Pour sa troisième grande expédition, celui que l’on surnomme «le Nomade des glaces » a traversé 450 km du Grand Nord pour témoigner du réchauffement climatique. À découvrir sur Ushaia TV, samedi 18 janvier à 20 h 40, dans Arktic, 62 jours en solitaire.
Pourquoi avoir entrepris cette expédition en solo ?
Alban Michon : Je fais des expéditions à plusieurs depuis dix ans et je voulais apprendre enfin à tout gérer, à me connaître davantage… et préparer la prochaine, où j’emmènerai pas mal de gens. Je n’ai pas cherché l’exploit sportif comme Mike Horn, qui est un aventurier. Je voulais montrer que l’on peut vaincre ses peurs et accomplir des choses extraordinaires si l’on y est préparé.
Préparé mentalement plutôt que physiquement ?
Ça se passe à 70 % dans la tête. Quand j’étais adolescent, j’ai cru en moi et prouvé, par le travail et la persévérance, que je pouvais devenir explorateur. J’ai abordé ce périple dans cet état d’esprit… Du point de vue physique, il faut renforcer ses muscles, entre autres pour tirer deux traîneaux de 170 kg. Il faut aussi pratiquer le cardio plusieurs mois avant le départ.
Pourquoi avez-vous choisi de traverser le passage du Nord-Ouest ?
En 2015, j’ai vu un reportage sur un brise-glace russe qui débarquait une centaine de passagers chinois pour un gigantesque barbecue sur la banquise. J’étais au même endroit en 2010. Voir l’environnement changer à une telle vitesse a été un choc. J’ai choisi de traverser ce passage parce que c’est l’endroit au monde où la fonte est la plus rapide. Les Inuits sont les premiers touchés. Dans les années à venir, c’est la question des millions de réfugiés climatiques qui se posera. Il ne s’agit pas de baisser les bras : l’homme doit et va s’adapter.
On vous voit affronter des températures extrêmes, souffrir d’une cornée gelée, mais votre plus grande peur est de croiser un ours !
J’ai trois médecins et un dentiste que je peux appeler 24h/24 : leur suivi permanent et ma connaissance du monde polaire permettent d’anticiper les choses. Un ours, c’est beau, on a envie de lui faire un gros câlin, mais c’est un prédateur de 600 kg qui peut vous attaquer par surprise en pleine nuit !
Vous avez vécu votre plongée sous la banquise comme une extase…
C’est une histoire d’amour. Et de communication. Les traîneaux, les skis, ma veste et mon duvet ont été mes compagnons de route. Je me suis mis à leur parler, à les engueuler, à les réunir pour les motiver ! Je parlais aussi à la banquise, à la nature, pour la remercier quand elle se montrait bienveillante. Quand j’ai réussi à percer la glace et à m’immerger, j’ai caressé les parois sous-marines, éprouvé leur texture, admiré leur couleur. C’était émouvant et sensuel.
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