- Mylène Farmer a dévoilé ce vendredi son nouveau titre, A tout jamais.
- Un nouveau morceau composé et réalisé par l’artiste Woodkid.
- De son enfance à Lyon à ses collaborations avec Lana Del Rey, Rihanna ou Moby en passant par sa musique exigeante, pourquoi Mylène Farmer a fait le bon choix ?
Quatre ans après son dernier album Désobéissance, Mylène Farmer a dévoilé ce vendredi sur les plateformes musicales son nouveau titre, composé et réalisé par son ami Woodkid. Intitulé A tout jamais, le premier extrait du douzième album de la chanteuse, sur lequel Woodkid a travaillé aux côtés de Moby, Archive et AaRO, aborde, sur un rythme entêtant, une rupture amoureuse douloureuse et vengeresse. « Ça se passe extrêmement bien. On ne peut pas en parler, car j’imagine que vous savez le secret qui entoure ce projet, mais c’est un projet absolument formidable. Elle est formidable ! C’est un honneur pour moi », a commenté Woodkid au micro de Radio Canada le 5 juillet. Portrait de l’artiste lyonnais, d’origine polonaise, aux multiples lunettes et casquettes internationalement reconnu, qui colle si bien à l’univers de Mylène Farmer !
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Un enfant « fasciné par les choses visuelles et sonores »
Né le 16 mars 1983, Yoann Lemoine, dit Woodkid, a vu le jour à Tassin-la-Demi-Lune (Rhône) et a grandi aux alentours de Lyon, près de Villefranche-sur-Saône. « Je suis né d’un père français et d’une mère polonaise. Mon enfance est marquée par des voyages d’été en Pologne, juste après la chute du Mur », explique-t-il aux Inrocks. L’imagerie de l’Europe de l’Est est une influence qu’il revendique encore aujourd’hui dans son travail.
Et de poursuivre : « J’ai toujours été fasciné par les choses visuelles et sonores. Petit, je passais des heures à analyser les ombres portées, à comprendre comment ça marchait. J’essayais de mettre mes yeux à hauteur d’un verre pour annuler la perspective. »
Son père, publicitaire, lui offre un Macintosh à l’adolescence : « Je me suis initié à Photoshop et j’ai commencé à fabriquer des images digitales », raconte-t-il à L’Obs en 2020. Il s’initie aux arts appliqués à l’école Emile-Cohl à Lyon où il obtient son diplôme de dessinateur concepteur avec mention. Il s’installe ensuite en Grande-Bretagne pour suivre un cursus de sérigraphie à l’Université de Swindon.
Un réalisateur de clips « chanceux »
Il s’installe à Paris en 2004 et fait ses armes en travaillant sur le film Arthur et les Minimoys pour Luc Besson et comprend qu’il ne peut être « salarié sous les ordres de quelqu’un. » Il réalise une série d’esquisses pour Sofia Coppola pour le film Marie-Antoinette en 2006. « Le dessin me frustrait par son manque de mouvement, donc j’ai commencé à faire des films », explique-t-il à Libération en 2013.
En 2007, il met en scène son premier clip, Evergreen pour Axelle Renoir. « J’ai d’abord réalisé des clips pour des copains, puis pour Yelle, et ensuite, le bouche-à-oreille a fonctionné : Moby, Katy Perry, Taylor Swift, Rihanna et Drake, Lana del Rey », résume-t-il.
On lui doit notamment les clips de Ce Jeu pour Yelle, Faut-il, faut-il pas ? pour Nolween Leroy, Mistake pour Moby, Born to Die et Blue Jeans de Lana Del Rey, Take Care pour Drake et Rihanna ou ou encore Teenage Dream pour Katy Perry.
Sur le fait que les artistes du monde entier s’arrachent son talent, il déclare : « La première fois, je n’ai pas compris. Quand le mail de Katy Perry est arrivé dans ma boîte, j’ai cru à une blague. Puis quand j’ai compris qu’elle me voulait vraiment, je me suis senti chanceux et aussi hyperpaumé », s’étonne-t-il encore dans les colonnes de Libération.
Woodkid, « un vieux truc que je trouvais cool »
« Comme en parallèle, j’avais une formation de musicien, je me suis mis à injecter de la musique dans mes vidéos. Puis en 2008, j’ai rencontré Pierre Le Ny, manager du label indépendant GUM, qui m’a signé », il lance le projet Woodkid.
