Un micro pivotant inspiré de James Bond: grâce à ce concept novateur, une société de guitares électriques implantée dans l’Allier se lance à l’assaut du marché américain après avoir déjà séduit les Guns N’ Roses et ZZ Top.

Quelques notes électroniques s’échappent du modeste atelier de Wild Customs, à Creuzier-le-Vieux, près de Vichy (Allier).

A la guitare, dans une pièce où les luxueux instruments sont exposés aux murs au-dessus des écrans d’ordinateurs, George Defretiere présente la dernière née de la maison, la « Gyrock », une guitare électrique haut de gamme sur laquelle a été installé le procédé révolutionnaire.

Le musicien active un petit interrupteur situé sur la partie avant, les micros tournent à l’arrière de l’instrument… et le jazz devient rock.

« Une guitare a une signature sonore, avec son bois, son micro. L’idée, c’est d’avoir plusieurs micros sur le même instrument, qui pivotent grâce à deux petits leviers, afin de passer d’un son +jazz+ à un son +metal+ ou à un son très +classic-rock+ », détaille Blaise Rodier, gérant de Wild Customs.

George, l’un des cinq salariés, est électro-mécanicien: c’est lui qui a traduit en pratique l’idée géniale d’un collègue qui avait imaginé ce système en s’inspirant des plaques minéralogiques pivotantes de l’Aston Martin de l’agent 007.

Deux ans de travail et, à l’arrivée, un petit bijou à 15.000 euros pièce.

Le concept est apprécié des musiciens : « c’est très inspirant de pouvoir changer de couleur sonore au sein d’un même morceau, cela stimule la créativité », assure Blaise Rodier.

« Et puis c’est pratique, car un musicien est obligé de transporter plusieurs instruments pour avoir différents sons. Là, avec une seule guitare, on couvre tout le spectre musical, que ce soit en studio ou en live pour les concerts », ajoute le gérant qui a rejoint l’entreprise en 2013.

Une vidéo sur internet montre Richard Fortus, le guitariste du groupe de hard rock Guns N’ Roses, utilisant l’instrument, admiratif. Et plus récemment, Billy Gibbons, leader emblématique du groupe texan ZZ Top, a aussi testé avec succès la nouvelle guitare.

– U2 aussi –
Christophe Chandezon, l’usineur de la bande, fait visiter l’atelier de lutherie où sont entreposés les bois précieux, les maquettes et les machines qui lissent, scient, découpent, cisèlent. Un travail d’orfèvre.

Une « Gyrock » nécessite une trentaine d’heures de travail. Wild Customs est en mesure d’en produire une centaine par an.

L’entreprise vend 100 à 150 instruments par an, à 3.000 euros en moyenne, mais ne parle pas encore chiffre d’affaires. La majorité des acheteurs sont des collectionneurs.

Pourtant, grâce à la « Gyrock », Guitar Center, le plus grand distributeur de guitares aux Etats-Unis, est sur le point de commercialiser ses instruments: « ils vont nous installer dans leurs magasins de Nashville, New York, Los Angeles et Chicago. Les Américains font les tendances dans l’industrie de la musique, c’est 50% du marché, donc c’est capital pour nous », souligne le gérant.

L’aventure de Wild Customs a commencé en 2009: Julien, ébéniste et Renaud, graphiste, deux amis d’enfance passionnés de musique, décident de fabriquer eux-mêmes leur guitare.

« L’industrie de la guitare était un peu trop tournée vers le passé à leur goût et ils étaient convaincus qu’il y avait de la place pour faire des choses créatives, ce qu’incarne la guitare électrique qui permet une liberté dans les formes », raconte Blaise Rodier, lui-même ami d’enfance des fondateurs.

Un premier modèle, la « Wild Custom », est développé à l’étranger puis, très vite, les talentueux luthiers inventent une nouvelle gamme, « La Sauvage », guitare de luxe « au carrefour de l’art et de l’instrument de musique ».

En 2018, ils créent une basse sur-mesure rappelant l’esthétique d’une montre pour Adam Clayton, le bassiste de U2 passionné de haute horlogerie.

La suite? Pourquoi pas Eric Clapton ou Jack White, rêve Blaise Rodier: « ce sont des musiciens qui ont de vraies personnalités et, au-delà de leurs talents musicaux, sont des incarnations de la culture rock ».

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