Eglal Farhi est morte mercredi soir à son domicile de Neuilly-sur-Seine, a annoncé le New Morning jeudi. La direction du club parisien a rappelé que sa fondatrice avait fait de cette salle « l’un des clubs les plus importants au monde et un véritable foyer pour les gens du métier ».
Bienveillante, souriante, élégante, elle a su créer des liens étroits avec les plus grands musiciens qui ont voué au club un attachement jamais démenti, comme l’illustre ce reportage France 3 de 2013 dans lequel on retrouve une Eglal Farhi en pleine forme. Sa fille Catherine, qui a repris le flambeau, entretient et cultive aujourd’hui cet état d’esprit. Le New Morning, qui a été récemment modernisé (avec notamment l’installation d’une climatisation car les nuits d’été y étaient brûlantes) demeure un endroit très chaleureux où il fait bon passer une soirée à l’écoute des grands artistes d’aujourd’hui, toujours fidèles au lieu.
C’est le 16 avril 1981 que le concert inaugural s’est tenu avec une affiche de prestige : l’illustre batteur Art Blakey et ses Jazz Messengers. Par la suite, une liste phénoménales de légendes du jazz – mais pas seulement – ont joué dans cette salle aux murs ornés de photos de musiciens et à la capacité d’accueil plus importante que les clubs de la rue des Lombards : de Stan Getz à Dizzie Gillespie, de Chet Baker à Gil Evans, de Nina Simone à Michel Petrucciani… Mais il n’y a pas que les jazzmen qui s’y sentent chez eux : Prince s’y est produit plusieurs fois lors d’aftershows nocturnes d’anthologie. Ces dernières années, on a aussi bien pu y entendre une Marianne Faithful accompagnée d’un Bill Frisell à la guitare qu’un Hermeto Pascoal bardé de ses ustenciles et de son exubérance brésilienne, sans oublier des chanteurs comme le Belge Dick Annegarn venu roder un nouveau répertoire, ou encore l’Israélienne à la voix d’or Noa… Le New Morning n’a pas de frontière, à l’image de sa fondatrice, son âme.
Réactions
Le club parisien Baiser Salé, situé rue des Lombards, a rendu jeudi un émouvant hommage sur Facebook à la fondatrice du New Morning, rappelant que cette « femme pleine de joie, de caractère et de culture » lui avait « témoigné son soutien » dans des « moments difficiles ». « Son apport pour le jazz est inestimable. La scène jazz parisienne a été dynamisée dans les années 80 par le New Morning, soufflant un vent de renouveau et de modernité sur la capitale. »
Pascal Anquetil, célèbre journaliste de jazz, ancien directeur du défunt Centre d’information du Jazz (CIJ), a rendu hommage à Eglal Farhi jeudi, sur sa page Facebook : « Classe, générosité, fidélité, élégance, distinction, culture, amour des musiciens (je pense à Chet), voilà les premiers mots qui me viennent naturellement à l’esprit quand je pense à elle. Je lui dois, par exemple l’immense bonheur d’avoir pu fêter au New Morning l’anniversaire des 10 ans, puis des 20 ans du Centre d’Information du Jazz. Et tant d’autres grands moments !!! »
François Lacharme, président de l’Académie du Jazz, a salué jeudi sur Facebook une « ambassadrice du jazz unique », dont la « bienveillance s’accompagnait d’une autorité naturelle ».
La radio TSF Jazz a exprimé jeudi sur Facebook sa « profonde tristesse après la disparition d’Eglal Farhi, fondatrice de cette académie du Jazz et espace total de liberté qu’est le New Morning ».
La Sacem a salué sur Twitter la mémoire de la fondatrice du New Morning, « temple du jazz » : « Tristesse d’apprendre la disparition d’Eglal Farhi ️ elle ouvre en 1981 le @newmorning Paris, temple du jazz. Merci d’avoir fait vivre ce répertoire dans un lieu si emblématique, merci à Catherine sa fille de continuer l’aventure. » https://t.co/BxxpLCPAnv
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