Pathologie respiratoire chronique due à une inflammation permanente des bronches, l’asthme touche près de 4 millions de personnes en France, selon l’Assurance maladie. Issue de l’association d’une prédisposition génétique plus ou moins élevée avec des allergènes type acariens, moisissures ou pollens, l’asthme pourrait aussi dépendre de nos habitudes de sommeil.

C’est ce que souhaitent prouver les auteurs d’une nouvelle étude, publiée le 3 avril 2023 dans le BMJ Open Respiratory. D’après eux, mal dormir pourrait doubler les risques d’une personne de déclencher de l’asthme en renforçant sa susceptibilité génétique. À l’inverse, des habitudes de sommeil saines seraient liées à un risque réduit.

« Étant donné qu’un mauvais sommeil combiné à une susceptibilité génétique élevée a entraîné un risque d’asthme plus que doublé, les habitudes de sommeil pourraient être recommandées comme une intervention efficace sur le mode de vie pour prévenir l’asthme futur, en particulier pour les personnes ayant une génétique à haut risque », suggèrent les chercheurs de l’Université du Shandong (Chine) dans l’étude.

Un risque 55 % plus élevé d’asthme chez les mauvais dormeurs

Ces résultats sont le fruit d’une recherche de grande ampleur, menée sur 10 ans. Au total, les données de santé de 455 405 personnes issues de la biobanque britannique âgées de 38 à 73 ans ont été exploitées. À savoir qu’un participant sur trois a été classé à risque génétique « élevé » d’asthme et un autre tiers, à risque « intermédiaire ».

Tous.tes ont été interrogé.e.s sur leurs habitudes de sommeil, sur la base de la durée du sommeil ; l’insomnie ; le ronflement ; la somnolence diurne excessive ou le chronotype précoce ou tardif (tendance d’une personne à être plus efficace tôt le matin, dans la journée ou le soir, ndlr).

Sur l’ensemble des participant.e.s, 97 915 avaient un mauvais rythme de sommeil, 284,267, un rythme de sommeil intermédiaire et 73 223 personnes répondaient aux critères d’un rythme de sommeil sain.

Au bout de 9 ans de suivi, 17 836 personnes avaient reçu un diagnostic d’asthme. Et l’étude prouve que les personnes dont les habitudes de sommeil sont médiocres sont 55 % plus susceptibles d’être asthmatiques. Quant à celles qui dorment mal en plus d’être à haut risque génétique d’asthme, ces personnes sont 122 % plus susceptibles d’être diagnostiquées.

Une inflammation favorisée par le sommeil perturbé

Ces participant.e.s asthmatiques à la fin du suivi avaient aussi des niveaux d’éducation inférieurs ; pouvaient souffrir d’obésité, d’hypertension artérielle, de diabète ou de dépression ; étaient plus exposé.e.s à la pollution atmosphérique, au tabac ou à l’alcool, notent les scientifiques.

Sur l’autre versant de l’étude, une bonne qualité de sommeil influait positivement sur le risque d’asthme. Les personnes ne faisant jamais ou rarement de l’insomnie et dormant entre 7 et 9 heures par nuit voyaient leurs risques diminuer de 25 % et 20 %, respectivement. Selon les scientifiques, cela suggère qu’un rythme de sommeil sain pourrait aider à compenser la prédisposition, quelle que soit la susceptibilité génétique.

S’il est encore difficile pour les chercheur.euse.s d’expliquer ce lien entre asthme et sommeil, ces dernier.e.s imaginent que la réponse immunitaire à l’inflammation chronique induite par le sommeil « pourrait générer des cytokines pro-inflammatoires qui entraînent une infiltration cellulaire et une inflammation des voies respiratoires ».

À noter que cette recherche – qui n’établit pas de lien de cause à effet entre asthme et sommeil -, n’a pas étudié l’impact sur les enfants et jeunes adultes, pourtant largement concernés par cette pathologie.

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