final « We’ve landed »: atterrissage en douceur à la fin d’un vol long courrier musical sans turbulences.
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