« Esprit de résilience »: c’est le mot d’ordre du Printemps de Bourges, premier des festivals de musiques actuelles annulé face au coronavirus mais qui s’offre malgré tout une vie en digital jusqu’à dimanche, avec des créations postées par les artistes.
« Obliger les gens à regarder 150 concerts n’aurait pas eu de sens. C’est un festival de réseau social, dont le format est déterminé par les cartes blanches laissées à chacun », résume pour l’AFP Boris Vedel, directeur de l’évènement, réinventé en « Printemps Imaginaire » pour se tenir aux dates initiales. Mais sans les 200.000 personnes accueillies l’an passé.
Il suffit donc de surfer sur les différents supports numériques du festival (Twitter, Facebook, Instagram, site officiel) et faire son marché dans les séquences – courtes, entre 3 et 8 minutes – postées le jour-même ou précédemment.
Il y en a pour tous les goûts parmi les artistes programmés à l’origine et qui ont relevé le challenge.
Dans la scène émergente, le rappeur Jyeuhair détonne avec un version iconoclaste de « Foule sentimentale » d’Alain Souchon, star également au rendez-vous du « Printemps Imaginaire ». Son chat, en prime, vient se frotter à la caméra.
Autre trublion du hip-hop, Les Louanges, alias pluriel du Québécois Vincent Roberge, a mis en scène ses parents et sa sœur dans petit film hilarant sur son confinement. Renan Luce reprend lui « Du bout des lèvres » de Barbara, avec son groupe, chaque membre depuis chez lui, en mode écran mosaïque.
– Clip « mégalo et tuto » –
« Ca nous fait chaud au cœur de voir tous ces artistes qui ont répondu présents », se félicite Boris Vedel. « Toutes les vidéos ont été faites dans un esprit de résilience, dans une sorte de pied de nez au virus, que les messages soient poignants, ou en forme de carte postale souriante. C’était important pour nous de ne pas baisser les bras pour les artistes émergents qui comptaient sur le Printemps dans leur début de carrière ».
C’est le cas de Lucie Antunes, qui commençait à se faire un nom avec « Sergeï », album élégant et ambitieux où sa voix est traitée comme un instrument parmi d’autres.
« Mon album a été beaucoup mieux reçu que je ne l’attendais, je me disais +les planètes sont alignées+… Puis les festivals ont été annulés, depuis, je passe comme tout le monde par des hauts et des bas. Mais je suis à la montagne, j’ai de l’espace, c’est très précieux », confie-t-elle à l’AFP.
« Pour le Printemps Imaginaire (vendredi), j’ai filmé plusieurs versions de moi en train de jouer différents instruments, chaque fois dans une tenue différente, dans un clip un peu mégalo, mais aussi un peu +tuto+ qui montre les mécanismes de ma musique », décrit-elle. « C’est super que le festival soit là, sous cette forme, j’ai aussi une pensée pour les organisateurs, qui en ont pris plein la gueule avec cette annulation ».
– « Pointe de chagrin » –
Aloïse Sauvage, qui n’avait « rien trouvé de mieux que de sortir juste avant le confinement » son album coup de poing, « Dévorantes », gère elle aussi un moral sur courant alternatif.
Mais « sans une seule journée d’ennui, de vide », comme elle le raconte à l’AFP. « Déjà parce qu’enregistrer une vidéo de deux minutes ça prend une demi-journée, j’ai appris à être monteuse, youtubeuse, régisseuse lumière (rires) ». Pour le « Printemps Imaginaire », elle livre vendredi une version inédite de son titre « Méga Down », en retravaillant musique et effets voix.
Des journalistes ont aussi enregistré des chroniques, tandis que des festivaliers ont filmé leurs chorégraphies sur des chansons liées au Printemps. L’un d’entre eux a même fourni un algorithme qui permet de personnaliser une affiche du festival, pour les internautes, en fonction de leur playlist. « Tout ça nous donne du baume au cœur, mais aussi une pointe de chagrin, en pensant à ce qu’aurait dû être le festival, en plus il fait si beau… », souffle Boris Vedel.
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