• Après Pour l’honneur d’un fils, Stéphane Bern revient avec la fiction Bellefond ce mardi 18 octobre à 21h10 sur France 3.
  • L’animateur ayant été au centre d’un buzz sur les réseaux sociaux où une image de lui un fusil a la main a été massivement détournée raconte à 20 Minutes avoir été d’abord « agacé », puis « amusé » par ces mèmes.
  • Il annonce aussi vouloir faire de ses projets de film une priorité. « Je ne veux pas renoncer à Secrets d’histoire, au Village préféré des Français ni à ma mission patrimoine, pour le reste on verra », rassure-t-il.

Pour la deuxième fois en deux mois, Stéphane Bern sera à l’affiche d’un téléfilm sur France 3. Dans Bellefond, le « monsieur patrimoine » français incarne Antoine Bellefond, un procureur qui met sa carrière en pause après le suicide d’un homme en plein tribunal. Il retourne dans son village natal pour venir en aide à son beau-frère, accusé pour meurtre accompagné de trois de ses étudiants en droit pénal pour tenter de renouer avec son passé et se réconcilier avec sa famille.

À cette occasion 20 Minutes a discuté avec l’animateur et désormais acteur qui fera sa quatrième apparition dans un téléfilm produit par France Télévisions, après la diffusion très remarquée de Pour l’honneur d’un fils le 25 août, ayant créé le buzz sur les réseaux sociaux et rassemblé près de 4 millions de téléspectateurs.

Comment avez-vous vécu l’effervescence autour de Pour l’honneur d’un fils sur les réseaux sociaux ?

J’ai découvert ce qu’était un mème grâce à ce détournement d’image de moi avec un flingue. Et clairement, je ne m’attendais pas à devenir un mème viral… Au début ça m’a un peu étonné, presque agacé et puis après ça m’a plutôt amusé parce que j’ai vu des choses très drôles. Il faut dire qu’il s’était passé deux ans depuis la diffusion de mon premier téléfilm, Meurtres en Lorraine où j’avais aussi un flingue.

Alors il y a eu de tout, des choses de bon goût, des choses de mauvais goût mais je me suis dit : « Tiens quand ça devient viral, ça devient intéressant. » Je me suis dit « C’est bon signe », cela veut dire que ça crée de l’intérêt auprès d’un public plutôt jeune qui n’est pas forcément celui qui regarde les séries policières de France 3. Au final ça a fait le buzz et le résultat c’est le score d’audience.

Pourquoi une image de vous tenant une arme fait-elle autant réagir ?

J’ai passé ma vie à être bienveillant, gentil même si je sais aussi rendre les coups. Je suis le type bien élevé qu’on consulte pour les bonnes manières et là c’était le rôle d’un type en cavale en train de se défendre avec un revolver. Cette contradiction totale amuse, intrigue et a vu naître ce mème.

C’est très étonnant car en ce qui concerne l’émotion de mon rôle, les gens s’en moquent complètement. Tout le discours autour d’un père qui perd un fils, autour des familles endeuillées par les opérations militaires à l’étranger, ça laisse complètement indifférent la blogosphère. Les gens ne gardent que ce qu’ils veulent, j’ai l’habitude de ça. Après 30 ans à la télé, je sais qu’on n’est pas forcément aimé pour ce pour quoi on aimerait l’être.

Estimez-vous aujourd’hui être légitime en tant qu’acteur ?

Il y a eu Meurtres en Lorraine, L’art du crime, Pour l’honneur d’un fils, maintenant il y a le premier épisode de Bellefond… Une certaine légitimité finit par s’instaurer, d’autant que beaucoup de gens m’ont aussi vu au théâtre. J’aimerais qu’on arrête le procès en illégitimité au bout d’un moment. Les acteurs avec qui j’ai joué ne m’ont jamais renvoyé à la figure : « Non, tu n’es pas des nôtres ». Ce sont les médias qui ont instauré ce tribunal de la crédibilité mais au final le public a tranché en étant au rendez-vous à chaque fois.

En tant qu’animateur, mon métier est d’apprivoiser la caméra. Dans les téléfilms, il faut accepter de se voir tel qu’on est vraiment. La caméra vient chercher des choses qui ne sont pas toujours très flatteuses, alors que quand je suis le 14 juillet sur un podium pour Le concert de Paris, la lumière est parfaite, j’ai l’impression d’avoir 20 ans de moins.

On vous sent très enjoué par ces expériences. Avez-vous l’intention d’orienter votre carrière sur la fiction ?

Oui, j’aimerais bien. Si on m’y encourage, si ça marche, je n’ai aucune raison de m’arrêter. Je m’apprête à partir pour le tournage du deuxième épisode de Bellefond dans lequel mon personnage a changé de voie, il résout des enquêtes avec ses stagiaires qui travaillent avec lui.

