Le dernier projet de la soprano Amel Brahim-Djelloul est un miracle. Pour gravir les montagnes escarpées de Kabylie, la chanteuse lyrique a su s’accompagner. Car elle partait avec un lourd handicap : elle ne parlait pas la langue. Résultat : son album Les chemins qui montent (Klarthe Records), inspiré du livre éponyme de Mouloud Feraoun, est un pari réussi haut la voix. Elle a su gravir les hautes montagnes de Kabylie avec une facilité déconcertante. Elle a su s’accaparer, habiter la langue kabyle. A l’écouter, on jurerait qu’elle n’a jamais quitté la région.
Des montagnes du Djurdjura jusqu’au Oued Amizour
Du roman Les chemins qui montent, publié en 1957, elle dit que « c’est une histoire d’amour mais qui exprime aussi l’idée que pour se rendre en Kabylie, il faut s’élever, tant physiquement que par l’esprit ». Mission réussie. Ainsi pour tutoyer les sommets de la Kabylie, la soprano s’est appuyée sur quatre compagnons, artistes emblématiques de la culture kabyle : Idir, Djamel Allam, le groupe féminin Djurdjura et la chanteuse lyrique Taos Amrouche. « J’ai grandi avec Idir, il a apporté une modernité à notre culture et l’a fait connaître au monde entier, bien au-delà de la Grande Kabylie. Djamal Allam est un autre chanteur important pour moi, issu, lui, de la Petite Kabylie », confie Amel Brahim-Djelloul, mi-janvier, à son auditoire au Studio de l’Ermitage à Paris.
Et pour accompagnatrices donc, les sœurs DjurDjura et Taos Amrouche. Avec elles, on voyage dans le temps, on passe du passé au présent, du sacré au profane. « Je voulais emmener ce projet un peu plus loin dans la tradition en allant chercher du côté de Taos Amrouche. Sa voix était très singulière, fortement influencée par l’art lyrique. Elle a figé les formes traditionnelles de la musique telle que les femmes la vivaient et la faisaient vivre dans les villages », explique-t-elle. Avec le groupe DjurDjura, c’est l’ode à la féminité et à la figure de la mère. Avec sa voix mélodieuse, haute, Amel Brahim-Djelloul nous transporte avec une émouvante berceuse.
Les chemins qui montent est un voyage dans l’enfance, à la fois nostalgique et terriblement d’actualité. Amel Brahim-Djelloul, plus connue pour ses rôles à l’opéra que pour les chants traditionnels, a su trouver le ton juste.
(Les chemins qui montent, Amel Brahim-Djelloul, Klarthe Records, 15 euros)
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