Normalienne et énarque, européenne dans l’âme, Sophie Boissard est directrice générale de Korian, le premier groupe européen de soin et d’accompagnement du grand âge et des fragilités, depuis 2016. Son credo : le digital au service d’une politique solidaire du troisième et du quatrième âge.
Madame Figaro. – Une heure de réveil ?
Sophie Boissard.- Idéalement, 7 heures. Souvent 6 heures, pour prendre un avion ou un train.
Sophie Boissard. – Le pitch de votre poste ?
Directrice générale de Korian, premier groupe européen de soin et d’accompagnement du grand âge et des fragilités – maisons de retraite, cliniques, colocations, services à domicile…
Des résultats ?
Une croissance en 2019 de 8 %, plus de 850 établissements et 54.000 salariés dans 6 pays. Mais ce qui me rend le plus fière, c’est le succès de notre programme de formation par l’alternance, qui compte 2500 apprentis en Europe en 2019 – un tiers de mieux en deux ans !
S’il faut remonter à l’origine ?
Un père français, une mère d’origine néerlandaise élevée en Allemagne. Mon enfance au sein d’une famille polyglotte profondément européenne en Alsace, région aux trois frontières, m’a construite. Petite, je rêvais de devenir écrivain, mais j’avais aussi envie d’agir pour transformer les choses. Alors, après khâgne et des études d’histoire et de lettres, à Normale Sup, j’ai bifurqué vers l’ENA.
Le fil rouge de votre parcours ?
L’engagement pour le bien commun. Dès mon premier poste au Conseil d’État, en 1996, j’ai eu la chance de travailler sur des sujets passionnants, avec des gens passionnés. J’ai participé aux réformes des politiques sociales – prise en charge de la dépendance, politiques de santé, assurance maladie. En 2004, j’ai intégré la commission Virville sur la réforme du Code du travail. Puis, en 2007, le cabinet de Christine Lagarde,où j’ai contribué à la création de Pôle emploi, avant de rejoindre Guillaume Pepy à la SNCF.
Des obstacles sur la route ?
La pression que l’on se met soi-même pour être à la hauteur. Christine Lagarde a été très inspirante pour moi : elle a montré qu’on pouvait être une femme à un poste exposé et rester soi-même. Elle n’a cessé de dire aux femmes : «Vous pouvez !»
Un moment décisif ?
Mon arrivée chez Korian, en 2016. Prendre les rênes d’un groupe européen coté pour construire, dans la durée. Et prouver que profit et qualité de service ne sont pas incompatibles. Cela, grâce aux soignants, avec leurs qualités d’engagement formidables.
Des défis pour demain ?
Placer le grand âge au cœur de notre projet de société. Nos grands-parents ont su mettre en place une politique familiale ambitieuse pour accompagner le baby-boom. Aujourd’hui, c’est une politique solidaire du troisième et du quatrième âge qu’il nous faut inventer. Grâce au digital, on peut imaginer des solutions inédites. Nous venons de lancer Oriane, plateforme de services qui facilite la vie des personnes fragiles vivant seules chez elles, en coordonnant l’action de ceux qui les aident. Le digital, c’est aussi plus de liberté et d’humanité.
Un moment off ?
Jouer aux cartes en famille. Cuisiner avec mon dernier fils, qui a 12 ans.
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