- Début juillet, Netflix a mis en ligne « Wham ! », un documentaire sur le duo britannique.
- Le film retrace en quatre-vingt-dix minutes la naissance et l’ascension du groupe fondé par George Michael et Andrew Ridgeley. Il se penche sur ses plus grands succès, de « Wake Me Up Before You Go-Go » à « Last Christmas ».
- Machine à tubes, concert historique en Chine, coming-out impossible… Voici ce que nous apprend ce documentaire tout en nostalgie.
« Wham ? Mais c’est quoi, Wham ? » Pour certains, le groupe des années 1980 n’évoque rien ou presque. Pour que cela fasse tilt, il faut généralement ajouter : « Mais si, le groupe qui a fait connaître George Michael ! ». En revanche, quand on se met à fredonner l’un des nombreux succès du duo britannique, la magie opère. Wake Me Up Before You Go-Go, Last Christmas, Clup Tropicana… En quatre ans seulement d’existence, de 1982 à 1986, Wham ! a donné vie à une flopée de tubes. Des titres vitaminés et entraînants toujours présents dans les esprits et qui font encore recette en soirées (du moins celles qui en valent la peine).
Netflix consacre un documentaire à ses deux créateurs, la star mondiale George Michael et son acolyte Andrew Ridgeley, beaucoup moins connu du grand public. Chris Smith, le réalisateur de ce film de 90 minutes, à qui l’on doit déjà le docu sur le Fyre Fest, se penche sur la trajectoire de ce groupe, de sa création à sa dissolution. Soit l’histoire d’une amitié indéfectible entre deux jeunes hommes et de leur ascension triomphale et fulgurante. Machine à tubes, concert historique en Chine, coming-out impossible… Ce documentaire tout en nostalgie nous apprend (ou nous rappelle) plein de choses.
Une longue histoire d’amitié
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Wham ! n’est pas qu’un boys band de plus dans l’histoire de la pop, un binôme monté de toutes pièces par une maison de disques. Au contraire, ce que met en valeur le documentaire, c’est la solide amitié qui lie le duo depuis l’adolescence. Georgios Kyriacos Panayiotou – qui prendra plus tard le nom de scène George Michael – et Andrew Ridgeley, se rencontrent dans un collège de Londres. Le premier est timide et se présente comme « grassouillet » avec une « drôle de dégaine ». Le second est beaucoup plus sûr de lui et entreprenant. Ensemble ils écrivent des sketchs, des saynètes humoristiques puis des chansons. « On était comme des frères, on s’amusait », explique Andrew en voix off. « Yog – le surnom de George – et moi avions la même vision des choses », ajoute-t-il.
On découvre ainsi dans quelles circonstances ils fondent Wham ! et comment chacun croit au talent de l’autre. Des archives touchantes, des photos ou des vidéos, dévoilent les délires de ces deux jeunes hommes qui assument totalement leur légèreté et leur pop adolescente. Mais on observe aussi comment Andrew a su s’effacer pour laisser peu à peu la place au talent grandissant de George. En lui laissant d’abord la main sur l’écriture des chansons, ou en lui cédant de bonne grâce ce qui deviendra l’un des plus grands succès du chanteur, Careless Whisper, pourtant écrit à deux.
D’où vient « Wake Me Up Before You Go-Go » ?
Andrew Ridgeley se souvient avoir épinglé un mot sur la porte de sa chambre à l’adresse de George : « J’avais fait une faute, j’avais écrit « wake me up up [au lieu de « wake me up », « réveille-moi » en français] before you go. J’ai donc doublé la dernière syllabe : Wake Me Up Before You Go-Go ». « Je trouvais ce titre génial, commentait George Michael, et les gens ont adoré. »
S’il s’agit peut-être de l’anecdote la moins fun du monde, la chanson est devenue leur plus grand tube. Wham !, c’est aussi ça, cette candeur assumée et ce goût pour une pop sans prise de tête. Une fraîcheur que l’on retrouve aussi dans les images de tournages des clips Club Tropicana ou Last Summer, inspirés de leurs virées en boîte de nuit ou en vacances.
Un mal-être latent
A mesure que grandit le succès de Wham !, s’accroît aussi le mal-être de George Michael. En filigrane de ces souvenirs et images d’archive, se détache le coming-out impossible du chanteur, enfermé notamment dans cette image d’idole pour adolescentes.
S’il confie très tôt à Andrew être bisexuel, il décide de ne pas en parler publiquement et élude sans cesse la question auprès des journalistes. Les clips des chansons cultivent quant à eux cette image de tombeur auprès des filles, mettant en scène un George Michael badin et séducteur. On le quitte à l’aube de sa carrière solo, en 1986, où il décide de prendre son envol. Il ne dévoilera toutefois son homosexualité que douze ans plus tard et de façon contrainte.
Une tournée historique en Chine
Et si on vous disait que Wham ! a marqué à sa manière l’histoire géopolitique des années 1980 ? En avril 1985, le groupe se rend en Chine pour une série de concerts. Il devient alors le premier groupe occidental à se produire en Chine communiste. On les voit se promener sur la Grande Muraille, se faire prendre en photo avec un petit garçon en tenue militaire et remplir des salles entières. « A Pékin la nuit dernière, deux hommes ont fait leur révolution culturelle », commente une journaliste américaine qui les interviewe en duplex au lendemain de leur concert.
« Pourquoi pensez-vous que Wham ! a pu jouer en Chine ? », leur demande-t-elle. « Ils nous trouvent inoffensifs, on n’incarne pas vraiment le rock-and-roll. On représente davantage le show-business, la pop », répond George Michael. Le but de l’opération ? Faire de l’œil à distance aux Etats-Unis où le duo peine encore à se démarquer. Le plan fonctionne car cette tournée marque les esprits. La presse américaine multiplie les articles et fait de Wham ! un phénomène mondial.
La naissance de George Michael
S’il y a bien un bémol à noter dans ce documentaire, c’est qu’il s’arrête à la séparation du groupe alors qu’on meurt d’envie de connaître la suite. Car, au-delà de Wham !, le film retrace évidemment l’ascension de George Michael, du jeune homme introverti à l’auteur de talent et la bête de scène. Un début de carrière consacré en 1985 par le prix du meilleur auteur de l’année à la cérémonie Ivor Novello Awards, des récompenses prestigieuses britanniques.
« C’est l’un des meilleurs auteurs britanniques depuis longtemps (…) Sur scène je le compare à Gibb, MacCartney ou Lennon », estime Elton John qui lui remet ensuite le prix. « C’est la chose la plus importante que j’ai jamais reçue et qui me soit arrivé », déclare George Michael, en larmes, aux côtés de son idole. La suite de sa carrière dans un prochain épisode ?
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