The Real Slim Shady, Stan… Nous sommes au printemps 2000 et un jeune rappeur blanc, produit par la poule aux oeufs d’or Dr. Dre, sort son deuxième album : The Marshall Mathers LP. Le disque se vend à 32 millions d’exemplaires dans le monde. « Il s’inspire de tout ce qui s’est fait depuis les années 1980, analyse Raphaël Da Cruz, journaliste chez Mouv’. Il a des modèles, qui sont les rappeurs comme Nas, et il arrive à dépasser ses modèles, à digérer toutes ses influences, à faire rimer les mots, à les tordre pour faire en sorte qu’ils sonnent comme on a envie de les faire sonner. »

Eminem fait de sa propre vie à la fois son œuvre et son principal objet commercial. « De plus en plus, il s’adresse à l’Amérique bourgeoise blanche en tant que, justement, fils de prolo blanc », rappelle le journaliste. Le rappeur raconte son enfance sans père, dans une caravane de Détroit avec une mère alcoolique, puis sa vie de jeune blanc-bec dans une scène rap underground essentiellement noire. À côté, Eminem peut s’appuyer sa technique : une façon de rapper extrêmement rapide et ludique. 

Dépassé par des techniques plus pop

Avec The Eminem Show, album beaucoup plus pop et rock, en 2002 et le film 8 Mile, qui raconte sa propre vie la même année, le rappeur est au sommet de sa carrière.

Mais, après de nombreux problèmes personnels, ses tentatives de retour –bien que corrects en termes de ventes – n’auront plus jamais le même impact : « À partir des années 2000, on a de nouvelles esthétiques qui arrivent notamment du sud des États-Unis. Ses nouvelles techniques sont musicales et touchent la manière de rapper, la manière d’écrire… », décrypte Raphaël Da Cruz.

« Eminem, comme d’autres, commence à devenir un peu ‘ringard’ dans sa manière de faire de la musique dans les années 2010. »

à franceinfo

« Avec ce nouveau cahier des charges un peu plus pop et sa façon de rapper vite, avec un flow enragé, donne parfois l’impression d’entendre une broyeuse à papier, explique Raphaël Da Cruz. Mais il y a toujours des instants de grâce, cette sensation de naïveté, juste le plaisir de rapper. » Désormais âgé d’un demi-siècle, Eminem laisse tout de même derrière lui une montagne de tubes, dont Lose Yourself, sorte d’hymne générationnel et toujours champion, 20 ans après, des playlists pour faire du sport.

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