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Tromperie d’un soir ou liaison plus longue, l’incartade de notre conjoint a été un choc. Mais nous avons décidé de la jouer grande dame et de passer l’éponge. Pas simple pour autant de reconstruire une intimité sereine…

Quand nous nous retrouvons dans le rôle de la trahie, de la trompée, de la cocue pas vraiment magnifique, nous pouvons être tentée d’envoyer balader l’inconstant et notre couple avec. Mais nous pouvons aussi décider que ce coup de canif dans le contrat ne signera pas la fin de notre histoire. Parce que nous nous sentons assez forte pour intégrer cet accident à notre parcours, réfléchir aux questions qu’il soulève et repartir sur de nouvelles bases. Incroyable ce qu’on est sage… en tout cas en théorie ! Car côté pratique – en l’occurrence refaire l’amour avec cet abominable traître (on a bien le droit de se lâcher un peu) –, c’est une autre affaire. Il va falloir y aller en douceur avant que la confiance et la complicité reprennent leurs droits.

On arrête notre cinéma

Autant s’y attendre, la première fois que nous retournerons sous la couette après la crise, nous n’y serons pas en tête à tête avec notre conjoint. Le fantôme de « l’autre » – celle avec qui il a fauté – risque fort de s’inviter dans nos pensées. « Selon un processus assez semblable à celui du stress post-traumatique, le cerveau est envahi par des images extrêmement pesantes, explique Valérie Cordonnier, sexologue. Il fabrique des visions où le mari est en train de faire l’amour avec une autre, forcément plus belle, forcément plus experte, où tous deux atteignent des paroxysmes dans le plaisir. Et la femme trompée assiste, impuissante et tétanisée, à ce film qu’elle-même est en train d’imaginer. » Eh oh, le cerveau, on se calme ! Pour contenir son emballement tout à fait déplacé, à nous de lui imposer un scénario de substitution qui nous convient davantage : notre mari et sa maîtresse se retrouvaient pour des 5 à 7 furtifs dans un hôtel franchement pas terrible. Et leurs ébats n’avaient rien de spécialement torrides. Moins paralysant, non ? « Et en plus, assez crédible. Car contrairement à ce que l’on fantasme souvent, la plupart des histoires d’adultères sont d’une grande banalité », remarque la thérapeute.

On ose la vengeance décalée

Autre incontournable auquel on n’échappera sans doute pas : la colère. Cet homme-là nous a blessée, humiliée. Normal qu’on lui en veuille et qu’on ait envie de lui faire (un peu) mal. Ça s’appelle un désir de vengeance. Bon d’accord, ça n’est pas très glorieux. Et alors ? Il y a moyen de se venger avec grandeur et dignité. « Il s’agit de transformer ce sentiment a priori peu reluisant en aiguillon pour remettre la sexualité en route. Pour cela, il suffit de le déplacer sur le terrain sexuel et de le vivre de manière symbolique. Par exemple, en plein milieu du dîner, on attrape son conjoint par la main et on l’emmène dans la chambre pour faire l’amour. On lui signifie ainsi que c’est nous qui prenons les commandes et menons le jeu… et que lui n’a qu’à bien se tenir et obéir ! », suggère Valérie Cordonnier. On peut alors faire de lui notre jouet, même notre esclave, lui demander telle caresse ou telle pratique. Ou encore souffler le chaud et le froid, faire monter son plaisir puis le délaisser quelques instants. « Une vengeance ludique et piquante, qui aura le mérite de bousculer notre routine sexuelle. Car ne perdons pas de vue que c’est peut-être cette dernière qui a en partie provoqué l’infidélité », avance la spécialiste.

On adopte un nouveau point de vue

Même si nous avons officiellement pardonné, nous avons parfois bien du mal à ne pas agonir l’infidèle de petites phrases perfides. Mine de rien et sans rapport aucun (soi-disant) avec son inconduite. Il a oublié d’acheter le pain, rangé les clés au mauvais endroit, encôôôre laissé traîner ses chaussures au pied du canapé… « Ce type de harcèlement verbal à l’encontre d’un homme déjà dans ses petits souliers – la “queue entre les jambes” comme le dit si bien l’expression populaire – s’avère fort castrateur. Il n’aura qu’un résultat : les pannes sexuelles à répétition. Et donc la tentation pour lui de retourner voir ailleurs si cela fonctionne mieux », prévient la sexologue. Et si on essayait une autre technique ? Le regarder avec les yeux de celle qu’il a séduite. Si, si, c’est possible, même si ça demande un petit effort ! « On se met en situation de lui porter réellement attention, de l’observer avec bienveillance. Qu’a-t-elle aimé chez lui et que nous, on ne voit plus, aveuglée par les habitudes ? Son humour ? Sa sensualité quand il danse ? Sa stature d’homme mûr qui dégage une impression de confort et de sécurité ? Chausser des lunettes roses pourrait bien nous redonner envie de filer illico presto sous la couette avec lui », encourage Valérie Cordonnier.

On demande des preuves

Il a fait son mea culpa dix fois, clame sur tous les tons qu’il regrette son erreur, que c’est nous qu’il aime et avec nous qu’il veut vieillir. Ah oui ? Il va devoir le prouver. « Une femme s’imagine souvent que son homme comprend les messages subliminaux et sait décrypter ses attentes les plus secrètes. Hélas, non ! Si on veut des compliments et des attentions pour retrouver un peu de la confiance en soi sérieusement ébréchée par l’infidélité, mieux vaut le dire clairement », insiste la spécialiste. Tentons la franchise, toute simple : chéri, après ce qui nous est arrivé, je me sens triste et pas très bien dans ma peau, j’aimerais que tu me dises des choses gentilles. « Il ne remarquera peut-être pas notre nouvelle robe ou notre nouvelle coupe de cheveux mais évoquera notre voix qui le fait craquer, nos yeux ou notre rire, poursuit-elle. Les hommes sont souvent surprenants dans leurs compliments, pas là où on les attend. Sachons les prendre tels qu’ils sont, sans exiger ce qu’ils ne savent pas donner. » Et n’hésitons pas à revendiquer : je passerais bien un week-end en amoureux, j’ai repéré cette petite chambre d’hôte, tu t’en occupes ? Une façon somme toute plutôt sympa d’obtenir réparation !

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