Présenté chaque automne, le défilé des Métiers d’Art de Chanel célèbre l’excellence de ses différentes maisons d’artisanat. Décryptage d’un évènement hors-normes, qui révèle toute l’âme de la maison située rue Cambon.
Ce mercredi 4 décembre s’est tenu le désormais traditionnel défilé des Métiers d’Arts de la maison fondée Coco Chanel. Un défilé dont l’idée appartient à Karl Lagerfeld et qui a pour ambition de montrer l’étendu des savoirs-faire français en matière d’artisanat de mode. Cette saison, Virginie Viard, directrice artistique de la marque, présentait au Grand Palais son premier défilé sans le célèbre créateur décédé en mars dernier. Une collection qui rend un hommage, avec modernité, à l’avant-gardisme particulier de cette maison de couture unique.
Une démonstration d’excellence
C’est en 2002 que le directeur artistique de la Maison a lancé cette collection rue Cambon, et pour célébrer ses dix ans d’existence il présentait en 2012 Paris – Bombay, un défilé qui s’inspirait des vêtements traditionnels indiens à l’heure des derniers jours du Raj. Un commentaire sur les nombreuses marques faisant appel à l’artisanat indien où la main d’œuvre est moins coûteuse. Il avait donc pris le parti de faire concevoir toutes ses pièces par des artisans parisiens.
Une revendication loin d’être nouvelle puisque depuis 1985, la Maison française la plus réputée à travers le monde œuvre à la sauvegarde de l’artisanat français et européen. Lesage et Montex pour la broderie, Lemarié pour la plumasserie, Lognon pour les plissures, Paloma pour les flous, Maison Michel pour la chapellerie… Aujourd’hui, vingt- deux maisons sont regroupées sous le patronage de Chanel. Une initiative essentielle qui a ne cesser d’interroger la place de l’artisanat au sein de la mode française.
Je ne voulais pas des grands voyages habituels pour les collections Métiers d’Art, je voulais rester à Paris. Il nous a alors fallu repenser une manière de faire.
Dans Handmade with Love In France, un documentaire sorti en 2015, la réalisatrice Julie Georgia Bernard laisse la parole à des artisans dont Bruno Legeron, créateur de fleurs artificielles : « On n’a pas la même considération pour nous qu’il y a vingt ans. La couture est devenue comme le football, les designers à la tête des maisons changent constamment. Ils n’ont donc pas le même rapport à la Maison où aux fournisseurs. Autrefois, on allait dans une Maison tenue par quelqu’un, maintenant, on va chez une marque ». Et c’est contre ce basculement que Karl Lagerfeld a créé les Métiers d’Art. Pour aller plus loin encore dans la réflexion, Chanel ouvrira les portes de son nouveau site des Métiers d’Art, porte d’Aubervilliers à l’automne 2020. Un bâtiment de 25.500 m3 qui réunira 600 personnes dans des ateliers modernes.
Un défilé ouvert sur Paris et l’international
Si les deux premières collections ont été présentées dans les salons de la maison Rue Cambon, Karl Lagerfeld a rapidement décidé de faire voyager ces défilés hors-calendrier. Tokyo, New York, Londres, Moscou, Shanghaï : chaque année la collection des Métiers d’Art est présentée dans une des grandes villes du monde, certaines étant intrinsèquement liées à l’histoire de Gabrielle Chanel. L’an dernier, Karl Lagerfeld était revenu à New York et avait profité d’un épisode du podcast 3.55 pour parler de la collection, de ses inspirations et de son rapport à la création. C’est la dernière fois que le grand public a pu entendre le designer s’exprimer sur une collection.
Il y a une forme de simplicité à revenir à l’abécédaire de Chanel. Nous n’avons pas besoin d’en faire trop.
Pour le pre-fall automne-hiver 2020, Virginie Viard a choisi de rester entre les murs du Grand Palais, musée qu’on pourrait considérer comme la deuxième maison de Chanel puisque tous les défilés parisiens y sont présentés – hormis les exceptions citées précédemment. « Je ne voulais pas des grands voyages habituels pour les collections Métiers d’Art, je voulais rester à Paris. Il nous a alors fallu repenser une manière de faire », a déclaré la directrice artistique de la maison.
La mode comme un trésor
« Je veux que ce soit un trésor de porter un vêtement Chanel », peut-on entendre dire Virginie Viard dans une vidéo Instagram qui dévoilait les coulisses de la créations du défilé. Un pari réussi à voir les 71 silhouettes qui composent sa première collection Métiers d’Art. Sous son égide, le noir de Chanel diffuse toute sa lumière, il n’est pas synonyme de sobriété mais d’éclat. Il contraste avec du blanc sur une veste tailleur, rencontre un tie-dye arc-en-ciel sur une veste en cuir et se pâme dans l’or.
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