Quand on sait que Maxime Le Forestier a appris à jouer de la guitare sur les chansons de Brassens, on est heureux d’avoir pu lui dire de vive voix qu’on s’est longuement exercé sur les siennes. Une rencontre chaleureuse et sincère, avant et après le concert à Lyon (Caluire) ce mercredi 4 décembre.
Un regard sur l’enfance sans nostalgie
Cinquante ans de carrière et toujours une jeunesse musicale qui apparaît comme évidente. « La date limite de l’enfance à tendance à s’effacer avec l’âge » dit la chanson Date Limite issue du dernier album Paraître ou ne pas être. Légèreté et insouciance parcourent ce disque, mais pas de nostalgie mélancolique comme on peut l’entendre chez Renaud ou Alain Souchon, assure Maxime, 70 ans aujourd’hui.
Plus chanteur que guitariste
Après une première partie brillamment assurée par son fils Arthur, en duo avec Bruno Guglielmi, Maxime Le Forestier entre en scène sur le titre Avec une guitare, mais justement sans instrument, les mains libres pour se concentrer sur les mots, les paroles, qui aujourd’hui ne s’envolent plus, comme il le chante dans Les ronds dans l’air. Un texte écrit à l’origine sur l’existence d’un livre non paru. Il a pris une autre dimension dans le public, à travers les réseaux sociaux qui impriment et gravent dans le marbre tous nos faits et gestes, et aussi nos petites phrases. « Parfois des conneries », avoue-t-il sur scène.
Les mots, il les manie depuis cinquante ans. Il les triture, les fait virevolter sur des mélodies qui restent dans la tête longtemps après. Et quelle belle performance que ce duo avec Arthur Le Forestier où ils mélangent les deux chansons qui ont accompagné plusieurs générations : Fontenay-aux-Roses et Éducation sentimentale, toutes deux issues du premier album de 1972. L’une en contrepoint de l’autre. Comme si les chansons se parlaient entre elles.
Chansons d’hier et d’aujourd’hui
Le chanteur présente ses chansons avec simplicité et sincérité. Avant d’en interpréter le morceau-titre, il nous rappelle que la pochette de son album Caricature avait été dessinée par le regretté Cabu. Il précise que Le grand connard n’est pas une personne en particulier, mais qu’ils sont plusieurs et qu’on en a tous forcément connu un. Quant à une certaine France, qualifiée de Vieille dame, il s’étonne encore comment certains peuvent évoquer un « c’était mieux avant »… « mais avant quoi ? »
Entouré de trois guitaristes, dont le duo Arthur Le Forestier et Bruno Gugliemi, et le fidèle « maître » Manu Galvin, ainsi qu’un percussionniste et un contrebassiste, le chanteur nous livre la quasi-intégralité de son dernier album (à part Dernier soleil). L’ambiance « J.J.Calienne » de l’écolo Ça
Le morceau-titre composé par Baptiste Trotignon garde son ambiance sud- américaine chaloupée, même sans piano. Et les chœurs sur Avec une guitare égrènent des grands noms de la six-cordes : Django, Jimi, Paco ou encore Henri (Crolla).
Et puis, bien sûr, les chansons incontournables, dont plusieurs sont reprises par le public : Comme un arbre, Mon frère, Ambalaba, Passer ma route, Les jours meilleurs… Les morceaux sont réarrangés pour remplacer les chœurs, les cordes ou les claviers des versions studio. Et le trio de six-cordes remplit l’espace sonore avec des couleurs insoupçonnées, qui rappellent par moment l’album live Plutôt guitare. Les différentes tonalités se marient à merveille, et les voix se complètent sans surenchère. Le père et le fils offrent un autre superbe duo avec Mon ruisseau.
Et la guitare, il en sait quelque chose, lui dont la vie s’est trouvée changée du jour où il en a acheté une, avec des partitions de Brassens. Il n’oublie pas celui qui a été son mentor : « Il a été dit que jamais je ne jouerai quelque part sans avoir chanté une chanson de Brassens », annonce-t-il en premier rappel, avant d’entonner La maitresse de classe.
Après une standing ovation, il revient seul sur scène et, cette fois, avec une guitare. L’instrument à qui il a dédié le premier morceau du spectacle, l’accompagne pour le terminer. Une première phrase qui résonne dans la tête de plusieurs générations depuis 1972 : « C’est une maison bleue… » Le public chante avec lui ce San Francisco qui a nous a bercé depuis bientôt un demi-siècle.
Rencontre avec le public après le concert
Et cette fameuse maison bleue adossée à la colline, l’artiste vient nous en parler tout naturellement après le concert. La proximité avec son public, Maxime Le Forestier ne la vit pas uniquement sur scène, mais aussi après, au bar du Radiant, la salle de spectacle. Au delà des traditionnelles photos et autographes, le chanteur et ses musiciens s’attardent un bon moment, autour d’échanges simples et sincères. certains se souviennent l’avoir vu en première partie de Brassens à Bobino. Mais même au milieu du public de sexagénaires, voire plus, on croise quelques jeunes et même quelques familles avec des enfants.
Les enfants qui restent d’ailleurs aux yeux du chanteur la raison de rester optimiste. Oui, on le confirme, la date limite de l’enfance a vraiment tendance à s’effacer avec l’âge, et c’est tant mieux.
La setlist
1. Avec une guitare
2. Ça déborde
3. Comme un arbre
4. Les filles amoureuses
5. Caricature
6. Restons amants
7. Date limite
8. Le p’tit air
9. Education sentimentale / Fontenay-aux-Roses
(en duo avec Arthur Le Forestier)
10. Le grand connard
11. L’homme au bouquet de fleurs
12. Paraître ou ne pas être
13. Raymonde
14. La vieille dame
15. Chienne d’idée
16. Le ruisseau (en duo avec Arthur Le Forestier)
17. Les ronds dans l’air
18. Né quelque part
19. Mon frère
20. Les jours meilleurs
21. Ambalaba
22. Passer ma route
Premier Rappel :
La maîtresse d’école (reprise de Brassens)
Deuxième rappel :
San Francisco
Maxime Le Forestier poursuit sa tournée dans toute la France jusqu’au printemps prochain. L’album Paraître ou ne pas être est sorti le 7 juin (Polydor)
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