Étoile de l’équipe de France de judo, Shirine Boukli entame les longues qualifications pour les JO de Paris. Elle nous raconte l’exigence du sport de haut niveau. Retrouvez-la dans la série documentaire Champions, disponible sur france.tv/slash.
À 23 ans, vous êtes numéro un mondiale et double championne d’Europe. Pour vous, tout a démarré dans un petit dojo du sud de la France…
Shirine Boukli : C’est vrai. J’ai eu la chance d’intégrer à 4 ans le club de judo qu’avait ouvert mon oncle à Aramon, dans le Gard. Et d’y rester jusqu’à intégrer l’Insep à 17 ans ! C’était extra, j’y allais avec mes frères, mes cousins, on s’amusait vraiment bien.
Quand êtes-vous passée d’un simple loisir à l’ambition du haut niveau ?
Mes parents m’ont fait essayer plein de sports, la natation, le tennis, l’équitation… Mais ce que je préférais, c’était vraiment le judo. Et surtout la compétition. L’adrénaline. La gagne. Mon père avait fait du judo quand il était jeune, c’était notre champion, et moi très vite j’ai voulu être meilleure que lui. (Elle sourit.) J’ai commencé les tournois, de plus en plus loin de la maison, sans vraiment réaliser…
À l’adolescence, vous avez bifurqué vers l’internat, menant de front des études sportives et classiques. Vous avez fait des sacrifices ?
Bien sûr. Ma famille, mes amis, quand je suis entrée à l’internat en classe de troisième, je les ai mis de côté. Quand je rentrais le week-end, je me reposais, je ne prenais pas forcément le temps d’aller voir tata, mamie ou les cousins. Pareil pour les copines du collège que j’ai perdues de vue. Ma vie c’était les cours, le judo, les cours, le judo, dormir. Je n’ai jamais eu la vie d’une étudiante, qui sort le soir ou retrouve ses amis après les cours.
Le sport vous a fait grandir émotionnellement ?
Oui ! Petite, et même encore ado d’ailleurs (elle éclate de rire), quand je perdais un combat ou que je me faisais tailler à l’entraînement, j’en pleurais. C’était la fin du monde. Petit à petit, j’ai appris à gérer mon stress, à contrôler ma rage. Aujourd’hui, je me sens beaucoup plus performante dans le bon sens du terme. À la rentrée, je vais mener de front une école de commerce à Lyon et les compétitions, et ça ne me stresse pas trop. (Elle sourit.)
Qu’avez-vous appris de votre défaite aux JO de Tokyo en 2021 ?
Ça a été très dur. Rentrer sans médaille, en éco, alors que toute l’équipe de France médaillée est en business et célèbre la victoire, c’est compliqué. Lire les articles définitifs sur ma contre-performance aussi. Mais tout ça, je le garde dans ma tête et cela nourrit mon envie de gagner. J’ai envie de prouver que je ne suis pas cette étoile filante du judo, qui ne s’est pas relevée de sa défaite à Tokyo. Mon objectif, c’est 2024, les JO de Paris. À fond !
Les qualifications des judokas ont commencé le 28 juin dernier : vous avez de sérieuses chances !
Dans ma catégorie, les moins de 48 kilos, nous sommes trois filles. Il n’y en aura qu’une de qualifiée, donc je vais me battre ! Les Jeux olympiques à Paris, la famille, la France avec toi, le dojo sous la tour Eiffel… ça va être un truc de malade !
Question évidente : vos parents vous soutiennent-ils ?
Ils sont mon moteur. Ils ont fait beaucoup de sacrifices financiers pour me faire entrer à l’internat, m’emmener sur toutes les compet’… J’aimerais voir dans leurs yeux qu’ils n’ont pas fait tout ça pour rien.
Source: Lire L’Article Complet