Que ce soit en sport collectif ou en individuel, une athlète est rarement seule. Staff, coach mental, kiné… Toutefois rares sont celles qui peuvent se vanter d’évoluer au sommet de leur discipline avec leur soeur.

Et pourtant, à travers différents sports, parfois très suivis parfois moins, on trouve ces duos hors-normes qui s’entraident et se surpassent pour briller et décrocher des médailles.

Que ce soit en rugby féminin avec les soeurs Romane et Marine Ménager, en biathlon avec Anaïs Chevalier-Bouchet (toute jeune retraitée) et sa petite soeur Chloé Chevalier ou en beach-tennis, avec les soeurs Hoarau Marie-Ève et Mathilde : toutes nous ont confié la force de leur lien et ce qu’il leur apporte au quotidien. 

Anaïs et Chloé Chevalier : “Le fait d’avoir sa sœur avec soi, ça permet d’être véritablement soi-même”

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“Tellement heureuse et reconnaissante d’avoir partagé l’expérience du haut niveau avec toi. Tu as été une athlète exemplaire, une super maman et une sœur qui déchire. Ça va me faire bizarre de faire du biathlon sans toi”. C’est par ces mots que Chloé (la cadette) a rendu hommage à Anaïs (l’ainée) quand celle-ci a annoncé en mars dernier sa retraite. 

À 27 et 30 ans, les sœurs Chevalier ont réussi à s’élever au plus haut-niveau du biathlon mondial. Une discipline exigeante et un mode de vie particulier, dans lequel leur relation de sœurs a pu s’épanouir pleinement.

Arrivées au biathlon un peu par hasard

Pourtant au départ, rien ne prédestinait les deux femmes à pratiquer ce sport. “J’ai commencé un peu par hasard par faire du ski de fond à l’école, et ensuite je suis allée dans un club. C’est là qu’on m’a fait essayer le biathlon et j’ai accroché”, confie Anaïs. Par mimétisme, et aussi par pratique, Chloé suit sa soeur et accroche elle-aussi, “autant en termes d’amusement que de résultats”. 

Anaïs et Chloé prennent le chemin du ski-études, mais contrairement à la plupart des élèves, les deux soeurs se retrouvent en autonomie dans un appartement. Déjà à ce moment, le fait d’être “deux” change la donne : “on se connaît, on sait comment fonctionne l’autre. C’est un vrai plus, même s’il y a eu des moments un peu plus critiques, comme cela arrive dans toutes les fratries”, se souvient Anaïs. 

Un lien plus fort qui pousse à se dépasser

Et notamment, quand Chloé commence à rivaliser avec sa soeur niveau résultats : “J’ai ressenti de la jalousie forcément, admet l’aînée. Pour Chloé, bien que la présence de sa grande soeur soit rassurante au départ, la jeune fille souffre de la comparaison. “Anaïs, elle est brillante, que ce soit à l’école ou au sport : j’avais l’impression que je devais assurer sur tous les plans, tout le temps”. 

Au fil du temps, ces tensions de l’adolescence s’estompent et la présence de l’autre devient une force au quotidien. “On part 200 jours par an, loin de la maison, de nos proches pour des périodes de trois semaines : le fait d’avoir sa sœur avec soi, de partager la même chambre, ça permet d’être véritablement soi-même. De parler d’autre chose que du biathlon. Mais aussi de ne pas parler du tout, de se foutre la paix, et de faire sa vie dans la chambre sans avoir à se justifier”, confie Anaïs. 

Si sa petite soeur plussoie, elle ajoute que la présence de sa soeur et la position de seconde lui a également permis de se challenger. “Au départ, de fait de la comparaison dont on a parlé juste avant, j’ai voulu faire ‘comme Anaïs’. Et puis j’ai réalisé qu’en fait, il fallait que je trouve mon profil d’athlète, que je mise sur mes points forts”.

“Même si on est quatre dans l’équipe, 50% du relais était Chevalier”

Ces dernières années, les deux sœurs Chevalier concouraient ensemble en Coupe du Monde. “C’était vraiment une force parce qu’on sait qu’on a quelqu’un d’ultra confiance à côté de nous. Et c’est vrai que, parfois dans le milieu du sport, c’est important d’avoir quelqu’un sur qui on peut compter à 100 %, sans méfiance, sans adversité”, sourit Chloé, en jetant un regard très doux vers sa grande sœur. 

Seul regret ? Ne pas avoir partagé de podium en individuel. “Après, on a partagé des victoires en relais. Même si on est quatre dans l’équipe, 50% du relais était Chevalier. Et ça, c’était plutôt cool”, rit Anaïs.

L’an prochain, Chloé devra donc affronter pour la première fois de sa vie, la compétition sans la présence de son aînée. Un nouveau défi de taille.

Marine et Romane Ménager : “On n’a pas envie de vivre un événement l’une sans l’autre. On se tire toujours vers le haut”

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Elles ont 26 ans, un sourire communicatif et une motivation qui peut déplacer des montagnes : les sœurs Ménager, Romane et Marine, partagent la passion du ballon ovale depuis petites. “Le rugby, ça a toujours été notre truc à toutes les deux”, nous raconte Romane. 

