Jugée depuis fin novembre à New York pour trafic sexuel de mineures, l’ancienne compagne du milliardaire Jeffrey Epstein ne se concentre pas seulement sur sa défense mais aussi sur une dessinatrice d’audience, Jane Rosenberg, comme le rapportent plusieurs médias anglophones.

S’il y a eu un procès important au cours des quarante dernières années, il y a de fortes chances que Jane Rosenberg l’ait observé derrière son carnet de croquis. Surnommée la «Holbein du crime», en référence au célèbre peintre allemand, l’artiste américaine est devenue une pointure dans son domaine. Et pour cause, elle a croqué les plus grandes affaires judiciaires des tribunaux du pays, où photos et caméras sont interdites.

Après l’assassin de John Lennon, Mark David Chapman, l’acteur Bill Cosby, le rappeur R. Kelly ou encore le producteur Harvey Weinstein, sa dernière «muse» controversée s’appelle Ghislaine Maxwell. Accusée d’avoir eu un rôle actif dans le réseau d’exploitation sexuelle de son ancien compagnon Jeffrey Epstein, la jet-setteuse britannique de 59 ans comparaît depuis fin novembre devant le tribunal de Manhattan à New York. Mais à la grande surprise de tous, cette dernière montre peu signe d’inquiétude. Bien au contraire, ces dernières semaines, elle narguerait presque l’accusation, en sortant elle-aussi les crayons pour dessiner…. l’illustratrice judiciaire Jane Rosenberg.

« Copines de croquis »

«C’était comme une battle de rap, avec des crayons», résume The Times qui s’est entretenu avec l’artiste mercredi 9 décembre. Jane Rosenberg et une autre dessinatrice, Liz Williams, étaient en train de croquer l’accusée pendant une audience préliminaire quand elles ont remarqué que Ghislaine Maxwell, armée d’un crayon, leur rendait la pareille.

«C’est merveilleux pour moi, se rappelle Jane Rosenberg. Je suis tellement heureuse que je veux que ça continue. J’ai besoin de voir son visage.» En effet, le seul moment où les artistes de la salle d’audience peuvent bien voir de près l’accusée dure très peu de temps : au total sept secondes, vers 8h30, instant où Ghislaine Maxwell vient rejoindre le procès.

En vidéo, « Ghislaine Maxwell dans l’ombre d’Epstein », la bande-annonce

Depuis ce moment, l’artiste et la mondaine britannique sont devenues en quelque sorte des «copines de croquis», s’amuse mercredi 15 décembre Jane Rosenberg dans The Guardian, mentionnant que la fille de l’ancien magnat de presse Robert Maxwell lui fait même parfois signe. Un jour, un de ces hochements de tête semblait lui dire «Longue journée, n’est-ce pas ?».

À quoi peut bien ressembler la touche de la «rabatteuse» présumée de Jeffrey Epstein ? Nul ne peut le savoir pour l’heure, même pas Jane Rosenberg qui a essuyé le refus de l’avocat de Ghislaine Maxwell. Interrogée face caméra par son employeur, l’agence de presse Reuters, la dessinatrice avoue ne pas se sentir déstabilisée par ces actes. «Je ne vais pas essayer de lire dans ses pensées, confie l’ancienne étudiante en arts de l’université de Buffalo. Peut-être qu’elle s’ennuyait simplement en sortant de sa cellule de prison. Je sais que sa sœur fait aussi parfois des croquis au tribunal. Peut-être que la famille Maxwell aime juste faire des croquis pendant son temps libre.»

« 41 ans à voir des méchants »

Celle qui a épousé un avocat de la défense a l’habitude des attentions et des commentaires non sollicités des prévenus. «John Gotti (le parrain de la famille mafieuse italienne Gambino, NDLR) voulait qu’on lui enlève son double menton, rapportait-elle au New York Post l’année dernière. (…) Et les gens veulent toujours plus de cheveux. On me le dit tout le temps.»

Si les jurés et les témoins sensibles sont quant à eux anonymisés sur toile, leurs illustrations restent toutes aussi importantes pour le public qui les découvre. Ceux du procès Maxwell montrent, entre autres, des portraits poignants de témoins anonymes aux visages fantomatiques et vides, dont les traits sont parfois masqués par des mains serrant des mouchoirs.

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Comment cela se passe là-haut quand on suit des procès aussi éprouvants ? «J’essaie de ne pas avoir d’émotion, car les larmes qui tombent sur mes pastels ne sont pas bonnes, avoue Jane Rosenberg, qui vend également des toiles de paysages urbains. Mais j’entends souvent des choses horribles, et j’ai vu beaucoup de photos de scènes de crime. Parfois, ça me touche, même si j’essaye d’être neutre.» Avant de conclure : « Ma vie est bizarre, je suppose. Quarante et un ans à voir des méchants et de mauvaises choses arriver.»

Cette rencontre avec Ghislaine Maxwell n’est pas la dernière, et pas la première non plus. L’année dernière, l’artiste judiciaire lui avait déjà tiré le portrait à partir d’une vidéo de son audition. «Elle avait les cheveux tirés en arrière, elle n’avait pas l’air très bien, se souvient la dessinatrice dans les colonnes du Times. Je pense qu’elle n’est pas si mal maintenant. Ses cheveux sont duveteux et brillants, elle est toute joyeuse et souriante avec ses avocats.»

Pour rappel, la collaboratrice de Jeffrey Epstein, détenue à New York depuis l’été 2020, plaide toujours non coupable de tous les chefs d’accusation pour lesquels elle encourt la prison à vie.

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