Le 10 septembre 1933 naissait celui qu’on connait sous le nom de Karl Lagerfeld. Designer au talent reconnu à l’international, il a marqué le monde de la mode. Retour sur ses défilés les plus marquants au sein de la maison Chanel.
Il serait impossible de résumer exhaustivement les 30 ans que Karl Lagerfeld a passé au sein de la maison Chanel. Une maison qu’il a fait renaître de ses cendres lorsqu’il en a pris la tête, en 1983. À l’époque, Chanel est au bord de la faillite depuis la mort de sa créatrice iconique, Coco Chanel.
Sous la direction du designer allemand, la marque atteint une renommée internationale et va même jusqu’à sortir des frontières de la mode. Finie la cage dorée réservée à une élite, le nom de Chanel est connu de tous, peu importe son âge et sa classe sociale.
Retour sur les pièces, les défilés, les scénographies mémorables de Karl Lagerfeld pour Chanel.
Lors de son show pour le printemps-été 91, Karl Lagerfeld fait monter Chanel sur une planche de surf. Loin d’être un mythe ni même une nouveauté purement marketing, ces planches lui ont permis de mettre en avant un nouveau look : « city surfer ». À l’époque, il confiera au magazine américain Vogue : « Parfait pour plonger dans la vie nocturne de Paris à Rome en passant par Londres et New York ».
Nous voilà au débuts des années 90. Karl Lagerfeld a déjà prouvé alors qu’il ne fait que ce qu’il lui plaît. Pour l’automne-hiver 91, le designer s’inspire de la culture hip-hop, déferlante de l’époque. Il mêle aux signatures de la maison Chanel que sont les perles et les chaînes des inspirations bling. Déjà, les accusations d’appropriations culturelles fusent, mais le designer les balaient d’un revers de punchline en backstages : « Les rappeurs disent la vérité, c’est ce dont nous avons besoin maintenant.«
Son nom est peu évoqué dans la liste des supermodèles incontournables des années 90 et pourtant Yasmeen Ghauri en était. Lors du défilé pour l’automne-hiver 1992, la mannequin originaire d’Asie du Sud-Est est arrivée dans une tenue de cuir rouge, de gants et casques de boxe. Un moment iconique.
Lors du défilé pour le printemps-été 1993, le designer fait marcher Naomi Campbell un sein découvert et un énorme crucifix autour du coup. Peu importe les mœurs bourgeoises, à cette époque, le designer allemand lui aime provoquer… dans la vie, comme sur le catwalk.
C’est sans doute l’une des images les plus marquantes de la mode des années 90. Lors du défilé Chanel pour l’automne-hiver 1995, Stella Tennant, l’une des nombreuses muses de Karl Lagerfeld, fait son entrée sur le podium dans le plus itsy bitsy bikini jamais conçu. Un véritable cache-tétons qui créé la controverse dans l’indifférence totale de son designer qui renouvellera l’opération un an plus tard. Une pièce culte qui fera de nouveaux émules lorsqu’en octobre 2018, Kim Kardashian posera elle aussi dans un bikini de la collection.
Si Karl Lagerfeld n’a jamais eu pour habitude de regarder en arrière, on peut être sûre que les adeptes de la mode comme les célébrités, eux, feront l’inverse.
Pour le printemps-été 2005, Karl Lagerfeld reproduit un tapis rouge. Pas surprenant pour celui qui habille déjà les actrices et personnalités du monde entier. À cette occasion, les mannequins Linda Evangelista, Amber Valletta, Shalom Harlow, Naomi Campbell ou encore Kristen McMenamy foulent ce podium aux allures de tapis rouge dans des robes dont certaines paraderont plus tard lors des cérémonies des Oscars.
Pour ce show, Karl Lagerfeld a fait venir de Suède un iceberg immense et de 265 tonnes. Une manière de sensibiliser son public à la question du réchauffement climatique. La rumeur veut qu’il a fallu maintenir l’iceberg à -3 degrés durant les 6 jours qu’il a fallu pour faire ramener le bloc à Paris.
Avec les Métiers d’Art, Karl Lagerfeld s’était donné pour objectif de rendre hommage au savoir-faire irremplaçable des brodeurs, paruriers, fleuristes, bottiers ou modistes. Un pur moment de mode qui nous rappelle justement que si elle est une industrie, elle repose avant tout sur des traditions. L’un des défilés qui les a le plus mis en valeur est sans conteste « Paris-Bombay », un moment qui est resté gravé dans la mémoire de tous ceux qui y ont assisté.
Dans la galerie courbe du Grand Palais, le designer mêle les classiques de la mode indienne à ceux de la maison Chanel. Les jupes saris drapées se glissent des bottes leggings et vestes en tweed tandis que les vestes Nehru s’enfilent sur des jodhpurs. Un faste rare et évocateur qui rappelle à tous ce qu’il y a de beau dans la mode.
Si l’on a choisi ce moment, ce n’est pas simplement pour sa symbolique, mais aussi ce qu’il dit de Karl Lagerfeld. En septembre 2012, le designer déclare, alors questionné sur le droit au mariage pour les homosexuels, lors d’une interview à Vice magazine : « Dans les années 60, tout le monde invoquait le droit à la différence. Et maintenant, tout à coup, ils veulent une vie de bourgeois !« . La polémique enfle sans trop impacter l’intéressé qui, comme à son habitude, ne fait pas état d’âme de ce qu’il pense.
Quelques mois plus tard, commence le mouvement la Manif pour Tous qui vise à empêcher le mariage entre personnes du même sexe. En réaction, lors du défilé Couture 2013, le designer fait clôturer son défilé non par une, mais bien deux mariées, qui se tiennent la main. A leur côté, un enfant. « Je ne comprends même pas le débat », déclare-t-il alors, »Depuis 1904, l’église et l’état sont séparés.«
Autre mise en scène ayant marqué les esprits, le défilé Chanel pour l’automne-hiver 2014-2015 pour lequel Karl Lagerfeld a imaginé les allées d’un supermarché au cœur du Grand Palais : le Chanel Shopping Center. Caddies en main, les mannequins déambulent pour se saisir d’objets Chanel dont les prix ont augmenté de 30 à 50%. Non sans facétie, le designer déclarera : « Je déteste tout ce qui est en promotion, cela donne une image négative. D’ailleurs, Chanel ne fait pas de soldes « .
À cette occasion, Lagerfeld créé des basket en tweed qui deviendront un véritable succès. Il s’amusera : « Je suis pour la parité. Et quoi de plus égalitaire que de porter des chaussures plates, comme les hommes ? Qui va au supermarché en stilettos ?!« .
Impossible n’est pas Lagerfeld. Et sous son égide, Le Grand Palais a souvent joué les transformistes. Pour l’automne-hiver 2017-2018, il fait reconstruire une mini Tour Eiffel qui disparaît dans la coupole de l’institution parisienne. Faire rêver de Paris tout en y étant, voilà quel était son talent.
Source: Lire L’Article Complet