Le créateur le plus connu au monde, directeur artistique de la maison Chanel et figure légendaire devenue logo, est mort il y a un an, le mardi 19 février 2019, à l’âge de 85 ans. Retour sur une icône.

Enfant précoce, grand couturier, créateur, photographe, designer, dessinateur hors pair, homme logo… Difficile de réduire Karl Lagerfeld à un seul costume. Celui qui avait ceint sa vie d’une aura de mystère est mort le mardi 19 février 2019. «Au-delà du grand créateur auquel j’ai donné carte blanche au début des années 1980 pour réinventer la marque, c’est un véritable ami et complice que je perds aujourd’hui», déclarait alors Alain Wertheimer, PDG de Chanel. «Le plus grand hommage que l’on puisse lui rendre aujourd’hui est de suivre la voie qu’il a tracée en – je le cite- « continuant à embrasser le présent et à inventer le futur »», ajoutait Bruno Pavlovsky, président des activités mode de la maison de la rue Cambon. Le PDG du groupe de luxe LVMH, propriétaire de Fendi, se disait «infiniment attristé» par cette nouvelle et saluait le «génie créatif» d’un «ami très cher».

Du jour de sa naissance, que nombreux se sont accordés à définir au 10 septembre 1933, à sa vie intime, de nombreux secrets l’entouraient. Fils d’un entrepreneur allemand et d’une mère vendeuse de lingerie berlinoise, il a abandonné la banlieue de Hambourg pour Paris au milieu de l’adolescence afin de terminer l’école secondaire au lycée Montaigne, dans le VIe arrondissement. Il ne quittera plus la capitale française.

Karl Lagerfeld, directeur artistique de Jean Patou. (Années 1960.)

L’amitié avec Yves

Résident de la rive gauche, Karl Lagerfeld devient assistant chez Pierre Balmain où il apprend le savoir-faire qui fera des étincelles tout au long de sa carrière. Étudiant à l’École de la Chambre syndicale de la couture parisienne, il y rencontre Yves Saint Laurent avec lequel il se lie d’amitié. Mais l’année 1954 divisera les jeunes talents. Ils gagnent tous deux les premiers prix du Concours du Secrétariat international de la laine – Yves pour une robe, Karl pour un manteau. Sourd alors une rivalité qui durera quarante-quatre ans, passant de l’affection à l’amertume, lorsque le compagnon de Karl, le dandy Jacques de Bascher, devint l’amant de Saint Laurent. L’idylle reste à ce jour le conflit le plus légendaire de la mode.

En 1962, Karl Lagerfeld quitte Pierre Balmain pour rejoindre la maison Jean Patou. Mais c’est en 1964 qu’il décroche le premier poste important de sa carrière en entrant chez Chloé auprès de Gaby Aghion, la fondatrice de la maison parisienne. Il fait de la griffe un grand nom de la création, aux mythiques robes nude inspirées des étudiantes du Quartier latin qu’il fréquente. Il réalise aussi les célèbres publicités de la marque en collaboration avec le grand photographe Helmut Newton. Mais c’est surtout chez Chanel que Karl Lagerfeld va se révéler en directeur artistique.

Karl Lagerfeld, une vie passionnément mode, par Justine Feutry

Autoportrait de Karl Lagerfeld, avec sa chatte Choupette.

L’homme logo

Plus qu’un directeur artistique, Karl était une star. Et le plus reconnaissable de tous les créateurs grâce à son look signature : cheveux blancs poudrés, lunettes sombres vissées sur le nez, cols montants empesés, redingotes ajustées… Son sens de la répartie faisait le bonheur des intervieweurs. Même son régime, grâce auquel il avait perdu plus de 40 kilos dans les années 2000, était devenu un modèle.

Le Kaiser, qui n’a pas de descendance à part sa chatte Choupette, s’est constitué au fil des années une véritable famille d’«héritiers». Il a rejoint son grand amour, Jacques de Bascher, pour l’éternité. «Il n’y aura pas d’enterrement. Plutôt mourir», disait Karl dans Numéro, en 2018. Peu importe, son aura est immortelle.

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