A chaque fois qu’on le croit disparu de la scène publique, Renaud n’en finit pas de rebondir, et prouve une fois de plus qu’il est « toujours debout », en sortant un nouvel album, Les mômes et les enfants d’abord ce 29 novembre. Un opus qui pourrait sembler destiné aux enfants, mais qui en fait s’adresse à tout le monde, et dont l’enfance est le thème central, cher au chanteur.
Un regard tendre et nostalgique sur l’enfance
Ce n’est plus un secret pour personne, il l’a exprimé à de nombreuses reprises : Renaud aurait aimé rester en enfance. C’est sa période bénie, celle vers laquelle il retourne toujours lorsqu’il a du vague à l’âme. Il a souvent chanté avec nostalgie ses jeunes années ou celle de sa fille, de Mistral gagnant au Sirop de la rue, en passant par Mon paradis perdu ou Adieu l’enfance.
Cette fois, c’est un disque qui lui est entièrement dédié. Et le premier morceau, Les Animals, single sorti il y a deux semaines, annonce tout de suite le ton de l’album : beaucoup de chansons à la première personne, comme si elles avaient été écrites par un jeune écolier.
L’auteur, grand amateur d’argot et de verlan, dit avoir suivi les conseils des enfants qui lui écrivent : « Renaud, on aime bien tes chansons, l’a plein d’gros mots ». Dans la lignée de son célèbre vers « Dès que le vent soufflera, je repartira », il s’est amusé avec les fautes de français une fois de plus, se disant que « ça va les faire marrer », en pensant aux enfants.
Un mélange de Doisneau et de Zep
C’est justement en pensant aux enfants qu’il a mixé les genres : la vision nostalgique de sa propre enfance, dans une France en noir et blanc chère à Doisneau, mais remise au goût du jour avec des références plus actuelles, notamment à travers le design de Zep, créateur de Titeuf.
Si l’univers de Renaud était lié à celui de Margerin dans les années 70 et 80, il se fond aujourd’hui dans les codes la BD préférée des jeunes. Le clip des Animals offre d’ailleurs un savoureux clin d’œil à l’album de 1978, sans titre, mais à la pochette arborant le fameux « place de ma mob », devenu ici « place de ma trottinette »
Renaud, c’est un chanteur qui traverse les générationsZep
Au mois d’août, le dessinateur avait déjà dévoilé sur son compte Instagram un dessin représentant le Renaud iconique : foulard rouge et guitare en bandoulière.
Devinez sur le disque de qui je suis entrain de travailler…
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Et la pochette condense deux des thèmes parmi les plus chers au chanteur : l’enfance bien sûr, et aussi l’amitié, qui transparaît ici dans cet hommage au célèbre radeau de la méduse, mais façon Georges Brassens dans Les copains d’abord. L’idole de Renaud a, lui aussi, beaucoup écrit et chanté sur ces deux sujets.
« Un album qui parlera aussi aux grands »
Mais que l’illustration par le dessinateur de Titeuf ne nous y trompe pas, c’est « plus un album sur l’enfance qu’un album pour enfants », comme l’a indiqué Renaud. À ce titre, le deuxième morceau, Pinpon, est destiné à des oreilles légèrement plus âgées. Une chanson qualifiée de « un peu polissonne » par le chanteur.
Qui dit enfance dit petits tracas avec Y’a un monstre sur mon lit ou plaisirs simples dans C’est la récré. Son refrain repris en chœur par des enfants devrait vite faire l’unanimité dans les cours d’écoles.
Parallèlement, d’autres thèmes plus graves sont également abordés : Renaud exprime son attachement à l’école et l’épanouissement par l’éducation et la culture dans Y s’ont mis le feu à l’école qui fustige le vandalisme. Il alerte les jeunes sur les dangers de la drogue et l’alcool dans On va pas s’laisser pourrir. Le Renard en sait quelque chose…
Les musiques de Michaël Ohayon accrochent facilement l’oreille avec des mélodies efficaces. Rien de révolutionnaire, mais le disque distille une bonne humeur communicative à travers des messages positifs. Ainsi Le petit crabe et la langoustine rappelle l’importance de rester soi-même.
Et l’auteur de Morgane de toi a voulu donner une suite à son tube écrit au début des années 80, juste après la naissance de sa fille Lolita. Celle qui a inspiré maintes fois son père, lui donne à nouveau l’occasion d’une déclaration d’amour paternel avec L.O.L.I.T.A, la plus belle chanson de l’album.
Certes, on a connu la plume du titi parisien plus aiguisée. Les textes ont forcément perdu de leur virulence, et quelques formulations peuvent paraître simplistes à la première écoute. Certains préfèreront sans doute l’impertince avec laquelle était cité Guignol dans J’ai raté Téléfoot, plutôt que cette évocation un peu naïve dans Parc Montsouris. Mais il n’en reste pas moins une tendresse non feinte, et la sincérité de l’artiste.
Quand on aime Renaud, plutôt que de vouloir indéfiniment retrouver sa verve acerbe d’antan, on peut aussi trouver du plaisir à déceler sa bienveillance un brin désabusée, habillée d’une fausse misanthropie. Même s’il chante « J’aime rien », on sait qu’au fond de lui, Renaud aime son public, qui le lui rend bien. Un attachement indéfectible malgré les hauts et les bas, et qui devrait se manifester une fois de plus avec la sortie de ce disque.
Le chanteur a annoncé qu’il n’avait « pas pour l’instant » l’intention de refaire une tournée.
Renaud – « Les mômes et les enfants d’abord » (Warner / Parlophone) – Sortie le 29 novembre
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