C’est les quelques mots que l’on lance généralement à celles et ceux qui n’osent pas sauter le pas avec un.e nouvel.le amoureux.se, ou qui hésitent à quitter l’entreprise familiale pour une position plus alléchante. 

“Il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets”, nous incite à suivre notre courage, quitte à y perdre quelques plumes au passage – ou d’en arracher à certaines personnes. 

Et si cette expression aux allures d’injonction célèbre le changement et enterre notre côté raisonnable, est-ce pour autant une vérité absolue ? Virginie Thunus, psychologue, nous répond. 

Remord et regret : quelles différences ? 

Avant toute chose, il convient de faire la différence entre les deux concepts qui font l’expression. Car la nuance est fine et souvent oubliée. 

“Le remord, découle de quelque chose qui s’est passé. Il est de l’ordre d’un choix, contrairement au regret, qui est le sentiment qui transpire d’un non-agissement. C’est le fameux ‘j’aurais peut-être dû’. On utilise souvent le regret pour parler d’un acte qu’on regrette, alors que c’est incorrect”, commence Virginie Thunus. 

D’ailleurs, éviter le remord est souvent interprété comme un choix noble, car courageux descendant du “on n’a qu’une vie”. Cependant, ne pas avoir de regret ne signifie pas qu’il faut foncer tête baissée sans réfléchir aux retombées de nos actions. “Là aussi, il y a parfois confusion. Dans les deux cas, c’est une question de réflexion et de temps”, note la spécialiste. 

Remord ou regret, les effets sur la psyché 

Maintenant que les termes sont posés, l’idée est de savoir s’il vaut mieux vivre sans se flageller pour ne pas avoir osé, ou en devant conjuguer avec certaines conséquences qu’on aurait finalement préféré éviter. 

“Les deux peuvent nous ronger”, démystifie la psychologue. Selon elle, le remord peut même grignoter notre santé. 

“Le remord a un impact sur notre psyché, il agit sur notre estime de soi, via la culpabilité. Dans le remord, il y a une forme d’obsession et de rumination : on ne peut pas y revenir pour changer la donne et cela peut aussi agir sur notre corps. On entre dans un cercle vicieux : on est irrité, fatigué, stressé et des maux physiques, comme la migraine ou le mal de ventre peuvent en découler”, poursuit-elle. 

Savoir faire le bon choix 

Alors, bien que la première partie de l’expression soit érigée comme la solution, il convient de ne pas prendre au pied de la lettre cette phrase populaire. 

Les deux se valent. Et même si avec le remord on se dit qu’au moins on l’a fait, il faut se demander à quel prix. Beaucoup de gens ont peur de décider, mais ils préfèrent être dans le choix, parce que le regret peut être reproché”, explicite Virginie Thunus.

Mais selon la spécialiste, il n’existe pas de choix du roi. L’important selon elle est de “sentir son pouvoir, pour ne jamais subir son choix”. 

“Il faut accepter que nous sommes maîtres de nos décisions et ne pas justifier nos actions par certaines injonctions. Une fois cette clé en main, on ne répondra plus qu’à nous et la vie sera plus simple”, termine-t-elle. 

Source: Lire L’Article Complet