Avec quatre nouveaux trophées, Beyoncé est devenue dimanche 5 février l’artiste la plus couronnée de tous les temps aux Grammy Awards, à Los Angeles. Mais le prix suprême du meilleur album lui a encore échappé, au profit du britannique Harry Styles récompensé pour Harry’s House, tandis que le Grammy de l’enregistrement de l’année est allé à la chanteuse Lizzo pour About Damn Time.  La soirée a fait le plein de stars, de Jay-Z à Kendrick Lamar et Dr Dre, en passant par Stevie Wonder, Madonna, Bad Bunny et Mary J. Blige.

Record absolu de Grammys pour « Queen B »

Beyoncé a remporté dimanche le Grammy du meilleur album dance/électronique pour Renaissance, celui du meilleur enregistrement de dance/électronique pour Break My Soul, celui de la Meilleure chanson R&B pour Cuff it et enfin celui de la meilleure performance de R&B traditionnel pour  Plastic Off The Sofa. La star américaine a donc reçu 32 petits gramophones dorés durant toute sa carrière, un record absolu, une de plus que le chef d’orchestre hongrois Georg Solti, qui en avait emporté 31 dans les années 1990.

« J’essaye de ne pas être trop émue« , a lancé Queen B, remerciant tour à tour ses parents, son  » magnifique mari » Jay-Z, ses  » trois beaux enfants » et  » la communauté queer » qui l’a toujours soutenue. Beyoncé entre donc dans l’histoire. Mais une fois de plus, une récompense majeure lui échappe : comme en 2017 avec Lemonade, devenu un classique, Renaissance, son dernier opus house et dance, a échoué à obtenir le prix du meilleur album.

Les triomphes de Harry Styles, Lizzo et Bonnie Raitt

Sur la scène rougeoyante de la Crypto.com Arena, c’est la sensation pop Harry Styles, vêtu de franges scintillantes, qui a raflé le lot, grâce à Harry’s House, qui lui a aussi valu le Grammy du meilleur album de pop chantée. Dans son speech, il a rendu hommage à toutes les autres nommés qui l’ont « tant inspiré », et a estimé qu’il n’y a pas de « meilleur » dans la musique, « aucun de nous ne pense à cela en studio. » Vêtu tout entier de franges scintillantes, il a interprété son tube As It Was.

 

Autre surprise, la vétérane du blues, folk et country Bonnie Raitt, 73 ans, a gagné le prix de la chanson de l’année avec Just Like That, une récompense que lui a remise la Première dame américaine Jill Biden. La concurrence était pourtant rude avec les tubes de Beyoncé (Break my soul), Adele (Easy on me) ou Taylor Swift (All too well).

Lizzo a de son côté remporté le prix de l’enregistrement de l’année pour About Damn Time, et en a profité pour rendre hommage durant son speech à Beyoncé, qui a « changé ma vie » et qui, a-t-elle estimé, est « l’artiste de nos vies« . La star britannique Adele, qui avait tout raflé en 2017, a dû se contenter de la meilleure performance solo pop.

Trois Grammys chacun pour Kendrick Lamar et Brandi Carlile

La soirée, animée par l’humoriste sud-africain Trevor Noah, s’est ouverte sur une prestation du prince du reggaeton portoricain Bad Bunny, l’un des artistes au plus gros succès commercial dans le monde en 2022. Nommé dans trois catégories, il a remporté un gramophone.

D’autres stars ont brillé, comme le rappeur Kendrick Lamar qui a obtenu trois récompenses avec la meilleure performance rap et la meilleure chanson rap pour The Heart Part 5 et le meilleur album, avec Mr. Morale & the Big Steppers. « C’est l’un des disques les plus difficiles que j’ai faits« , a lancé l’apôtre du rap social et politique, le seul artiste de hip-hop déjà récompensé d’un prix Pulitzer pour un de ses précédents albums.  » En revenant en arrière et en repensant à mes débuts dans le rap, au chemin parcouru, je voulais remercier la culture de m’avoir permis d’évoluer pour faire une chanson« , a-t-il ajouté.

La star américaine de folk-rock Brandi Carlile, qui comptait sept nominations, en a transformées trois en gramophones, dont la meilleure chanson rock et meilleure performance rock avec Broken Horses.

Révélation, meilleure musique de jeu vidéo et hommage à l’hymne iranien « Baraye »

La course était grande ouverte pour la révélation de l’année, entre la Brésilienne Anitta, les rockeurs italiens de Maneskin, la rappeuse Latto… Mais, encore une surprise, c’est finalement la chanteuse de jazz originaire du Bronx, Samara Joy, 23 ans, qui a reçu le prix. Impressionnés par sa voix, des critiques la comparent déjà aux grandes chanteuses afro-américaines de jazz comme Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Sarah Vaughan ou Nina Simone.

L’actrice Viola Davis est entrée dans le club très fermé des artistes ayant remporté les quatre grandes récompenses américaines, l’Oscar (cinéma), l’Emmy (télévision), le Tony (théâtre) et dimanche soir un Grammy, dans la catégorie « livre audio, narration » pour ses mémoires Finding Me. 

Le tout nouveau prix de la meilleure musique de jeu vidéo a été remis à l’Américaine Stéphanie Economou pour la musique d’ Assassin’s Creed Valhalla : Dawn of Ragnarok.

Enfin, Mme Biden, saluant « un appel fort et poétique à la liberté et aux droits des femmes » en Iran a remis un prix spécial de la « meilleure chanson pour un changement de société » au titre Barayé de l’artiste iranien Shervin Hajipour, qui avait été arrêté pour la diffusion de cette chanson en vidéo. Une chanson devenue l’hymne des manifestations qui ont éclaté en Iran suite à la mort suspecte  de Mahsa Amini.

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