Certains partagent leurs vêtements, d’autres font goûter leur plat au restaurant… Alors pourquoi ne pas partager son rouge à lèvres ou sa crème de jour ? On fait le point avec Sophie Strobel, biologiste, cosmétologue et consultante pour la marque Talika et le Dr. Flora Fischer, auteur de Confidences d’une dermatologue

Le danger du partage des produits de beauté, mythe ou réalité ? 

« Pour des raisons de contamination, notamment quand on prélève le produit avec les doigts ou qu’on l’applique directement sur la peau, il faut éviter de partager ses produits de beauté », explique d’emblée Sophie Strobel. Le risque ? Développer une infection bactérienne comme de l’herpès, une conjonctivite voire dans les cas les plus extrêmes, un staphylocoque doré. 

Toutefois, précise le Dr. Fischer, pas de quoi s’affoler, les cas restent « très rares » car la peau est une surface protectrice : « Pour qu’il y ait infection – hormis un contact par les muqueuses (les lèvres ou les yeux) – il faut qu’il y ait une effraction cutanée, comme une plaie, pour qu’une bactérie puisse rentrer et provoquer une infection », ajoute la dermatologue.  

Partager ses cosmétiques ne serait donc pas aussi grave que ce que l’on pourrait penser comme le signale Sophie Strobel : « Si l’on dit qu’il ne faut pas partager ses produits de beauté, c’est avant tout pour éviter les contaminations croisées. C’est un principe de précaution car nos cosmétiques possèdent tous des conservateurs et les formulations sont pensées pour que, même avec notre propre contamination – nos mains ne sont jamais complètement propres, même si on les lave, il reste toujours des bactéries – les produits soient sûrs. » 

Même constat pour le Dr. Fischer qui ajoute que « partager ses produits avec quelqu’un avec qui l’on habite ce n’est pas très grave, vu que l’on partage déjà tout le reste. Par contre, si c’est avec votre groupe d’ami.e.s, c’est plus compliqué parce que vous ne savez pas qui a été touché par une infection ».   

Les produits cosmétiques qu’il faut éviter de partager 

La règle à suivre ? « On ne partage pas les produits en pots, qui se prélèvent au doigt ou qui s’appliquent avec un embout directement sur la peau« , recommande la biologiste et cosmétologue. Aussi, les crèmes et autres cosmétiques que vous utilisez ne sont peut-être pas adaptés à toutes les peaux comme le rappelle l’experte : « Nous n’avons pas tous les mêmes besoins. Un sérum qui convient à untel, ne le sera peut-être pas pour quelqu’un d’autre que ce soit par rapport à la texture ou aux actifs. » Sans mentionner le fait que certains de vos proches utilisent peut-être sans le savoir des produits cosmétiques périmés. 

Alors, même si la tentation de tester le nouveau mascara de votre meilleur.e ami.e est grande, mieux vaut s’abstenir. Avec leur packaging opaque et leur formulation qui a tendance à sécher avec le temps, des bactéries, champignons et virus peuvent s’y loger, « surtout qu’à chaque application la brosse vient brasser de l’air, ce qui va les nourrir », ajoute l’experte. 

Quant aux rouges à lèvres, prudence encore : « Le virus de l’herpès n’est pas très résistant, donc il faudrait vraiment que ce soit quelqu’un qui vienne de mettre du rouge à lèvres et qui vous le prête tout de suite après pour que vous l’ayez. Si c’est un rouge à lèvres qui est resté inutilisé pendant longtemps, vous avez moins de risques », précise le Dr. Flora Fischer. 

Autre produit à surveiller, les pinceaux de maquillage : « Si l’on a de l’acné, on va mettre des bactéries P. acnes sur les pinceaux qui vont ensuite se propager sur le voisin. Cela ne veut pas forcément dire que ça va donner de l’acné à la personne mais c’est quand même mieux d’éviter », analyse Sophie Strobel. Même pour soi, il est donc important de les laver régulièrement, avec des solutions prêtes à l’emploi ou avec un peu d’eau et de savon pour éliminer toutes les bactéries qui s’y trouveraient.

Le bon conseil pour limiter les risques ? Manipuler ses produits avec des mains propres et les appliquer sur une peau propre, les stocker à l’abri du soleil et de l’humidité sans oublier de bien les refermer après chaque utilisation. 

Les produits cosmétiques que vous pouvez partager sans risque 

Heureusement, tous nos produits de beauté ne sont pas à usage exclusif. Les palettes de fards à paupières en poudre ou les poudres pour le teint « ont très peu de chances d’être contaminées par des bactéries », révèle Sophie Strobel. Autre produit que vous pouvez partager sans crainte, les appareils électroniques de beauté qui se nettoient très facilement à l’eau et au savon ou avec un peu d’alcool. 

Par contre, méfiez-vous des savons solides qui peuvent se transformer en nid à bactéries s’ils sont utilisés par beaucoup de personnes : « Le but premier de l’avènement des savons liquides c’était justement pour éviter qu’il y ait des germes qui restent dessus », explique le Dr. Fischer. Cependant, à ce jour aucune étude n’a pu démontrer qu’un savon solide transmettait des infections.  

Enfin, si vous avez l’habitude qu’on utilise vos produits de beauté, investissez peut-être dans des crèmes, sérums ou fonds de teint distribués en flacon pompe, bien plus hygiéniques qu’en pots. 

Et les testeurs en libre-service dans les magasins ? 

Très pratiques pour voir la texture d’un produit, vérifier la tenue d’un rouge à lèvres ou la teinte d’un fond de teint, les testeurs en magasins sont à manier avec précaution. « De manière générale, c’est mieux d’éviter d’utiliser les testeurs car ils sont énormément utilisés au long de la journée par des personnes qui n’ont pas les mains propres », indique Sophie Strobel. Si jamais vous vous y risquez, pensez donc à bien vous laver les mains après. 

Depuis la pandémie, toutes les enseignes ont mis en place des protocoles d’hygiène renforcés. Chez Sephora par exemple, les testeurs de maquillage avaient été retirés des étagères en mai 2020 lors de la réouverture des magasins pour éviter la propagation du virus.  

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