Estelle Lefébure, top-modèle reconvertie en reine du wellness, publie Orahe – Vivre au rythme de son cœur. Et c’est Ilona Smet, sa fille aînée, qui signe les photos : la filiation artistique comme une évidence, deux ans après la disparition de Johnny. En exclusivité pour Madame Figaro, mère et fille, toutes deux égéries Mixa, se prêtent à un shooting joyeusement complice. Et se livrent, pour le meilleur.
Dabord, il y a cette complicité, évidente. Des yeux qui brillent, des mots chuchotés à l’oreille suivis d’éclats de rire contagieux. Et puis, cette photogénie, impossible. Depuis plusieurs heures, les flashs blancs se succèdent. Tout le monde est groggy, mais Estelle Lefébure et Ilona Smet prennent la pose, se plient aux exigences du photographe et de la styliste, souples, attentives, enthousiastes. Estelle sait mieux que personne quelle image sera la bonne et, lorsqu’elle jette un œil au moniteur vidéo sur lequel s’affichent en temps réel les instants capturés, elle ne se trompe pas : «C’est celle-là !» La vérité, c’est que toutes les photos sont «vraies».
Le regard bleu acier d’Ilona est comme un feu sourd, et la beauté d’Estelle, une chaleur qui irradie. De cet indéfectible lien, les deux ont fait une collaboration. Férue de yoga et du «bien manger», Estelle s’est inventé une deuxième carrière en gourou wellness façon Gwyneth Paltrow. Déjà auteure de trois best-sellers autour du bien-être (le premier, Orahe – La Méthode Estelle Lefébure, sorti en 2015, s’était écoulé à 30.000 exemplaires), elle sort, ces jours-ci, Orahe – Vivre au rythme de son cœur (Éditions Flammarion). Un guide pour «s’ouvrir aux autres et à soi», comme elle le dit. C’est sa fille Ilona, 24 ans, qui signe les portraits photos intimes de sa mère parsemant le livre. Discrète, l’aînée des filles qu’elle a eues avec David Hallyday sait pourtant ce qu’elle veut : «Travailler dans l’art».
Une évidence pour l’héritière d’une famille totémique pour nombre de Français, un clan dont on connaît les déchirements. Pourtant entre la mère et la fille, toutes deux égéries Mixa, toutes deux partageant le même agent chez Karin Models, Ruth Malka, il n’est pas question de transmission de pouvoir dynastique, mais bien d’épanouissement individuel. Et de bienveillance. Rencontre intime et franche.
Estelle : débardeur en coton, Majestic Filatures, pantalon en laine, Balibaris. Bracelet personnel.
Ilona : veste et short en laine, et ceinture, Miu Miu. Collier Chaumet.
Madame Figaro. – Vous affichez une très belle complicité mère-fille, quel est votre secret ?
Estelle Lefébure. – On a toujours été très proches. Et puis, à l’adolescence, ce moment qui peut être compliqué pour les parents et les enfants, on a réussi à ne jamais couper la communication. Et ce, même quand on était loin géographiquement, et qu’Ilona habitait Los Angeles. Ma fille connaît tout de ma vie, et je connais tout de la sienne. Pour autant, je ne suis pas une mère-copine, je n’aime pas ce terme ! Je reste dans mon rôle de parent, j’essaie de comprendre. Écouter est pour moi la chose essentielle. Je peux ne pas être d’accord sur certaines choses, mais ce n’est pas pour cela qu’il y aura une mésentente. Je suis la même avec mes trois enfants (Ilona a une sœur, Emma, 22 ans, et un demi-frère, Giuliano, 9 ans, NDLR). Aujourd’hui, on habite dans deux pays différents, Ilona vit en Suisse. Mais, lorsque l’on se retrouve, c’est comme si on s’était quittées hier, on reprend tout de suite le fil de notre conversation.
Ilona Smet. – Ma mère a toujours été très protectrice, sans pour autant être étouffante. Je trouve qu’elle a trouvé la bonne distance. Pendant mon enfance, mes parents étaient toujours là pour nous guider, ma sœur et moi. Pas pour nous contrôler. D’ailleurs, elle n’a jamais essayé de m’empêcher de faire des erreurs, et tant mieux.
Estelle, à gauche : veste et pantalon en laine, Balibaris, débardeur en coton, Majestic Filatures.
Ilona, à droite : veste et pantalon en laine, Sézane.
Ilona démarre une carrière prometteuse dans le mannequinat, mais cultive aussi une fibre de peintre et de photographe. Comment l’avez-vous soutenue dans ses choix ?
E. L. – Je ne me serais jamais permis de lui refuser de faire le métier de mannequin. Mais je n’ai pas non plus poussé ma fille dans cette voie, contrairement à d’autres… Je ne citerai pas de noms ! Son père et moi avons toujours respecté ses envies et ses passions. Au début, je lui ai donné quelques conseils sur la méthode de travail. La base : être hyperpro, arriver à l’heure, être nickel, respecter aussi bien l’assistant que le photographe, car toute l’équipe est importante. Dans ce métier, la réputation est vite faite, et c’est un petit monde, on recroise les gens… Et puis je lui ai dit : «Amuse-toi, et ne te prends surtout pas au sérieux !»
