- Le rôle des phéromones dans la synchronisation des cycles
- La synchronisation menstruelle : une théorie mise à mal
- Gare aux biais d’informations
“Quand j’étais en colocation, au bout de quelques mois, on a fini par avoir nos règles en même temps”, affirme Fatima. “Au lycée, on était 3-4 filles de mon groupe d’amies à avoir nos règles quasiment le même jour”, témoigne Soraya. Lucie, elle, pense que son cycle s’est synchronisé avec celui de ses copines, ayant un rythme de vie similaire. “Je pense qu’il est possible que nos hormones communiquent pour être en symbiose », avance-t-elle.
Selon de nombreuses femmes, la synchronisation menstruelle ne peut pas être une légende. Que ce soit avec leur mère, leur sœur, leur meilleure amie ou leur cousine : toutes racontent avoir, au moins une fois, vu leur cycle “reculer” ou “avancer”, jusqu’à se caler presque parfaitement sur celui de la femme qui vivait avec elle, ou du moins, la côtoyait quasi chaque jour.
Le rôle des phéromones dans la synchronisation des cycles
Si de prime abord, il peut paraître surnaturel que les femmes puissent voir leurs règles se synchroniser, pour Odile Bagot, gynécologue médical et obstétrique, on est bien loin du mystique. “C’est sûrement une histoire de phéromones. Il a été démontré que lorsque les femmes sentent ces hormones chez leurs homologues, cela peut influer sur leur propre cycle », débute-t-elle.
Surnommées hormones de l’attirance, les phéromones sont transmises par des glandes situées “sous les aisselles, autour des mamelons et dans l’aine (glandes apocrines)”, détaille le site de la marque menstruelle Incognito.
D’après la gynécologue, ces substances volatiles pourraient avoir des effets “inconscients” sur le cycle des femmes à proximité. Cette synchronisation menstruelle aurait déjà été observée chez des groupes de singes et de rats, et permettrait aux femelles d’ovuler en même temps afin de ne pas être monopolisée par un mâle dominant, explique le Guardian dans un article de 2017.
“C’est notre cerveau qui guide nos règles”, souligne alors le Dr Odile Bagot.
La synchronisation menstruelle : une théorie mise à mal
Corroborée par une étude, menée par la psychologue de Harvard, Martha McClintock, publiée en 1971, l’hypothèse de la synchronisation menstruelle a depuis été remise en questions par d’autres recherches depuis.
Toujours dans le même article du Guardian, on explique que la méthodologie ayant permis de conclure à l’existence d’une synchronisation menstruelle, n’aurait pas de vraie valeur scientifique.
Martha McClintock avait suivi 135 étudiantes à l’université et partageant le même dortoir. Qualifiant de “preuves solides” l’augmentation “significative de la synchronisation des dates d’apparition” des règles entre les étudiantes, la psychologue en avait déduit l’existence d’un “processus physiologique interpersonnel qui affecte le cycle menstruel ».
En 2017, une étude de l’Université d’Oxford en collaboration avec l’application de suivi de cycle et de fertilité Clue est venue casser le mythe. Sur les 1500 femmes ayant accepté de révéler les dates de leurs règles, l’équipe de recherches a pu extraire 360 paires de femmes avec au moins trois cycles sur une période similaire. N’ont pas été retenues les femmes n’utilisant pas Clue, n’ayant pas eu de cycle sur l’année étudiée, et aussi celles prenant un contraceptif hormona.
“273 paires avaient en fait une plus grande différence dans les dates de début de cycle à la fin de l’étude qu’au début de l’étude […] Selon ces résultats, les cycles sont en fait plus susceptibles de diverger (de se désynchroniser) au fil du temps”, révèle l’étude.
Gare aux biais d’informations
Clue ajoute que le fait, pour les femmes, de vivre ensemble n’aurait pas d’effet réel sur la synchronisation de leur cycle. « 37% (100 sur 273) des couples avec des dates de début de cycle divergentes vivaient ensemble, contre 24 % (19 sur 79) pour ceux avec des dates de début de cycle convergentes”, précise le texte.
Pour Marija Vlajic, spécialiste des données chez Clue, il s’agit davantage d’un biais d’information que d’un vrai phénomène scientifique. D’après elle, nous ne remarquons le cycle des autres que lorsqu’il est comme le nôtre. “Notre cerveau est à la recherche de modèles”, précise-t-elle au Guardian.
D’autant qu’au vu du faible nombre de jours dans un mois, et compte tenu du fait que les règles durent cinq jours en moyenne, la probabilité pour deux femmes de tomber sur la même semaine reste assez forte.
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