La musique portugaise va montrer deux visages lundi à La Cigale à Paris, avec le chanteur Antonio Zambujo, très influencé par la pop et les musiques brésiliennes, et la chanteuse Misia qui renouvelle le fado en y restant farouchement fidèle.

Misia continue à 64 ans d’ouvrir de nouvelles pistes. « Dès la première chanson (de son nouveau disque « Pura vida »), il y a la présence de la clarinette basse. Ca, je ne l’ai jamais entendu avant dans le fado », souligne-t-elle.

Son audace et son impertinence l’ont poussée dans son nouvel opus à introduire aussi des riffs de guitare électrique.

Mais si la viola, l’instrument emblématique du fado, est quasiment absent, et si son auteure en transgresse certains codes, « Pura Vida » est bel et bien sous l’influence du fado.

« Bien que je m’en sois défendue, les critiques en l’écoutant ont tous dit +on sent bien le fado ici+ », reconnaît Misia. « Je pense que c’est le pathos de la voix qui fait ça ».

Le fado, c’est effectivement avant tout une manière de chanter, très affectée et théâtrale, sur des thèmes immuables. « Ce sont des textes qui abordent des thèmes existentiels, toujours, on va pas découvrir la poudre, on fait différent mais pas nouveau », détaille Misia.

Cette femme, née à Porto, qui a grandi à Barcelone, a habité à Paris et vit depuis 2010 à Lisbonne, représente la troisième génération d’une famille d’artistes.

Élégante et excentrique, elle s’éloigne du fado pour mieux y revenir: elle reprend encore dans son disque une chanson d’Amalia Rodrigues –la diva du fado–, « Lagrima ».

« La grande Amalia reste toujours pour moi la déesse. « Lagrima », qui parle d’un amour radical, d’une délivrance insensée, me colle à la peau. Je la chanterai jusqu’à la fin », affirme Misia.

Chez Antonio Zambujo, « le fado n’est qu’une influence parmi d’autres ». 

Originaire de l’Alentejo, région rurale dont les chants polyphoniques ont bercé son enfance, ce chanteur est surtout sous influence brésilienne. La bossa et la samba imprègnent « Do Avesso », son nouvel album.

« J’en suis très tôt tombé amoureux en écoutant Joao Gilberto (considéré comme le père de la bossa) », raconte-t-il. « Le jazz est une autre influence, je l’ai étudié et j’ai écouté très jeune des musiciens comme Chet Baker ».

« Le plus important pour un musicien est d’écouter d’autres musiques et d’autres artistes, pour avoir de nouvelles idées qui naissent de nouvelles influences », estime Antonio Zambujo.

Dans « Do Avesso », riche de timbres de divers instruments, apparaît une dimension nouvelle, cinématographique et symphonique, avec sur plusieurs titres le Sinfonietta de Lisboa. Avec de subtils clins d’oeil au music-hall, à la pop psychédélique et à la country music. 

Et le fado dans tout ça ? Zambujo attend la fin du disque pour l’aborder. 

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