Quand un procureur mène l’enquête pour innocenter son beau-frère…

🔍 « 𝗕𝗲𝗹𝗹𝗲𝗳𝗼𝗻𝗱 » avec @bernstephane, c’est à découvrir le mardi 18 octobre à 21.10 sur #France3 ! 📺 pic.twitter.com/3otIOOfeWM

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Forcément ce nouveau rythme va impacter durablement mon travail. Pendant trois semaines, la radio a été enregistrée, les émissions de Secrets d’histoire aussi. Au bout d’un moment, si ça devient trop compliqué, il faudra faire des choix.

Vous seriez prêt à faire un pas de côté dans votre carrière d’animateur ?

J’arrêterai certaines choses, oui. C’est plutôt un rééquilibre. Je ferai des choix en refusant de présenter certaines émissions par exemple. Je ne veux pas renoncer à Secrets d’histoire, au Village préféré des Français ni à ma mission patrimoine, pour le reste on verra. Mais la fiction devenant une de mes priorités, je vais être contraint de renoncer à présenter d’autres choses.

Vous profitez d’ailleurs de vos tournages pour assurer votre mission patrimoine, mandatée par Emmanuel Macron…

Le tournage du deuxième épisode de Bellefond, près de Marseille, va effectivement me permettre de voir les sites de la mission patrimoine. Je l’avais déjà fait quand j’avais tourné Pour l’honneur d’un fils à Angoulême et Cognac. Le week-end plutôt que de faire la grasse matinée je vais voir des sites patrimoniaux donc ça me permet de faire d’une pierre deux coups. C’est ma passion le patrimoine donc je reste dans quelque chose que j’aime.

Vous êtes, malgré vous, devenu un personnage de la culture populaire francophone…

Oui je le constate (rires). Et puis j’assume ! Je vais sur les réseaux, ça me fait marrer de voir que j’ai plein de clones, de jeunes qui m’imitent. Et puis il y a aussi les jeunes artistes… Angèle, Clara Luciani, Vianney, ils me disent qu’ils ont grandi en regardant mes émissions à la télé donc nous sommes rapidement devenus amis.

Qu’est-ce que ça fait quand on aime autant le patrimoine d’être soi-même devenu une sorte de monument de la télévision ?

C’est ce qu’on me dit. En même temps, j’espère ne pas avoir besoin d’être restauré trop vite (rires). Être un monument est une vocation assez terrible car vous finissez par avoir tous les pigeons qui vous chient dessus. Tout ça existe malgré moi, je les vis au jour le jour en me disant que j’ai envie de faire des choses amusantes.

Quand j’ai commencé, on disait que j’avais une tête à claques, j’agaçais tout le monde. Aujourd’hui on me dit que je suis culte… La morale c’est qu’il suffit d’attendre. Au fond ça vérifie la phrase de Jean Cocteau qui disait : « Ce que les autres te reprochent, cultive-le parce que c’est toi. »

Vous envisagez déjà la retraite ?

J’y pense souvent, c’est vrai. J’essaye d’avoir une bonne hygiène de vie, de me tenir bien car personne ne nous contraint à nous retirer. Je n’ai pas envie de dire « Suivez-moi dans les châteaux, les lieux du patrimoine » pour Secrets d’histoire, si je suis obligé d’avoir une canne ou un déambulateur. J’ai toujours le même enthousiasme intellectuel mais après il faut pouvoir galoper. Je me dis que j’en ai encore pour 10 à 15 ans d’animation télé.

Mais ça explique aussi pourquoi j’ai plutôt envie d’être dans la fiction. Un comédien qui prend de l’âge, on trouve qu’il a plus de caractère. Un animateur télé qui prend de l’âge, on peut trouver ça un peu ridicule et se dire : « Il faudrait qu’il lâche maintenant. » J’adore parler avec Line Renaud qui a 93 ans et tourne encore des films et des téléfilms, je trouve ça encourageant.

La vie m’a toujours apporté les choses au bon moment dans ma carrière. J’en accepte l’augure. Je me dis qu’à chaque âge, ses plaisirs. Je ne vais pas courir après de nouvelles émissions, ça, c’est terminé. En revanche donner du sens et jouer la comédie, ça me plaît.

Pensez-vous que la relève est assurée pour votre départ ?

Il y a des générations spontanées et plein de jeunes qui m’imitent ou qui me parodient de façon drôle, d’autres qui marchent sur mes traces et c’est très agréable. Je vois de jeunes youtubeurs, il y en a plein… Certains sont dans le domaine du Gotha et d’autres dans le domaine historique et patrimonial. Mais personne ne fait la jonction entre les deux, ce qui a fait ma force…

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