« C’est un nom qui connote l’enfance (kid, enfant), et quelque chose d’organique (wood, le bois). Si j’ai envie de faire une musique très métallique et très adulte, ça devient un peu plus compliqué. C’est un vieux truc que je trouvais cool et que je changerais très volontiers si je pouvais aujourd’hui », explique-t-il à nos confrères du Progrès.
Une exposition à la « célébrité de manière soudaine »
Son premier single, sorti en 2011, Iron, un succès vu plus de 20 millions sur YouTube, est repris sur la bande-annonce du jeu vidéo Assassin’s Creed Revelations, par Dior Homme pour le défilé collection homme automne-hiver 2013 et par Volvic pour sa campagne publicitaire de 2015.
« La rencontre de Lana del Rey a été fondatrice. En 2011, son premier single, Video Games est sorti en même temps que le mien, Iron, et nous avons tous deux été exposés à la célébrité de manière soudaine. Nous partageons les mêmes valeurs musicales : on cherche à produire de belles chansons, sérieuses, qui vont au-delà du hit de l’été », dit-il à Libération.
Un artiste gay en quête de « sens »
En 2013, il sort son premier album, intitulé The Golden Age, vendu à quelque 800.000 exemplaires.
Entretemps, Woodkid a su gérer, ou générer, l’attente en distillant deux autres clips, Run Boy Run, chanson reprise sur la bande originale du film Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan, et I Love You. « Je suis gay et c’est important pour moi d’y trouver un sens, notamment dans ma musique, dit-il à L’Obs. Le morceau I love you est destiné à un garçon, c’est explicite. C’est vrai qu’on m’a prêté des liaisons – avec Lana Del Rey par exemple –, mais je n’ai jamais prétendu être avec des filles. S’il y a une chose à propos de laquelle je n’ai jamais menti, c’est bien celle-là », raconte celui qui a signé en 2010 la campagne contre le sida pour Aides, Graffiti, vue plus de dix millions de fois sur YouTube.
« Dans mon premier album, je voulais mettre en avant tout ce dont j’aurais pu souffrir, ce qu’on essaie d’imposer aux garçons en tant que forces : la religion, l’imagerie militaire, et de faire émerger l’enfance qui entre en rébellion avec ça… Être homosexuel, c’est le rejet d’une certaine idée du monde, de refuser ce modèle-là, le désir de construire son identité comme on le désire, de faire son marché dans l’identité, dans le masculin et le féminin, ne pas répondre à une norme », détaille-t-il encore.
Il confie : « C’est un projet très envahissant, très lourd à gérer émotionnellement J’ai dû refuser des offres très alléchantes, j’ai dit non à Madonna et aux Rolling Stones. Pas par snobisme, mais pour me consacrer entièrement à l’album. »
En 2013, il signe pourtant aussi la direction artistique du nouvel album de l’artiste américain John Legend, produit par Kanye Wes et celle du clip Happy de Pharrell Williams ainsi que le concert de l’artiste américain à Coachella.
Un « esprit dark « libérateur »
En 2014, il sort un morceau d’adieu intitulé Do You Love Me After All et annonce qu’il souhaite désormais se consacrer au cinéma. Un an plus tard, il signe un duo avec la chanteuse suédoise Lykke Li, Never Let You Down, pour la bande originale du film Divergente 2 : L’Insurrection. En 2015, l’artiste JR Ellis s’attache ses services pour un single intitulé Volcano et Woodkid collabore avec Rihanna sur son album Anti. En 2016, il compose la bande originale du long-métrage du film Desierto de Jonás Cuarón et entame sa collaboration avec Nicolas Ghesquière avec qui il fera une dizaine de défilés. La même année, il rencontre le pianiste expérimental Nils Frahm. Ils composent ensemble la matière de l’EP Ellis, une série de pièces minimalistes éditée sur le label de jazz et expérimental ECM.
Son second album, S16 sort en 2020 en pleine pandémie : « J’adore les symboles, c’est quelque chose de très excitant en termes de narration. S16 ça évoque la toxicité, l’idée de l’infection et des sentiments troubles qui flottent dans l’air. Je pensais que l’album allait sortir dans un moment plus apaisé, mais c’est vrai que ça prend un autre sens aujourd’hui », analyse-t-il alors pour Le Progrès.
Des percussions, des basses puissantes et une sorte de roulement mécanique en fond… Pas étonnant que Mylène Farmer ait choisi cet artiste aux mille talents pour composer son requiem electro-pop évoquant l’emprise, les démons et l’enfer. « Chez moi, l’esprit dark de mon travail est une libération », expliquait-il déjà à Libération en 2013.
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