Ce n’est plus un scoop depuis longtemps : nous sommes dans une société de l’hyperconsommation et c’est un des aspects de nos vies qu’il faut changer. Non pas en raison du cratère abyssal que ce hobby consumériste tend à créer au milieu de nos finances, mais tout simplement parce qu’il tend à détruire la planète et ceux qui l’habitent.
Problème ? On a beau intégrer ce nouveau paradigme dans nos cerveaux formatés, acheter uniquement de la seconde main et faire revivre les friperies de quartier, boycotter Zara et les enseignes publiquement liées à l’exploitation des Ouïghours, apprendre à raccommoder nos sapes usagées ou à embrasser la tendance de la capsule wardrobe… on est encore loin d’une consommation textile placée sous le signe de l’écoresponsabilité.
Et pour cause, le mouvement même consistant à lutter en faveur d’une industrie de la mode plus respectueuse des principes de développement durable se révèle miné par des problématiques et des contradictions qui tendent invariablement à freiner sa démocratisation.
Critiqué pour son whitewashing et son manque de diversité, le fashion activism est souvent régulièrement accusé d’ethnocentrisme de classe, les militants dénonçant les méfaits de la fast-fashion se heurtant immanquablement aux limites socioéconomiques d’une grande majorité de la population pouvant difficilement se vêtir autrement.
D’autres voix s’élèvent également pour pointer les limites environnementales d’une potentielle future hégémonie de la seconde main et du don aux associations, dénoncer le greenwashing ambiant ou rappeler l’impérieuse nécessité de décoloniser un combat qui oppose une fois de plus pays du Nord et pays du Sud.
Céline Semaan, la pédagogie pour arme
https://www.instagram.com/p/CkTVcs1AfBI/
Créatrice engagée, journaliste reconnue, militante infatigable, Celine Semaan est de toute évidence une femme de front.
Activiste libano-canadienne aujourd’hui basée dans l’État de New York, celle qui popularise en 2010 le terme de fashion activist est convaincue que la mode peut se muer en puissant instrument de sauvegarde de l’environnement et de justice sociale.
C’est ainsi qu’en 2012, elle fonde Slow Factory, une ONG qui agit en faveur d’une mode durable, tant sur le plan écologique qu’humain, sensibilisant jeunes designers et marques multinationales à l’écoconception de leurs collections.
Une approche frontale et pédagogique gratuite et ouverte à tous. Il suffit de s’inscrire !
Chloé Cohen, la podcasteuse engagée
https://www.instagram.com/p/B86dBSkIAcX/
Fondatrice du podcast Nouveaux Modèles, la journaliste française Chloé Cohen s’applique à donner la parole à des femmes engagées en faveur d’une mode écoresponsable, qu’elles soient stylistes, créatrices, entrepreneures ou activistes.
Elles y racontent leurs parcours, leurs valeurs, leurs projets, mais aussi leurs doutes et leurs échecs, sur fond de féminisme assumé et d’écologisme revendiqué.
Des entretiens inspirants et bienveillants qui permettent en filigrane de démocratiser le débat autour de thématiques a priori complexes tout en dévoilant les coulisses parfois obscures d’une industrie textile en pleine mutation. Un must.
De même, sur son compte Instagram, Chloé Cohen décrypte des phénomènes et appellations courantes attachées à l’industrie de la mode. Labellisation « Made in Europe », l’impact de la modosphère sur la pollution, focus sur certaines matières… Vous saurez tout.
Venetia La Manna
https://www.instagram.com/p/CN7-P-psPD2/
« Ask why before you buy ! » (Demandez pourquoi avant d’acheter). Tel est le mantra de Venetia La Manna, cette britannique qui se définit allègrement comme une « hypocrite en voie de guérison ».
D’ultra-consommatrice à activiste engagée en faveur d’une “fair fashion”, Venetia documente sur son compte Instagram son parcours de fille (presque) comme les autres devenue aujourd’hui militante reconnue.
