À l’occasion du Salon de la lingerie qui se tient du 18 au 20 janvier à Paris, Stéphanie Pérèle, directrice du pôle produit de la marque française de lingerie Simone Pérèle, revient sur les changements engendrés par la montée du féminisme et du body positivisme dans ce secteur.

Depuis la fin des années 2010, la montée du féminisme corrélée au mouvement #MeToo a influencé les mentalités… comme les stratégies de communication des marques. En France, comme ailleurs, le secteur de la lingerie n’a pas échappé aux idéaux anti-sexistes et au body positivisme (mouvement favorable à l’acceptation de tous les corps). La conséquence ? L’arrivée de nouvelles marques sur le marché, plus jeunes, qui montrent des femmes de toutes les formes et toutes les carnations. Mais également un changement de communication de griffes mythiques de sous-vêtements comme Chantelle ou Lejaby. À l’occasion du salon international de la lingerie du 18 au 20 janvier à Paris Expo Porte de Versailles, Stéphanie Pérèle, directrice du pôle produit de la marque française de lingerie Simone Pérèle, fondée en 1948, revient sur les changements majeurs qui ont bouleversé le secteur.

Madame Figaro. – En 2020, est-il encore possible pour une marque de lingerie de communiquer en mettant en scène un gros plan sur une poitrine ou en mettant en avant des corps dits «parfaits» ?
Stéphanie Pérèle.-
Les mentalités ont évolué. Certes, on doit toujours présenter les produits sur des beaux mannequins pour les glorifier. Mais, désormais, on considère que toutes les beautés sont belles. On va par exemple montrer davantage de formes. Et on se concentre avant tout sur la femme : car, avant le corps, c’est elle qui nous intéresse.

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Mais depuis l’émergence du mouvement #MeToo, l’image de la femme séductrice ne serait-elle pas aujourd’hui obsolète ?
Non, la femme séductrice n’est pas dépassée. Ce n’est pas parce qu’on montre de la lingerie que l’on n’a pas le droit d’être sexy. Nous envisageons aujourd’hui notre séduction comme on en a envie : pas seulement pour l’homme ou le regard de l’autre.

Pourquoi avez-vous décidé, avant même l’arrivée du mouvement #MeToo, de changer votre manière de communiquer ?
Fin 2016-début 2017, nous avons changé notre communication car les femmes ne s’identifiaient plus aux photos de lingerie. Nous avons fait des études en montrant des visuels de marques de lingerie sans montrer la griffe : les femmes y voyaient des soutien-gorges qui leur plaisaient sur des mannequins photoshoppés. Nous avons donc recherché la proximité et remis la femme au cœur de notre communication. Dans notre campagne, nous avons mis en avant les femmes tandis que les soutien-gorges étaient seulement en partie dévoilés.

Pensez-vous que ce mouvement de body positivism n’est qu’une tendance, une nouvelle opportunité commerciale pour le monde de la lingerie ou s’agit-il d’un véritable engagement sur le long terme ?
Je pense vraiment que c’est un vrai mouvement de fond qui va durer plusieurs décennies.

Selon vous, que recherchent aujourd’hui les femmes quand elles achètent de la lingerie ?
Je ne peux pas parler au nom des autres marques mais, chez nous, les clientes achètent de la lingerie non seulement pour se faire plaisir, mais aussi pour une notion de soutien physique. Le besoin fonctionnel rejoint l’envie d’esthétique. On habille la femme quelle que soit sa taille pour allier confort et style. C’est vraiment important de se faire plaisir à soi, de se moquer du regard des autres.

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