Une séquence jamais-vue à la télévision française, même si elle doit bien sûr être remise dans son contexte : la course à l’élection présidentielle de 2022. Mardi 18 janvier au soir, Valérie Pécresse a été la première invitée de La France dans les Yeux, nouvelle émission de BFMTV lancée pour couvrir l’élection, où chaque candidat•e répond à un panel de 50 Français•es.
Le lancement de l’émission a posé question, alors que son présentateur, Jean-Jacques Bourdin, fait l’objet d’une plainte pour tentative d’agression sexuelle, déposée quelques jours plus tôt par une ancienne journaliste de BFMTV et RMC. Des accusations qu’il réfute. Mardi, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Avant même la tenue de l’émission, Valérie Pécresse, candidate Les Républicains à la présidentielle, a exigé de la chaîne de pouvoir réagir à l’affaire, face au journaliste âgé de 72 ans. La femme politique s’adresse à Jean-Jacques Bourdin : elle explique s’être « clairement posé la question » de sa venue à l’émission, avant de soutenir que « c’est à la justice de trancher » et qu’elle « respecte la présomption d’innocence ».
Des accusations « graves »
Mais la présidente de la région Ile-de-France ajoute : « Très clairement, ces accusations, si elles sont avérées, sont graves et doivent être condamnées », avant d’affirmer que la lutte contre le harcèlement sexuel et les violences faites aux femmes est « un combat personnel ».
De là, la candidate fait une promesse : « La loi du silence, c’est fini ». Regrettant que « trop longtemps, la société a regardé ailleurs, a fermé les yeux » et que « trop de femmes ont eu peur de porter plainte », Valérie Pécresse s’engage à ne laisser « aucune femme avoir peur de porter plainte ». « Pour que la parole se libère, il faut que les femmes se sentent soutenues. Avec moi, elles le seront », assure-t-elle.
Après son intervention, Jean-Jacques Bourdin répond qu’il a décidé « de ne pas [s’]exprimer à ce sujet », mais rappelle qu’il « conteste les faits rapportés par la presse et […] laisse la justice faire son travail ».
Les contradictions de Valérie Pécresse
Avant même sa victoire à la primaire des Républicains, Valérie Pécresse tente de faire de son genre un argument politique et progressiste, malgré des prises de position sociétales parfois conservatrices. Lors des débats sur le mariage pour tous, elle s’était fermement opposée à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels.
« Si les Français élisent une première présidente de la République, je pense que le regard changera », a-t-elle ainsi soutenu mardi soir. « Aujourd’hui, même nous, les femmes, en politique, on nous fait le procès en compétence, en autorité. J’ai entendu des choses assez incroyables durant cette campagne sur le sujet. »
La déclaration de Valérie Pécresse face à Jean-Jacques Bourdin a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. Si certains saluent les propos de la candidate, d’autres critiquent une « opération de com ». Certains rappellent qu’elle a récemment félicité l’arrivée de Maltaise anti-IVG, Roberta Metsola, à la présidence du Parlement européen.
De même qu’en 2013, Valérie Pécresse s’était félicité du non-lieu rendu en première instance contre l’ancien secrétaire d’État et maire de Draveil (Essonne) George Tron, poursuivi pour viol et agressions sexuelles : « Je pense aux épreuves qu’il a endurées. La présomption d’innocence existe-t-elle pour les politiques ? », avait-elle demandé sur Twitter. Fin 2021, celui-ci a été définitivement condamné par la justice.
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