Co-fondatrice de Remember Who Made Them, une plateforme doublée d’un podcast visant à créer un mouvement de solidarité en faveur des travailleurs textile, elle intervient régulièrement sur les médias britanniques pour sensibiliser l’opinion sur les relations dangereuses entre mode et crise climatique.
Nayla Ajaltouni, la porte-parole éclairée
Experte en économie du développement et des pays du Sud, Nayla Ajaltouni est aussi la coordinatrice du collectif Ethique sur l’étiquette, une organisation créée en 1995 qui regroupe une vingtaine d’associations de solidarité internationale, de syndicats, de mouvements de consommateurs et d’éducation populaire.
Branche française de l’association Clean Clothes Campaign, cette initiative contribue à lutter pour de meilleures conditions de travail des ouvrier·ères textile dans le monde entier, et plus généralement au respect de leurs droits fondamentaux.
Leur revendication phare ? Instaurer « un salaire vital » dans l’industrie de l’habillement afin d’assurer à chacun de ces travailleur·euses et leur famille un niveau de vie décent. Tout un combat.
Aja Barber, la miltante qui voit la mode à 360°
https://www.instagram.com/p/CmG3FIao81a/
Avec plus de 250 000 abonnés, le compte de Aja Barber – écrivaine, styliste et consultante résidant à Londres – est devenu un incontournable en matière de réflexions croisées autour de la mode et de l’écologie mais aussi du racisme, du colonialisme ou encore du féminisme intersectionnel.
Questionnant les conditions de travail appliquées par l’industrie textile comme les implications socioculturelles de la fast-fashion, ses posts Instagram conçus tels des micro-billets de blog invitent à la réflexion mais aussi aux petites et grandes actions, tout en restant accessibles au plus grand nombre.
La bonne nouvelle ? Elle a sorti en 2021 son premier livre – pour l’instant disponible uniquement en anglais – intitulé Consumed: On colonialism, climate change, consumerism & the need for collective change.
Bref, un parfait guide 2.0 pour avancer plus éclairé·es dans les sombres méandres de la mode.
Aditi Mayer, la photo-journaliste qui lutte pour une justice sociale en mode
https://www.instagram.com/p/CqBITAvJ5gE/
Lassée du manque de diversité dans la mode écoresponsable, la photojournaliste et experte mode Aditi Mayer lance en 2014, juste après l’effondrement de l’usine du Rana Plaza, un blog questionnant les frontières entre mode, écologie et justice sociale.
Son nom ? Adimay. Son motto ? Décoloniser la mode et le développement durable avec un sens critique et une inépuisable curiosité, interrogeant les fondements historiques et sociopolitiques qui permettent encore aujourd’hui à l’industrie de la mode de fonctionner grâce à l’exploitation de l’environnement et d’une certaine main-d’œuvre.
Conférencière, elle fait également partie du Council of Intersectional Environmentalist et State of Fashion.
En 2022, elle a eu pour projet de documenter l’impact social et environnemental des chaînes d’approvisionnement textile en Inde. Tout un programme.
Elizabeth L Cline, la journaliste qui veut changer nos vestiaires
https://www.instagram.com/p/B7jkTtSHkLS/
Journaliste new-yorkaise spécialisée dans la mode éco-responsable, Elizabeth L Cline publie en 2012 Overdressed : The Shockingly High Cost of Cheap Fashion dans lequel elle dresse un portrait au vitriole de la fast-fashion et ses conséquences socio-environnementales.
Elle est alors l’une des premières à vulgariser ces problématiques dans une Amérique ultra-consumériste.
Dans son second livre, The Conscious Closet (2019), elle poursuit son approche pédagogique en fournissant des outils concrets à ses lecteurs pour appréhender leur vestiaire de manière plus consciente et responsable.
Convaincue que les consommateurs peuvent être (aussi) vecteur de changement, elles les invitent à faire pression sur les marques non-respectueuses des principes du développement durable, tout en militant pour un changement structurel à grande échelle au niveau législatif comme industriel.
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