Stars millénaires des médecines chinoise et ayurvédique, botte secrète des athlètes et joueurs d’échecs russes dans les années 50, les plantes adaptogènes reviennent sur le devant de la scène.

Ashwagandha, maca, rhodiola… L’actrice Gwyneth Paltrow, la bloggeuse Jeanne Doré (Atelier Doré) et une palanquée d’experts en médecine ou forme font l’éloge de ces actifs qui aident l’organisme à assurer face à tous les stress.

Les laboratoires planchent sur de nouvelles manières de démocratiser ces super aliments, à l’instar des nouvelles start-ups françaises Loüno et Hygée dont les poudres à diluer promettent de faire fureur au petit-déjeuner et au goûter.

« En offrant un soulagement notable aux immunodépressifs et autres profils flirtant avec le burn-out, les adaptogènes répondent concrètement aux besoins d’une époque anxiogène, nerveusement exigeante et à nos modes de vies urbains épuisants », analyse la naturopathe Emilie Kapps. Ces remèdes d’actualité devraient donc faire de plus en plus partie de notre quotidien. 

Des boosters physiques, hormonaux et cérébraux

« Une plante adaptogène augmente de manière non spécifique toutes les fonctions de l’organisme, notamment en donnant plus de tonus physique. En stimulant l’immunité – souvent entamée par le stress, elle nous rend plus résistantes face aux maladies. Certaines variétés agissent sur le versant cognitif, améliorant concentration, mémorisation, focus, vigilance, résume Caroline Gayet, diététicienne nutritionniste, spécialisée en phytothérapie et en aromathérapie.

Selon l’auteure du remarquable ouvrage Les tisanes qui soignent avec le Dr Patrick Aubé (collection Les Basiques Santé, Editions LeDuc), de nombreux végétaux adaptogènes sont des variantes du mythique ginseng rouge (d’origine coréenne) : l’Ashwagandha vient d’Inde, l’éleuthérocoque, de Sibérie, la maca, du Pérou.

Une plante adaptogène pour chaque âge de la vie

Etudiants sous stress scolaire et parental, jeunes mamans sous charge mentale maximale, adultes soumis aux deadlines serrées ou autres challenges, seniors croulant sous les soucis de santé ou liés à leurs enfants… « à chaque période de vie correspond une plante adaptogène », expose Caroline Gayet.

Idéale pour les ados et étudiants dans les années d’examens, l’éleuthérocoque est la plante de l’endurance physique et du tonus intellectuel. Elle augmentera concentration, mémoire et vigilance des studieux.

Plante anti burn-out par excellence, l’européenne rhodiola constitue l’alliée des trentenaires et quadras en pleine effervescence professionnelle et familiale. « Les mamans débordées par les tâches, la vie de couple et le travail qui réagissent au stress par la déprime ou la morosité ont tout à gagner de cette essence à la fois adaptogène et dopaminergique », pointe Caroline Gayet. La rhodiola les aidera à sortir du marasme en leur donnant du peps, de la bonne humeur et en améliorant la production de la fameuse dopamine, le neurotransmetteur qui agit sur l’envie d’avoir envie, la motivation, l’enthousiasme, la joie de vivre.

En période de péri ménopause, les femmes pourront compter sur la maca péruvienne. Considérée comme un aliment sur ses terres d’origine, la tubercule est connue pour ses effets positifs sur la libido et la fertilité. « La ménopause est un stress physiologique, tout comme la grossesse ou l’adolescence. La maca aide à mieux vivre cette étape en atténuant ses symptômes », explique Caroline Gayet. « Son action n’est pas hormonale mais elle donne la pêche, réveille les fonctions sexuelles et la libido, lutte contre la sécheresse vaginale ». 

A partir de 50 ans, l’experte préconise le ginseng rouge coréen, qui travaille sur les quatre sphères essentielles : immunitaire, physique – il freine la fonte musculaire, intellectuel – il retarde le déclin cérébral, et enfin, il réveille la libido.

L’ashwagandha, l’autre adaptogène majeure

Le ginseng indien est un tonique glandulaire qui agit notamment sur la thyroïde, ce qui en fait la plante des syndromes de fatigue chronique par excellence. Régénératrice, elle fortifie les tissus et les organes. Ses racines contiennent des stéroïdes naturels qui maximisent la résistance au stress et jugulent l’inflammation.

« Prise le matin, elle donne de l’énergie car elle soutient aussi les glandes surrénales. Elle est donc très efficace sur les personnes en hypothyroïdie et celles qui s’épuisent avec le stress », complète Caroline Gayet.