I. S. – Si j’avais voulu devenir boulangère ou vétérinaire, mes parents m’auraient soutenue. Mais j’ai toujours baigné dans un milieu artistique, je ne me voyais pas faire autre chose qu’un métier lié à la création. À l’école, je n’étais pas la meilleure de la classe dans les matières traditionnelles, mais j’aimais l’art, c’était une évidence. Je peins depuis longtemps, surtout des portraits. Et, pour la photo, beaucoup de portraits aussi, même si mon approche est différente : j’aime qu’il y ait quelque chose de cinématographique dans mes images.
Estelle : veste et pantalon en laine, The Kooples.
Ilona : bustier pailleté et ceinture, Saint Laurent par Anthony Vaccarello, pantalon Escada.
Coiffure Cyril Lanoir. Mise en beauté Mixa par Maria Olsson.
Votre nouveau livre est votre première véritable collaboration avec Ilona en tant que photographe. Comment l’idée a-t-elle germé ?
E. L. – Pour mon précédent, Orahe – Le Bien-être pour les enfants, Ilona avait réalisé le making of du projet, et je trouvais qu’elle avait vraiment un œil. Quand j’ai commencé à travailler sur ce nouveau livre, je me suis dit : «Qui mieux qu’Ilona pour mettre en scène mon propos ?»
I. S. – C’est vrai que j’avais une certaine appréhension à travailler avec ma mère. Mais on avait une vision commune, et on s’envoyait régulièrement des idées, des images inspirantes…
E. L. – Je l’ai suivie les yeux fermés, elle savait exactement ce qu’elle voulait. On a fait toutes les photos en deux jours, enfermées dans une chambre d’hôtel, avec une petite équipe. Ce qui était génial, c’est que j’ai vu ma fille sous un autre angle : celui de la pro. Elle avait souvent, déjà, sa photo en tête… Et j’ai aimé être dirigée par elle.
Justement, parlons du livre… Pourquoi le centrer autour du cœur ?
E. L. – Au départ, j’avais pensé creuser autour de l’idée de séduction et de maternité. Je voulais un livre pour rassurer les femmes. À la naissance d’un enfant, beaucoup d’entre elles s’oublient, ne prennent plusle temps de séduire et d’être séduites… Je voulais parler d’amour, et cela a mûri. Je me suis recentrée sur le cœur, cet organe vital, ces 300 grammes qui nous font vivre jusqu’au dernier souffle. Il nous maintient en vie, et c’est également le siège des émotions. Je me suis entourée et nourrie de spécialistes, j’ai discuté avecun cardiologue, une sociologue, une sexologue…
Il est vrai que le livre parle un peu de sexe…
E. L. – Je voulais lever certains tabous, tout dire avec les mots les plus simples, les plus authentiques,les plus sincères. Je trouve qu’au sein même du couple, on ne parle pas assez, notamment de sexualité. Je veux que l’on se sente libéré par la parole.
Vous abordez aussi la méditation de pleine conscience, que vous pratiquez. Cela vous aide-t-il au quotidien ?
E. L. – La méditation fait ralentir le rythme cardiaque. Dans la vie de tous les jours, on est souvent en apnée, on respire mal, on ne prend pas le temps de se poser… La méditation amène à être en pleine conscience, en pleine présence. Il faut apprendre à écouter son cœur battre, mais au niveau spirituel. Pour autant, je n’aime pas l’injonction à méditer. Je n’aime pas quand on impose les choses. Méditer, cela peut se faire en pleine nature, lors d’une marche en forêt… Mais aussi, on peut simplement écouter, être silencieux. Méditer, ce n’est pas forcément être assis en tailleur ! Il faut un peu désacraliser tout ça.
Pour vous, le mot-clé, c’est la bienveillance…
E. L. – J’ai appris à être bienveillante, et ce, même avec des personnes qui ne le sont pas en retour. Les énergies négatives, je les sens, je les vois chez les autres, et je les chasse. C’est parfois difficile, notamment avec les réseaux sociaux. Je communique pas mal avec mon public via mon compte Instagram, car les gens aiment le partage. Mais, parfois, on se prend des commentaires violents en pleine face !
I. S. – Instagram, c’est pour moi un outil de travail, j’y poste pas mal de mes photos de mannequin. Mais je trouve que les réseaux sociaux imposent de se protéger encore plus. Instagram, ça peut rendre parano, on est très vite jugé, et ce que l’on y dit peut être repris ou déformé. Quelquefois, ça me démange de répondre aux commentaires désagréables, mais je me retiens !
Ce mois-ci, cela fait deux ans exactement que Johnny nous a quittés. Parvenez-vous à rester sereines face à tout ce qui entoure cet événement ?
E. L. – Je suis là pour protéger mes filles et, moins elles seront éclaboussées par tout ça, mieux ce sera. Toute cette histoire est très intime et, en cela, elle n’appartient qu’à la famille.
I. S. – Certains voudraient savoir à tout prix ce que l’on pense. Mais on doit se protéger et rester discrets. Pourquoi devrait-on, nous, étaler partout nos affaires familiales ? Nous sommes aussi une famille comme les autres.
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