Sorti au Japon en juillet 1979, le baladeur de Sony déferle sur l’Hexagone au début des années 80. Il est d’abord accueilli avec circonspection : on se souvient d’un Léon Zitrone à l’air dubitatif et d’un reporter pas très convaincu par cette « petite boite dotée d’un casque » qui fait l’objet de son reportage. « Vous avez sans doute croisé au détour d’une rue, un de ces personnages bizarres coiffés d’un drôle de casque. Il ne manquait que les antennes pour évoquer une autre planète. Mais n’ayez pas peur, ils ont simplement un Walkman », commentait-il.

C’était sans compter sur l’extraordinaire engouement des jeunes pour ce lecteur portatif qui les coupaient du monde et les immergeaient dans leur bulle musicale. Une révolution est en marche : le Walkman est incontestablement en train de bouleverser et les rapports sociaux et le rapport à la musique elle-même. En 18 mois, le marché français est inondé de plus d’un million d’exemplaires. 

Les inquiétudes du milieu médical

Mais ce succès foudroyant commence à inquiéter. Nombreux sont les médecins qui tirent la sonnette d’alarme. Ils constatent une recrudescence de troubles auditifs chez de jeunes patients, inhérents à une utilisation excessive du baladeur. D’autres diront même qu’il abrutit la jeunesse et provoque des accidents de la circulation. La riposte des industriels ne se fait pas attendre : la sécurité auditive devient un argument marketing qui attire de plus en plus les jeunes et les moins jeunes.

Devant ce succès grandissant, les firmes rivales de Sony produisent elles aussi leurs baladeurs, mais le géant japonais conserve à lui-seul la fascination du public et domine le marché mondial. Revisité à peine 19 mois après le premier, la seconde version du Walkman fait un tabac et dépasse le cadre de la jeunesse branchée pour un public plus étendu.

Vers la fin de l’année 1983, le baladeur est complètement intégré dans le quotidien de millions d’utilisateurs dans le monde. Mais au fil du temps, il sera remplacé par le Discman en 1984, le Minidisc en 1992 et enfin le lecteur mp3, une autre révolution, numérique cette fois.

Un inventeur méconnu

La légende donnait l’invention du Walkman au patron de Sony. Selon la petite histoire, l’emblématique Akio Morita aurait eu l’idée d’un lecteur portatif pour écouter de la musique en jouant au golf. En réalité, un autre homme en revendique la paternité. Il s’agit de l’Allemand et Brésilien Andréas Pavel, inventeur et mélomane. Dans les années 70, ce passionné de musique rêve d’emporter avec lui, au grès de ses déplacements, la HiFi de son salon. Un prototype va émerger de son imagination fertile, la « Stéréo Belt » dont il déposera le brevet en 1977. Entre temps, il en fait la démonstration à plusieurs fabricants dont des représentants de Sony. Aucun ne semble conquis par cette invention qualifiée alors de gadget. Seulement un an plus tard, le géant Sony, qui possède et la technologie et la force de frappe d’un groupe puissant sort le TPS-L2, son premier lecteur de cassette stéréophonique.

Commence alors une bataille judiciaire qui durera… 23 ans ! Elle se soldera en 2004 par un accord secret – à plusieurs millions de dollars – entre Sony et Pavel. Après de multiples versions et un succès foudroyant, Sony mettra un coup d’arrêt à la fabrication du baladeur en 2010.

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