Les enquêtes de PETA sur la maltraitance animale ou les vidéos de l’association L214 dénonçant les conditions atroces des élevages et abattoirs ont marqué bien des esprits.
D’ailleurs, selon un sondage IFOP réalisé en 2021, 90% des Français·es s’opposaient au commerce de la fourrure. « On va dans le bon sens, et il y a de plus en plus d’innovations qui permettent de trouver des alternatives aux matières animales », estime Anissa Putois, porte-parole de PETA France.
La fourrure, plus à la mode ?
La fourrure est sans doute la matière qui fait le plus parler d’elle. « Il y a vraiment eu un avant/après l’annonce de Gucci en 2017, qui a été l’une des premières marques à abandonner la fourrure « , s’enthousiasme Arnaud Brunois, responsable communication et développement durable pour Ecopel, une entreprise franco-chinoise spécialisée dans la fausse fourrure de luxe.
« Au départ, la fausse fourrure était principalement fabriquée à partir d’acrylique et de polyester, ce qui est extrêmement polluant, mais aujourd’hui nous avons développé des alternatives beaucoup plus responsables », explique-t-il tout en montrant des échantillons dans le showroom de l’entreprise à Paris.
Depuis 2019, nous développons des fausses fourrures à base de bouteilles plastiques recyclées. – Ecopel
Au toucher et en visuel, le rendu est bluffant, les tissus ressemblent à s’y méprendre à de la fourrure animale.
« Depuis 2019, nous développons des fausses fourrures à base de bouteilles plastiques recyclées. D’autres sont fabriquées avec 37% de déchets de maïs, mais nous sommes tout le temps en recherche et développement pour améliorer les matières et diminuer notre empreinte carbone. Ce n’est que le début du bio-fabriqué », ajoute-t-il.
Ecopel compte désormais 300 marques dans son portefeuille client et observe une demande en croissance de 10% depuis 5 ans.
Le mérinos et le mulesing, dans le collimateur des associations
Outre la fourrure, la laine est également une matière pointée du doigt par PETA pour la maltraitance animale.
En cause ? Le mulesing, une pratique qui consiste à retirer la peau située autour de la queue des moutons mérinos, afin d’éviter l’apparition de la myiase (présence sous-cutanée de larves de mouches).
Or, la majorité de la laine de nos vêtements provient d’Australie, pays qui n’interdit pas cette pratique.
« Le climat australien favorise l’apparition de ces parasites, et les moutons tombent malades. Par contre, nous avons comme engagement de ne plus être dépendant de cette pratique d’ici à 2030, c’est un énorme challenge », explique Damien Pommeret, directeur régional Europe occidentale de The Woolmark Company, une association financée par 60 000 éleveurs australiens de moutons mérinos.
Si en Europe et donc en France, le mulesing n’est pas pratiqué car non nécessaire, il reste que la filière lainière française n’est pas encore très développée.
« Nous avons créé le Collectif Tricolor pour revaloriser cette laine et assurer sa traçabilité et sa qualité », détaille Pascal Gautrand, délégué général du collectif.
En cas de doute, les consommateur·trices peuvent se tourner vers les labels, comme PETA-Approved Vegan permettant de certifier une marque ou un produit vegan, PETA Cruelty Free ou le Responsible Wool Standard (RWS), qui garantissent le bien-être animal et excluent donc entièrement la pratique du mulesing.
Bien-être animal : trouver des alternatives au cuir
Autre matière problématique : le cuir. Entre impact environnemental important, souffrance animale et traçabilité difficile, les dérives liées au cuir sont nombreuses.
Alors pour y faire face, nombreuses sont les marques à développer des alternatives au cuir animal. Attention cependant, le « cuir » végétal, qui désigne les matières synthétiques et d’origine végétale pour remplacer le cuir animal, n’existe pas car en France, l’utilisation du mot « cuir » est encadrée par un décret datant de 2010, et ne concerne que les peaux animales transformées.
Parmi les simili-cuir, citons le Piñatex, fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas, ou plus exactement à partir de déchets de la culture d’ananas, qui sont mélangées puis transformées en maille avant d’être utilisées pour fabriquer de la maroquinerie ou des chaussures.
Ou encore le simili-cuir de raisin, fabriqué à partir du marc de raisin, c’est-à-dire la peau, pépins et autres résidus qui sont récupérés lors des vendanges ; le simili-cuir de pomme, lui aussi issu de l’économie circulaire car fabriqué à partir des déchets de pommes.
Stella McCartney, elle, a opté pour Mylo, fabriqué en laboratoire à partir des cellules de mycélium, celles que l’on retrouve dans les champignons. D’autres végétaux sont également utilisés comme le maïs ou le cactus.
Les alternatives sont donc nombreuses et les innovations ne s’arrêteront pas là, permettant ainsi d’imaginer un futur de la mode plus responsable envers les animaux.
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