Lors du sommet Fashion Our Future, qui s’est tenu le 16 mars 2023 à New York, Marie Claire et le groupe Kering ont insisté de concert sur l’importance du développement des pratiques écoresponsables dans l’industrie de la mode.
Le monde de la mode continue de se mobiliser autour des questions de l’écoresponsabilité et de l’éthique avec une certitude : seul un effort collaboratif lui permettra d’atteindre ses objectifs de développement durable.
Nous devons faire pression pour que la mode durable se développe à grande échelle, et vite. – Marie-Claire Daveu
Parmi ceux-ci, on peut citer la réduction des émissions carbone, la transparence de la chaîne d’approvisionnement, le renforcement de la protection et la juste rémunération des travailleur·euses de l’industrie textile.
« On ne peut pas s’y attaquer tout seuls », a déclaré Saad Amer, expert en justice climatique et consultant pour les Nations-Unies. « C’est en mettant en lien et en mobilisant les différents acteurs qu’on fait évoluer les choses. J’ai bon espoir car je sais que le changement est possible. »
Un sentiment partagé par l’ensemble des panélistes et invité·es réuni·es toute la matinée du 16?mars dans le restaurant Manhatta à l’occasion de cette deuxième édition de l’évènement Fashion Our Future.
Portée par Marie Claire et Kering, cette initiative fait dialoguer des expert·es passionné·es, des célébrités et des activistes. L’objectif : sensibiliser la sphère mode aux enjeux sociaux et climatiques et mettre en œuvre des solutions concrètes.
Fashion Our Future, une mode durable est possible
Au cours d’un premier entretien avec Galia Loupan, directrice des contenus Marie Claire International, Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable et des affaires institutionnelles de Kering, est revenue sur son expérience dans la filière luxe.
Elle a présenté les progrès réalisés par Kering en matière de mode durable, pointant du doigt les compromis nécessaires pour atteindre les ambitieux mais nécessaires objectifs environnementaux.
« Le défi est immense. Nous devons faire pression pour que la mode durable se développe à grande échelle, et vite », a-t-elle affirmé.
Une analyse partagée par l’actrice et productrice Kerry Washington, qui invite les acteur·rices de l’industrie textile à passer immédiatement à l’action : « Ce n’est pas un feu de paille ni une tendance éphémère. Pour la santé de notre planète, il faut vraiment que nous trouvions le moyen de redresser la barre. »
Comment mettre en place des processus de fabrication, des chaînes d’approvisionnement, et des espaces de vente 100?% responsables ?
Une toute petite action peut transformer l’intégralité d’un processus. – Natasha Franck, fondatrice de la technologie EON
Portée par les entrepreneurs Hassan Pierre, cofondateur de la plateforme d’e-commerce responsable Maison de Mode, et Natasha Franck, fondatrice de la technologie EON, la question du rôle de l’innovation a occupé le devant de la scène.
« La meilleure manière de faire évoluer un système, c’est d’identifier un point de levier car une toute petite action peut transformer l’intégralité d’un processus », a déclaré Natasha Franck.
Pour illustrer son propos, la jeune femme a expliqué comment une simple carte d’identité digitale attachée à notre garde-robe pourrait nous aider à gérer de manière circulaire le cycle de vie de nos effets personnels, entre nos produits utilisés et nos nouvelles acquisitions.
Pour le groupe Kering, l’innovation tient une place centrale
Basé en Italie, le Material Innovation Lab (MIL) du groupe, qui héberge un pôle de recherche en matières innovantes, met une bibliothèque de tissus durables à la disposition de la supply chain (chaîne logistique).
« Nous avons créé le Material Innovation Lab dès 2013 pour encourager nos Maisons à utiliser toujours plus de tissus durables et responsables », a expliqué Marie-Claire Daveu.
À chaque fois que vous contribuez à l’émancipation de femmes, vous renforcez toute la communauté. – Abrima Erwiah, cofondatrice du Studio 189
De fait, ce hub propose plus de cinq mille tissus et échantillons durables aux différentes marques du groupe. Parmi les produits exposés à New York, les invité·es ont ainsi pu découvrir la nouvelle paire de baskets végétales Demetra de Gucci ainsi qu’un tote bag Saint Laurent fabriqué à partir d’un fil de coton biologique répondant à la très stricte norme Global Organic Textile Standard (GOTS).
Autre sujet prégnant de la matinée, l’empowerment des femmes était au cœur des discussions.
« À chaque fois que vous contribuez à l’émancipation de femmes, vous renforcez toute la communauté », s’est réjouie Abrima Erwiah, cofondatrice du Studio 189 et directrice du Joseph and Gail Gromek Institute for Fashion Business de l’école de design Parsons.
« Quand vous donnez des emplois à des femmes, la première chose qu’elles font, c’est de donner [des ressources] à leur famille et d’envoyer leurs enfants à l’école », a renchéri Angel Chang, styliste de vêtements pour femmes dont les créations zéro carbone et en matières naturelles sont fabriquées par des tribus indigènes dans les montagnes de Guizhou en Chine.
La mode doit s’unir autour de l’écoresponsabilité
« Pour initier un tel changement, il faut que toutes les planètes soient alignées », a relevé la créatrice de mode et militante afro-canadienne Aurora James. « En matière de mode durable, on est encore au stade de la conversation parce qu’on est tous en train d’essayer de comprendre toutes les implications et qu’on a besoin d’aide pour que les consommateurs s’emparent aussi de ces enjeux ».
Et Kerry Washington d’abonder en ce sens : « Le vrai changement ne peut advenir qu’une fois que le message a été délivré à toutes les étapes concernées. »
Pour clore le programme, un aperçu du futur tel qu’envisagé par les générations qui arrivent sur le marché a été proposé aux invité·es.
C’est en mettant en lien et en mobilisant les différents acteurs qu’on fait évoluer les choses. – Saad Amer, expert en justice climatique
Le podcast Fashion Our Future a été diffusé en avant-première et une exposition interactive de projets étudiants, sélectionnés parmi sept universités américaines de mode et design, a été déployée.
L’occasion de découvrir des créations innovantes en upcycling, matières naturelles et responsables. « Cette jeunesse qui s’assied et taquine sa muse sans jamais perdre de vue sa mission ni ses objectifs me donne de l’espoir »,
a affirmé Joyce Brown, présidente du Fashion Institute of Technology (FIT).
Quel sera le futur de la mode dans cinq ou dix ans ? Il est trop tôt pour le dire mais les expert·es se sont montré·es confiant·es : la situation progresse, bien que lentement. « Vous ne pouvez pas travailler dans le développement durable si vous n’êtes pas optimiste. Ce n’est pas facile tous les jours mais c’est dans notre ADN », a conclu Marie-Claire Daveu.
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