“On a toujours aimé se différencier en tant que jumelles sur tous les autres aspects de notre vie, mais le rugby, c’était là où on aimait être ensemble, en lien. On a vite aimé partager les émotions de ce sport ensemble et celui-ci est devenu une part intégrante de notre identité”

Un lien qui les aide à monter au plus haut niveau

Les sœurs jumelles ont su puiser une véritable force dans leur lien pour gravir les échelons du haut-niveau. Dès le pôle France, leur duo leur permet d’avancer plus vite. “Quand on est rentrées au lycée, avec le stress d’être en internat, de commencer un nouveau parcours, et puis d’entamer un virage plus pro, c’était vraiment une chance d’être ensemble, de pouvoir vivre les mêmes choses en même temps”, se souvient Marine. Et notamment hors des terrains : “sur la pelouse, on n’est pas vraiment focus sur l’autre. En revanche, sur tous les à-côtés, c’est fondamental”, poursuit-elle. 

Ce lien entre soeurs, jumelles qui plus est, est inégalable aux yeux de nos championnes. “On a beaucoup de copines qu’on fréquente depuis très longtemps, mais ce n’est pas pareil. Avec sa soeur, on sait qu’on a quelqu’un près de soi qui nous comprend, qui peut anticiper nos réactions, et qui peut aussi nous dire nos vérités…”.

Une compétition saine qui les tire vers le haut

Outre le soutien au quotidien, il y a aussi un effet “galvanisant” qui les pousse l’une et l’autre à se dépasser. « On n’a pas envie de vivre un événement l’une sans l’autre. Du coup, ça nous oblige quelque part à bosser davantage. Et quand l’une de nous a un coup de mou par exemple, l’autre est toujours là pour la rebooster. On se tire toujours vers le haut », partage Romane, qui évoque par ailleurs une « compétition saine » entre elles.  

Évidemment, tout n’a pas toujours été si facile. Marine se souvient de 2017, lorsque sa soeur avait été sélectionnée en Équipe de France, sans elle. « En 2017, Romane arrive en Équipe de France. Elle a été titulaire indiscutable. Moi, j’ai mis plus de temps… ». Pour autant, l’une et l’autre ne savent pas dire pour laquelle d’entre elles, cet épisode a été le plus compliqué à vivre. D’un côté, Marine voyait sa soeur évoluer au plus haut niveau sans elle. De l’autre, Romane était dans un sentiment partagé : “à titre personnel, elle était contente mais elle ne pouvait pas s’empêcher de penser à la déception de ne pas vivre cette compétition à deux”. 

Désormais, la question ne se pose plus : les jumelles Ménager font briller le maillot bleu sur les terrains de rugby du monde entier.

Et reconnaissent à l’unisson : “Le fait d’être ensemble a été une vraie chance pour vivre plus facilement les gros tournants de notre carrière. Tout est plus facile parce qu’on est deux”.

Marie-ève et Mathilde Hoarau : “Quand on est avec sa sœur, les émotions, elles sont démultipliées”

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Autre discipline, autre duo de soeurs : Marie-Ève et Mathilde Hoarau, jumelles et championnes de beach tennis. D’abord formées ensemble au pôle France en tennis classique, les sœurs Hoarau décident de bifurquer vers le “beach”. 

“On a toujours été très très scolaires l’une et l’autre, et à un moment, il a fallu faire un choix : poursuivre dans le tennis ou assurer côté études. On a choisi les études. Par la suite, un copain nous a fait découvrir le “beach” et on s’est vite prises au jeu”, résume Mathilde.

Sans compter que, contrairement au tennis, c’est une discipline où il faut être deux. “Ça nous a donné l’occasion de pratiquer ensemble, de se faire plaisir sur une même activité sans oublier l’aspect compétition qu’on adore”. 

Des émotions démultipliées

Depuis, les sœurs sont devenues des figures emblématiques de la discipline, et leur lien n’a cessé de se renforcer. “On se complète énormément. On se ressemble peut-être beaucoup physiquement, mais d’un point de vue du tempérament, on est un petit peu différentes. Moi, j’ai un côté un petit peu freestyle et Mathilde, elle a un côté un peu plus… Elle est un peu plus rigoureuse que moi”, sourit Marie-Ève, qui ajoute que tous ces ingrédients sont nécessaires pour briller en beach-tennis. 

“Et puis, quand on est avec sa sœur, les émotions, elles sont démultipliées. Lorsqu’on vit des situations de réussite, on a l’impression qu’elles sont dédoublées, démultipliées parce qu’on partage avec quelqu’un qui est important pour nous et auquel on tient. Cette force, on la puise vraiment quand on est ensemble sur le terrain. On est comme un bloc, on nous appelle les warriors”, poursuit-elle. 

Se comprendre sans avoir à parler

Outre ces émotions partagées, les soeurs Hoarau partagent aussi un sens accru de l’observation. Elles peuvent déceler l’une chez l’autre, un rictus, un regard, un geste… qui paraîtraient anodins pour d’autres. 

“Tous ces petits détails là… On peut percevoir la frustration, tout comme la positivité, ou la joie. C’est une vraie chance, mais cela peut avoir un effet collatéral : il faut pouvoir gérer ces informations. Parfois, en plein match, on n’a pas envie de lire la frustration dans le regard de l’autre pour rester concentrée”, admet Mathilde. “Par contre dans les moments positifs, quand on voit une étincelle dans le regard de l’autre, c’est quelque chose d’incroyable. On se comprend sans avoir besoin de trop parler”.

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