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Après avoir tenté, en vain, de s’endormir avec des infusions de Valériane ou des applis de méditation, Margaux a décidé de transformer sa nuit en espace de liberté. Et cela a changé son existence !
Margaux Grancher, 32 ans, directrice marketing et communication. Pendant dix ans, elle n’a souvent dormi que trois ou quatre heures par nuit. Avant d’arrêter de compter les moutons pour transformer ses insomnies en temps gagné. Il y a un an, elle a créé « 4h12« , le premier podcast qui raconte la vie parallèle des insomniaques…
Plus jeune, Margaux dormait comme un loir et collectionnait les grasses matinées le week-end. L’entrée dans la vie active a cassé son sommeil, avec un premier poste « multicasquette » dans la presse féminine, suivi d’un deuxième dans une agence de publicité : trop de responsabilités, de stress, d’horaires à rallonge, d’écrans… Anxieuse mais volontaire, la jeune femme, qui aime son métier, s’accroche. Au prix d’une grande tension intérieure, elle qui cherche toujours à faire de son mieux et déteste prendre la parole en public. Comme plus d’un Français sur deux, Margaux s’est mise à développer des troubles du sommeil récurrents…
« Je ressentais un sentiment d’injustice »
« Comme tous les gens de ma génération qui sont dans le contrôle, l’insomnie me laissait démunie : « Pourquoi moi ? » D’autant que j’ai mis un certain temps à réaliser ce qu’était l’insomnie. Il ne s’agit pas forcément, comme on pourrait le croire, de nuit blanche complète. Rares sont ceux qui ne dorment pas de la nuit et qui ont besoin de recevoir un traitement ou de faire une cure de sommeil. En revanche, nombreux sont les gens à avoir du mal à trouver le sommeil, à se réveiller comme moi en pleine nuit sans pouvoir se rendormir (à cause des ruminations), ou à se réveiller beaucoup trop tôt. Or quand on dort trois ou quatre heures par nuit, les répercussions sur la vie quotidienne sont gigantesques et peuvent même mener à la dépression. Le matin, je me levais exténuée, énervée contre moi-même et angoissée à l’idée de ne pas être performante au travail. Ce qui ne favorisait pas un sommeil de qualité la nuit suivante ! En parler à mes collègues ne m’aidait pas : « Détends-toi », « C’est bizarre que tu ne dormes pas », « Je ne l’aurais pas cru, tu donnes bien le changes !« … J’ai fini par me taire pour ne pas passer pour une névrosée, alors qu’il y a plein de gens équilibrés qui, à certains moments de leur vie, dorment mal. La pudeur me retenait aussi sans doute de me confier. La nuit appartient au registre de l’intime.
« Pas question de « pathologiser » mon problème »
« Au début, j’ai tout essayé pour retrouver le sommeil : la relaxation et les exercices de respiration, les plantes, l’ASMR (technique de bien-être consistant à écouter des sons doux et des phrases murmurées)… sans succès. Les somnifères ? J’ai toujours refusé d’en prendre. Quant à l’hypnose et la psychothérapie, qui m’auraient peut-être aidée à « guérir », je ne voulais pas en entendre parler. Après tout, peut-être tenais-je inconsciemment à mes insomnies… Il y a deux ans, lasse de lutter dans mon lit contre moi-même, j’ai pris le réflexe de me lever et de m’amuser, sur Google Maps, à chercher en pleine mer de petites îles inconnues, en quête de jolies surprises. Je me prenais pour Christophe Colomb. En parlant de cette lubie à mes amis, je me suis rendue compte à quel point j’avais besoin de m’évader la nuit, de sortir du cadre. Toute la journée, je consacrais mon énergie à faire la « promo » de produits de consommation. L’exercice m’amusait, mais il ne comblait pas ma quête de sens. Confinée la nuit, je pouvais enfin me retrouver, rêvasser, réfléchir à ce qui comptait vraiment pour moi. Je tenais trop à cette parenthèse hors du temps pour y renoncer. D’autres devaient être dans la même situation. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer « 4h12 » il y a un an pour partir à la rencontre de ceux qui font de leurs insomnies des heures de vie en plus. A cette époque, j’avais envie d’évoluer, sans remettre en question mon travail à l’agence. Le podcast est un contenu facile à produire chez soi. Je me suis lancée avec enthousiasme dans cette aventure qui compte aujourd’hui 21 épisodes. J’en enregistre un toutes les deux semaines, le soir ou pendant la nuit, le plus souvent au domicile des personnes.
« La nuit est propice aux confidences »
Chaque épisode raconte une histoire surprenante d’insomnie, entre activité intime et passion secrète. Je ne m’adresse pas uniquement aux insomniaques : « L’amour est dans le pré » n’est pas regardé que par des agriculteurs ! L’idée n’est pas de vanter l’insomnie, d’encourager les auditeurs à se trouver coûte que coûte un hobby nocturne. Dormir, c’est quand même mieux ! Comme la plupart des gens que j’interroge (connus ou anonymes), je vis une dualité, dont j’avais envie de rendre compte. Les insomniaques que je « caste » souffrent d’être en dette de sommeil mais trouvent un bénéfice à être debout la nuit. Vivre autrement leur fait peur. Quelques uns sont persuadés que leur nuit ne ressemble à rien. Et pourtant, que de magnifiques récits j’ai entendus de la part d’hommes et de femmes, de tout âge, de tout milieu, de toute profession. Il n’y a pas que des artistes, des journalistes ou des hommes politiques, qui dorment peu et font « quelque chose » de leurs nuits ! Prune, une jeune femme pleine de poésie, nous raconte comment elle invente des contes pour enfants à partir d’un dictionnaire latin. Guillaume comble ses insomnies en se cultivant sur un sujet précis pouvant aller de la physique quantique à l’Everest. Sonya utilise la masturbation comme somnifère naturel, un sujet sur lequel elle avait envie de s’exprimer car il lui semble aussi tabou que celui de l’insomnie… Les insomniaques sont souvent, c’est vrai, de fortes personnalités, sensibles et angoissées par le temps qui passe. Leur casting est finalement assez facile !
« Mon podcast m’a servi de thérapie »
Depuis que j’enregistre des histoires de nuit pour « 4h12 », je dors beaucoup mieux. Comme si je m’étais enfin trouvée. Je ne suis pas partie vivre sur une île mais j’explore à ma façon d’autres continents. Et j’en suis revenue transformée. Au départ, je pensais manquer de sommeil, mais c’est la création qui me manquait. J’ai à la fois besoin d’une activité « business » (qui correspond à mon côté terre à terre) et d’une passion me permettant d’exprimer une facette plus libre, plus engagée, plus intime. Comme pour le jour et la nuit, j’aime cette dualité, complémentaire pour moi. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin d’arracher à la nuit des moments volés. Surtout que je maîtrise mieux l’enregistrement des contenus, ça va plus vite ! L’année dernière, j’ai pu rencontrer un des deux fondateurs de l’application de podcasts majelan pour que « 4h12 » fasse partie de leurs contenus. Quelques mois plus tard, je devenais leur directrice marketing. Aujourd’hui, je suis totalement « alignée« . Mes insomnies m’ont permis non seulement de me reconnecter à moi-même, mais de trouver le job de mes rêves…
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