Suspendu au-dessus du DJ qui échauffe le public, un trèfle à quatre feuilles apparaît peu à peu. Certains sont persuadés qu’il s’agit d’un logo du We Love Green Festival, car « qui dit green dit écologie donc trèfle« , explique une adolescente à son groupe de copines. Fausse piste. Ce trèfle, c’est le sigle de Chanceko, un rappeur très prometteur dont nous vous avions parlé l’été dernier.

Programmé par le média spécialisé Booska-P, qui avait carte blanche pour ce plateau rap du festival ce jeudi 2 juin, Chanceko est venu avec ce trèfle en néon sous le bras, dont il ne se sépare jamais lors de ses concerts. Et quand son fétiche n’est pas accroché au plafond, la feuille est peinte dans ses cheveux, sur ses vêtements ou sur l’étendard qui recouvre la table des platines de son Dj. « C’est obligatoire. Quand t’entends parler de Nike, tu vois la virgule ? Bah, quand tu penses à Chanceko, je veux qu’on ait ce trèfle en tête », nous explique-t-il après son concert.

Chanceko ouvre la fête

Comme pour La Fève, Ziak ou encore 1pliké140, au menu un peu plus tard dans la soirée, c’est la première fois que le rappeur originaire de Meaux se produit dans le cadre de ce festival, « mythique » d’après lui. Pourtant, en concert Chanceko ne laisse rien paraître : il s’empare de la scène avec une aisance que peuvent lui envier ses semblables. Habillé d’un ensemble en jean’s hyper stylé et coiffé d’une crête rose, le rappeur ne compte pas (uniquement) sur son look pour réveiller une foule privée de pogo durant deux ans. Sa technique ? Une tracklist aux petits oignons. 

« Quand c’est un public que je dois conquérir, j’essaye d’aller droit au but et de les ambiancer avec des sons bien dynamiques ». Dans son filet, il réussira à attraper Julie, 23 ans. « Je ne connaissais pas, mais j’aime beaucoup ! Il dégage quelque chose de très positif« , s’égosille-t-elle dans notre oreille, par-dessus les décibels. Après une arrivée tout en douceur sur Arcade puis quelques soucis techniques très bien gérés par le rappeur, il lâche avec le sourire : « y a deux trois galères, mais ça fait toujours plaisir. C’est un honneur pour moi d’ouvrir ce festival !« 

S’enchaînent ensuiteMr Bombastic, À l’envers, Jacquemus, ou encore le solaire Visa qui dès les premières notes fait onduler des dizaines de hanches. Le rappeur profite également de son passage sur scène pour livrer trois morceaux exclusifs à son public dont I don’t know, cocktail estival de House et de Rap. 

« L’idée des exclus, c’est un truc que j’essaye de ramener à chaque concert. C’est mon petit plaisir personnel. D’ailleurs, je n’étais pas au courant que l’une des exclus allait passer. Je me suis laissé surprendre par mon DJ et c’est un exercice que j’adore« , confie-t-il après son concert. « C’est aussi un bon moyen de voir la réaction des gens et d’évaluer ce qui marche sur scène ou pas ». Affirmatif, si l’on en croit les sauts et les balancements de têtes du public.

La tempête Ziak

Chanceko vient tout juste de quitter la scène que la foule se presse de rejoindre le public déjà amassé sous le chapiteau La Clairière, planté à quelques mètres de la scène de la Canopée. Bob vissé sur le crâne et visage dissimulé derrière un bandana comme à son habitude, le rappeur Ziak, accompagné de deux amis, fait trembler la scène en quelques instants. 

Jeunes, moins jeunes : tout le monde se laisse emporter par les paroles sombres et les basses assourdissantes de la Drill et de la Trap (ndlr: sous-genre de rap), spécialités de l’artiste, phénomène originaire du 91 (Essonne). La tension monte d’un cran sous la tente quand l’un des festivaliers brandit un fumigène rouge sur le morceau Flocko, provoquant encore plus l’excitation des danseurs de pogo, et l’énervement des agents de sécurité au passage.

L’alchimiste La Fève et 1pliké140 en bouquet final

Pas le temps de traîner. Il faut vite retourner à la Canopée où jouait un peu plus tôt Chanceko. Et même avec un peu d’avance, il est difficile de se frayer un chemin pour se rapprocher de la scène. « Gros, moi je suis venu spécialement pour le voir », glisse un ado à la tenue streetwear hors de prix. Et au vu des nombreuses acclamations au début du show, il n’est pas le seul à avoir pris son billet pour hocher la tête sur les morceaux de La Fève. Originaire de Fontenay-sous-Bois, le rappeur incarne la nouvelle vague du rap français. Après Kolaf, un projet cosigné qui figure parmi les plus marquants de 2020, sa dernière mixtape ERRR a connu un succès retentissant dès sa sortie en décembre 2021.

Maîtrise technique, productions entêtantes, plume aiguisée et sans fioriture figurent sur la liste d’ingrédients de la potion magique de cet “alchimiste” du rap français. Et sur scène, impossible de résister au sortilège. Après une entrée bouillonnante sur Belek, puis Lady D, le rappeur enchaîne sur Snitch, Alchimie ou encore La Foudre. Lui qui demandait au début de son show si certains connaissaient ce projet, n’aura certainement plus aucun doute à sa sortie. Mais avant de disparaître, le jeune prodige est déterminé « à foutre le bordel » avec son public. Et quoi de mieux que de le faire sur Mauvais payeur l’un de ses morceaux les plus populaires. Un plaisir prolongé a capella en compagnie de son équipe qui se monte à une douzaine de personnes. 

Quand il n’y en a plus, et bien il y en a encore, comme dirait un certain maestro. La soirée rap s’est poursuivie jusqu’au bout de la nuit avec 1pliké140. Figure majeure de la drill en France, le rappeur a fait encore grimper la température de la Canopée déjà bien haute après le passage de ses confrères. Le rappeur ne s’est pas seulement contenté de tout retourner sur Tranquillement, Freestyle hors série ou encore sur le tube Canada, viral sur TikTok. Pour ses 1plikés, il a également invité Niska a le rejoindre sur scène pour rapper sur son hit 140g. Un bouquet final qui a fait sonner les dernières notes d’une soirée 100% rap.

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