L’enquête a été menée en décembre 2021 par une association étudiante de cette prestigieuse école d’ingénieurs, la Cellule de sensibilisation et d’information sur la sexualité (Cassis), et révélée par Le Monde, mardi 21 juin 2022.

L’ensemble des actuels étudiants d’AgroParisTech, des élèves de première année aux doctorants, ont été questionnés.

Les alarmants résultats de l’enquête interne 

La Cassis a récolté 566 réponses complètes au total, soit 58% de réponses. À l’aide de celles-ci, elle a recensé 526 comportements ou propos discriminatoires ou à connotation sexuelle sans contact physique. Les auteurs de ces faits sont en majorité des étudiants, mais dans une quarantaine de cas, ils ont été commis par des enseignants ou du personnel de l’école parisienne.

141 élèves (presque un quart des répondants) ont aussi déclaré avoir été victimes d’agression sexuelle au cours de leurs cursus et 17 (16 femmes et une personne non-binaire) de viols.

76% des violences sexuelles avec contact physique ont été subies par des femmes, 58,8% ont été commises par des hommes. On compte notamment dix cas de stealthing, c’est-à-dire, de retrait non-consenti de préservatif. 

Ces agressions sexuelles et viols décrits ont eu lieu particulièrement lors d’évènements d’intégration et des soirées étudiantes.

La justice saisie

« L’ampleur est importante », a réagit auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Laurent Buisson, directeur général d’AgroParisTech, mardi 21 juin 2022.

L’homme, dont les déclarations à l’AFP ont été relayées par BFM TV, entre autres, assure avoir pris connaissance du rapport définitif de l’association étudiante dimanche 19 juin, et avoir écrit à la procureure de la République dès le lundi 20 juin.

« Pour la période couverte par cette enquête, c’est-à-dire les quatre dernières promotions, nous savions déjà qu’il y avait eu des affaires. Il y avait eu deux saisines de la section disciplinaire, avec des sanctions, et des signalements au procureur de la République. Mais là, ce dont on a pris la mesure, c’est le nombre d’affaires qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous« , commente-t-il.

Laurent Buisson indique que l’école d’ingénieurs va « déployer un plan d’action à la rentrée » de septembre 2022. 

Un dispositif d’écoute sera notamment mis en place par l’institut, afin de « retirer une trop lourde responsabilité » assumée par la cellule étudiante depuis trois ans.

« On va chercher à avoir des référents externes à l’école, on va chercher des partenariats avec des associations ou des prestataires », prévoit-il encore, et ce, pour « assurer la présence dans les événements festifs » et mener des « enquêtes annuelles ». 

Enquêtes pour violences sexuelles dans d’autres écoles d’ingénieurs 

Ces derniers mois, les enquêtes pour violences sexuelles se sont multipliées dans les grandes écoles d’ingénieurs.

En avril 2022, Le Monde publiait les résultats d’un questionnaire interne, réalisé à l’École Polytechnique : 23% des étudiantes y affirmaient avoir été victimes d’agressions sexuelles durant leur scolarité.

Une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles avait alors été ouverte par le parquet d’Évry (Essonne).

En octobre 2021, une enquête avait été ouverte après les conclusions d’un rapport interne à CentraleSupélec cette fois. Celui-ci faisait état d’une centaine de faits de harcèlements sexuels, d’agressions sexuelles et de viols.

AgroParisTech est l’une des écoles d’ingénieurs les plus féminisées. Elle compte 65 % d’étudiantes. En comparaison, les Polytechniciennes ne représentent que 17% des élèves de leur établissement.

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