Pris le soir, l’ashwagandha aide à mieux dormir, à débrancher le cerveau pour un sommeil réparateur – indispensable contre les effets du stress. La phytothérapeute conseille donc sa prise matin et soir. Quant à Emilie Kapps, elle préconise le rituel du « Moon Milk » à siroter au coucher.

Autre effet notable : le ginseng indien active les gonades (ovaires, testicules, prostate), ce qui le rend intéressant pour les couples en mal de fertilité à cause du stress.

Une palette d’actifs à apprivoiser

Moringa, curcuma, Hydné hérisson, reishi… Il existe bien d’autres variétés adaptogènes. Méconnues, elles n’en sont pas moins efficaces et présentent souvent des effets plus spécifiques.

En plus de ses vertus tonifiante et anti oxydante, la schisandra (ou schizandra) stimule le foie, le fonctionnement cérébral et l’endurance physique. La plante chinoise est prisée des sportifs, notamment ceux qui font du trek en altitude : elle aide les alpinistes à s’adapter à la raréfaction de l’oxygène qui fait peiner le cerveau dans la coordination des mouvements par exemple. Aussi appelée baie des cinq saveurs, elle active les cinq sens au niveau du système nerveux central.

Le cordyceps, un champignon qui servait de nourriture aux Dalai Lama tibétains et empereurs de Chine, est réputé pour améliorer la vitalité sexuelle et les capacités physiques. C’est un tonique efficace pour les reins, le foie, les poumons et l’immunité. Les athlètes chinois l’adorent… Dans les cas de fatigue, l’astragale permet au corps de s’adapter au froid et aux baisses d’énergie. Elle réduit aussi les sécrétions d’hormones du stress.

L’une des moins fortes des adaptogènes, l’échinacée reste très efficace pour stimuler le système immunitaire ; la panacée face aux virus hivernaux. 

Ordonnance de rigueur !

On trouve les plantes adaptogènes en parapharmacie, boutiques bio et herboristerie. Elles se présentent sous forme de gélules, tisanes, teinture-mères ou poudre (moins chère et plus faciles à doser que la plante séchée).

Si certaines devront être choisies bio, beaucoup n’auront pas besoin de cette précaution : la majorité d’entre elles poussent à l’état sauvage. Dans le doute, on les choisira en herboristerie, où les ingrédients sont soigneusement sourcés. Pour un effet optimal, on les prescrit en cures de 3 semaines par mois, sur 3 mois, avec une posologie propre.

En naturopathie, le recours précoce aux adaptogènes permettra de limiter rapidement les dégâts occasionnés par le stress et la fatigue

Si Caroline Gayet conseille un traitement dès que l’on sent que le stress est hors de contrôle, elle appelle à consulter en amont un professionnel de médecine douce (herboriste, naturopathe, praticien ayurvédique ou en médecine chinoise), au fait de certaines contre-indications.

Les adaptogènes ne sont pas toxiques, ne génèrent pas d’accoutumance mais leur usage requiert de tenir compte du métabolisme de la personne. Sans oublier l’interaction néfaste avec certains médicaments ou quelques pathologies. Selon Caroline Gayet, les personnes bipolaires ou sous traitement antidépresseur éviteront la rhodiola. Les ginsengs et l’éleuthérocoque ne seront pas prescrits dans les cas de cancers hormono dépendants. L’ashwagandha est déconseillé sous traitement thyroïdien (Levothyrox en tête). Bien sûr, les adaptogènes sont interdites aux femmes enceintes et déconseillées aux allaitantes.

Les plantes adaptogènes en synergie

Autre intérêt de consulter un pro : une variété seule n’est pas toujours suffisante. « Par exemple l’ashwagandha en prescription unique peut ne pas être efficace sur un dérèglement de thyroïde », illustre Caroline Gayet. D’après la spécialiste, en cas de déprime grave et de sevrage, la rhodiola fonctionne mieux en binôme avec une prise de safran ou de griffonia à 16h et au coucher pour favoriser l’apport en sérotonine. L’association assure un meilleur sommeil donc une réparation plus profonde.

« En naturopathie, le recours précoce aux adaptogènes permettra de limiter rapidement les dégâts occasionnés par le stress et la fatigue afin de casser un cercle vicieux qui génère et aggrave divers dérèglements », explique Emilie Kapps.

Toutefois, ces traitements ne résolvent pas tout. « On ne fera pas l’économie d’une mise à plat de l’hygiène alimentaire et du rythme de vie », rappelle Emilie Kapps, qui invite aussi à prendre l’avis du médecin traitant. Comme tout remède de médecine douce, l’action d’une plante adaptogène s’inscrira dans une approche holistique qui visera à traiter la ou les causes du problème. Le miracle a ses limites.

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