• La série japonaise The Days, disponible sur Netflix, décrit les jours qui ont suivi le tremblement de terre et le tsunami ayant entraîné la catastrophe de Fukushima.
  • Comme la série HBO Chernobyl, The Days offre un regard quasi documentaire et permet de plonger au cœur de la centrale nucléaire.
  • Pour rendre hommage aux victimes, la série évite de développer une dimension intime, ou même politique, à son récit.

« Je suis sûre de ne pas avoir envie de voir la série, mais comme tout le monde va m‘en parler, ça revient un peu au même. » Kohana avait 15 ans au moment de la catastrophe de Fukushima et ne vivait déjà plus au Japon. Mais son oncle travaillait à la centrale nucléaire. Il s’en est sorti mais l’événement a traumatisé toute la famille. Alors que la série japonaise The Days, qui raconte les sept jours de la catastrophe, est disponible sur Netflix, ce sont donc tout un tas de souvenirs qui remontent pour Kohana.

« Au Japon, il y a ceux qui ne veulent plus jamais entendre parler de Fukushima, parce que c’est trop douloureux ou parce que c’est une honte nationale. Et ceux qui veulent encore comprendre, ou honorer la mémoire des victimes. Mais je ne sais pas pour quelle catégorie est faite cette série… », s’interroge-t-elle.

Un tsunami de chiffres

Avec The Days, Netflix ne cache pas son ambition de faire SA Tchernobyl. La série japonaise raconte, par le menu, jour après jour, la catastrophe nucléaire de Fukushima. Depuis le tremblement de terre du 11 mars 2011 jusqu’à la sécurisation de la centrale, en passant par le tsunami qui a causé l’arrêt des systèmes de refroidissement. Comme Chernobyl, série HBO au succès et à l’impact considérables, qui racontait la catastrophe de Tchernobyl en 1986, The Days s’attache à raconter la catastrophe sur un mode quasi-documentaire, en suivant quelques personnages clés des événements.

Si Chernobyl n’hésitait pas à inventer des personnages pour les besoins de sa dramatisation, The Days est plus fidèle à la réalité. De même, la série japonaise n’est pas avare de détails techniques, (avec des pluies de chiffres que nous sommes sans doute censés comprendre), là où la série HBO, tout en étant précise sur le plan scientifique, faisait en sorte de faire comprendre les enjeux sans assommer le téléspectateur.

Pas de politique

Malgré tout, The Days réussit à installer une tension dramatique, grâce à sa reconstitution minutieuse et haletante (et une scène de tsunami très spectaculaire). Les associations de victimes consultées pour la réalisation de la série avaient insisté pour que soient mis en avant l’ingéniosité et le courage des techniciens de la centrale. « Derrière la catastrophe naturelle et technologique, il y a des hommes, explique la porte-parole d’une association de victime jointe par 20 Minutes. La dimension technique a été traitée par les procès et enquêtes. Mais la dimension humaine doit être au centre des œuvres comme cette série. »

En cela, The Days est un succès. Le téléspectateur blasé pourra en revanche juger redondantes les scènes de sacrifice où les employés vont, tour à tour, et au cours de plusieurs épisodes, fermer ou ouvrir les vannes pour éviter une catastrophe plus grande encore. L’anonymat dans lequel sont placés les héros de l’histoire empêche aussi de créer une dimension intime à la série.

Au Japon, la série sera particulièrement scrutée du point de vue politique. Plusieurs journaux ont en effet jugé étonnants les épisodes mettant en scène le Premier ministre de l’époque, Naoto Kan, et ses conseillers. Là où Chernobyl mettait en image l’incurie politique soviétique, les mensonges des autorités et la complexité des choix moraux, The Days décrit une impuissance, parfois un peu de mesquinerie, mais ne porte aucune dimension éthique ou politique. Ni contre le gouvernement de l’époque, ni contre Tepco, l’opérateur de la centrale.

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