Février 2019. La rappeuse Cardi B apparaît sur le tapis rouge des Grammy Awards et fait sensation. La cause ? Elle arbore une robe confectionnée sous la forme d’un coquillage ouvert, faisant de la personne qui la porte la perle dissimulée à l’intérieur.

Ce qui rend cette tenue si incroyable, c’est qu’a contrario des vêtements qu’on voit habituellement sur le tapis rouge, généralement issus des dernières collections de designers, il s’agit une pièce de la collection Couture Thierry Mugler pour l’automne-hiver 95-96. 

Référence au tableau de Botticelli, La naissance de Vénus, cette robe avait en effet défilé à l’occasion du vingtième anniversaire de la maison de mode iconique des années 80. 

La deuxième rappeuse de l’histoire à dominer les ventes en solo après Lauryn Hill n’est pas la seule à mettre au goût du jour des pièces de mode mythiques des années 90. 

Depuis quelques mois, la chanteuse pop Rihannala mannequin Bella HadidBeyoncé, Emily Ratajowski, Kendall Jenner ou encore Kim Kardashian ont fait plusieurs apparitions dans des tenues issues des archives de maisons de luxe. 

Parmi leurs favorites : le Christian Dior de John Galliano, mais aussi Yves Saint LaurentVersace, Azzedine Alaïa ou encore Jean Paul Gaultier. 

Femmes des années 80 & 90

Le résultat n’est pas pour nous déplaire tant la décennie choisie a su faire rimer la mode avec une certaine idée de l’extravagance et du spectaculaire. 

Des moments que ces célébrités semblent vouloir recréer comme l’a prouvé Cardi B en avril 2018 en recomposant une photo iconique du mannequin Linda Evangelista lors d’un de ses concerts (voir photo ci-desosus, ndlr).

Si cette fois-ci, Chanel était la référence, son styliste Kollin Carter semble quant à lui maîtriser parfaitement les archives de Thierry Mugler.

Lors de cette même cérémonie des Grammy Awards, Cardi B a en effet porté deux autres tenues de l’iconique collection Mugler automne-hiver 95-96 : une combinaison noire tachetée de léopard ainsi qu’un manteau violet, une robe fourreau en crêpe blanche, décolletée sur les épaules dont les gants et le dos sont agrémentés de franges nacrées. 

« Cette robe vaut amplement le fait qu’elle empêche de marcher normalement. Je savais qu’elle [Cardi B] serait contente de piétiner sur le tapis », s’est à ce propos réjouit son styliste.

Semblant prendre goût au vintage, la mannequin a d’ailleurs fait depuis plusieurs apparitions avec les sacs cultes de plusieurs maisons de mode tel que le sac bowling de Chanel, conçu au début des années 90, le saddle bag de Dior par John Galliano -imaginé au début des années 2000- ou encore le mini-sac bowling de Dior (toujours Galliano) vu pour la première fois dans les 90’s.

Alaïa et Thierry Mugler vintage, un retour sur les tapis rouges

Mais celles qui semblent avoir décidé de miser à fond sur cette nouvelle tendance, ce sont bien les soeurs Kardashian. 

Notamment Kendall & Kylie Jenner et, surtout, Kim Kardashian. L’influenceuse la plus célèbre de notre époque fait depuis quelques temps de nombreuses apparitions dans des pièces d’archives des plus grands designers.

On l’a récemment vue dans une combinaison ultra-moulante et léopard assortie de son manteau issus d’une collection Alaïa et de nombreuses pièces issues des collections de Thierry Mugler. 

Son inspiration ? De nombreux looks portés par la supermodel Naomi Campbell dans les années 90 croient savoir quelques internautes finauds.

Mi mars, les fashion justiciers de Diet Prada publiaient notamment sur leur compte Instagram un diaporama mettant face à face toutes les fois où l’ex-femme de Kanye West a repris un look  du top model. 

La combinaison noire au motif léopard signée Mugler ? Portée par Naomi Campbell lors du défilé Alaïa pour l’automne-hiver 1991/1992. 

La robe nuisette violette et bleue ? Naomi Campbell la glissait déjà sur elle pour le défilé Versace 1996. Versace encore, la robe fourreau argenté de la collection 1998 que Kardashian a porté en 2018 à l’instar de Naomi Campbell qui l’arborait déjà en 2015.

Kylie Jenner n’est pas en reste d’après le radar de Diet Prada qui pointe également une photo Instagram sur laquelle elle semble reproduire un look porté par Campbell sur le podium Rifat Ozbek pour le printemps-été 1995. 

https://www.instagram.com/p/Bu650x_lW_m/

Empowerment et héritage

« Les célébrités sont payées pour porter des marques de créateurs, par conséquent tout le monde a la même apparence. On sait désormais qu’ils sont devenus des panneaux publicitaires. Le vintage est une démonstration d’indépendance, d’intégrité et de style à un tout autre niveau », remarque Gill Linton, journaliste fondatrice de Byronesque une application de mode vintage de luxe. 

Sur son application et son site, on trouve des merveilles vintage venues des collections d’Azzedine AlaïaComme des Garçons, Helmut Lang ou encore Martin Margiela. 

Dernièrement, ce sont aussi les re-issue, la mise en production de pièces issues d’anciennes collections de créateurs cultes qui ont mis le projet sous les projecteurs de la mode. En partenariat avec Farfetch, Byronesque a notamment remis en vente des pièces siglées Claude Montana. 

https://www.instagram.com/p/BvKGsfTFEZ7/

Aussi, quand on lui demande pourquoi ce sont surtout les années 90 qui semblent avoir les faveurs de ces célébrités aujourd’hui, Gill Linton répond sans langue de bois : « C’était la dernière fois que la mode était vraiment indépendante. Maintenant que la mode est si commerciale, les gens aspirent à une époque plus libre en terme de créativité. C’est une réaction, même une protestation contre la marchandisation de la mode. Les gens veulent à nouveau devenir un fantasme. C’était amusant, pas encore financé par les réseaux sociaux. C‘était pour l’amour de la mode et pas pour les likes ! », argue la spécialiste du vintage.

Il serait donc question de se distinguer. Mais pas seulement.

« Les années 80-90 ont aussi marqué la période des femmes de pouvoir, bien qu’à l’époque, il s’agissait d’une fausse perception puisqu’elles étaient loin d’être les égales des hommes », ajoute Gill Linton qui rappelle l’avènement des Supermodels comme Linda Evangelista ou encore Naomi Campbell.

Ainsi, la reprise en main de cet héritage mode précis n’a rien d’anodin à une époque où les femmes ne déplorent pas seulement l’inégalité entre les sexes mais cherchent à prendre leur place. Et la spécialiste de conclure : « elles ne portent plus les vêtements pour se sentir puissantes, elles portent des vêtements puissants parce qu’elles le sont.« 

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