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A partir du XVIIe siècle, la nature éclot par touches délicates sur les étoffes imprimées.
Au XVIIe siècle
Les Indiennes, en provenance des côtes de Coromandel, emballent le beau monde. Comparées à ces nouveautés si chatoyantes, les étoffes de soie, lin et chanvre filées dans les manufactures royales font grise mine. Teintes et peintes à la planche de bois, traversées de fleurettes et feuillages, les cotonnades exotiques titillent vite les coloristes européens.
Au XVIIIe siècle
C’est le bouquet ! Le siècle des Lumières ne jure que par la nature. Les fleurs, pré carré de la botanique alors en plein essor, deviennent les muses des couturiers. Naturels ou artificiels, en coiffure et en ornement d’accessoires, tulipes, œillets et roses prospèrent aussi sur leurs imprimés, rendus possibles par de nouvelles techniques. C’est une mode que cultive à l’envi la favorite de Louis XV, Madame de Pompadour.
En 1789
Marguerites, bleuets, muguets, coquelicots… À Versailles, la reine Marie-Antoinette et ses proches ornent leurs chapeaux de fleurs champêtres. Mais ces beautés sauvages, symboles de liberté, leur sont bientôt arrachées, pour tomber dans le giron des révolutionnaires et s’épanouir sur des foulards, des sacs, des mouchoirs. La machine inventée par un Ecossais en 1793, munie d’un rouleau de cuivre gravé en creux, favorise cette floraison.
En 1850
Un code de conduite prévaut sous le Second Empire : à chaque âge et moment de la journée sa fleur. Discrets et sages palmettes et bouquets cachemire – désormais imprimés mécaniquement – parsèment les toilettes de l’après-midi des femmes mariées, toute en retenue. Mauve, bleu vif, rouge sang… Les jeunes filles en fleur, elles, égayent leurs tenues et n’hésitent pas à jouer l’exubérance grâce aux premiers colorants de synthèse.
En 1875
Un vent de Liberty souffle sur la mode grâce au marchand de textiles Arthur Lasenby… Liberty. A Londres, sur la prestigieuse Regent Street, sa boutique de décoration déborde d’étoffes gaies et fleuries. Un succès ! Elles font sa fortune et associent pour toujours son nom à ces motifs champêtres même au-delà des frontières britanniques et du XIXe siècle. Ces motifs bucoliques deviendront ainsi l’emblème du mouvement flower power des années 1960.
En 1950
Du grand art ! La Libération venue, le prêt-à-porter s’entiche des fleurs stylisées. Inspirées des toiles de Monet et des estampes japonaises, elles naissent parfois de la main même des artistes. Les couturiers les sèment à leur tour, chacun ayant une favorite : l’hortensia et l’orchidée pour la maison Léonard, le camélia pour mademoiselle Chanel, le muguet pour Christian Dior et la rose, indémodable, pour Yves Saint-Laurent.
En 2000
L’impression textile numérique élargit le champ des possibles. Alors qu’hier, la moindre teinte exigeait un traitement individuel et un coût supplémentaire, formes ou couleurs peuvent désormais toutes être reproduites simultanément. Présentes jusque dans le prêt-à-porter bon marché, les productions fleuries sont aussi le fruit d’une vraie démarche esthétique, à l’image d’Agnès B dont les fleurs imprimées naissent d’une photographie prise dans son jardin. Un terreau infini et fertile pour la créatrice française.
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°8 mai-juin 2019
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